photo : Lumière du matin
Las Tours est situé aujourd'hui dans la commune de Rilhac-Lastours (canton de Nexon), à mi-chemin entre Limoges et Saint-Yrieix.
La seigneurie dont il était le chef-lieu était de petite étendue et, pour cette raison, n'a jamais eu grande importance féodale. Elle avait cependant titre de baronnie au XVe siècle, et son château passait, concurremment avec ceux de Chalucet el Montbrun, pour l'un des plus vastes de la région. Les deux grandes tours en ruines que l'on voit aujourd'hui et les trois autres tours dont on retrouve les substructions ne contredisent pas cette tradition.
D'ailleurs, parmi ses chefs, plusieurs se sont distingués à divers titres, en sorte que leur nom se rencontre fréquemment dans les chroniques locales du moyen-âge et particulièrement dans celle de Geoffroi de Vigeois. Relevons le nom de "Goufler de Las Tours" qui n'est pas seulement un des héros de la première croisade, il est aussi, sous le nom de « Chevalier au lion », le principal personnage d'une légende du XIIe siècle, qui se continue au XVe par un récit que M. Ant. Thomas nous a fait connaître récemment sous le titre : "Le roman de Goufler de Laslours" (Romania, XXXIV, 1905, p. 35 et ss.), pour les autres membres de cette famille, voir le Nobiliaire du Limousin (tome III).
Quand le temps des grandes apertises d'armes fut passé et que la noblesse, vaincue par les Anglais ou affaiblie par la diminution de ses revenus, fut réduite à un nouveau rôle sous l'égide de la royauté, un seigneur de Las Tours du XVIe siècle, que l'on ne peut malheureusement identifier de plus près, s'éprit de littérature et s'avisa de rassembler dans son château quelques manuscrits conformes à ses goûts. En Provence, en Languedoc, ce fait est trop fréquent pour surprendre l'érudit. En Limousin il est une exception, et c'est pourquoi il n'est point superflu de le mettre ici en lumière.
De cette « librairie », nous ne connaissons encore que trois unités aujourd'hui dispersées, sinon perdues, dont voici l'énumération :
Il n'est point téméraire de supposer que les seigneurs de Las Tours ne se sont pas contentés, pour charmer leurs loisirs, de ces trois manuscrits, et qu'ils en ont possédé d'autres. Mais lesquels ?
Si nous l'ignorons encore, nous le saurons peut-être un jour pour peu qu'ils aient conservé quelque marque de leur provenance originelle : armoiries (D'azur à trois tours d'argent cantonnées de fleurs de lys d'or, d'après quelques héraldistes ; d'argent à trois tours de sable accompagnées de fleurs de lys, d'après quelques autres), devise (Eurent-ils une devise particulière ? C'était assez la mode, même en Limousin. Mais le Dictionnaire des devises de Chassant ne la connaît point, et nous non plus) ou ex-libris (Les Ex-libris limousins de M. Fray-Fournier ne font pas mention des seigneurs de Las Tours). Et c'est pour donner l'éveil à cette recherche que nous signalons ici le peu que nous connaissons de celle bibliothèque.
Il serait bon aussi de pouvoir dire à quel moment et par quelles voies a commencé sa dispersion. Sur ce point encore, notre ignorance reste absolue malgré les recherches poursuivies, et c'est pure conjecture de croire que les trois manuscrits cités précédemment existaient encore à Las Tours au moment de la Révolution.
Nous devons ajouter que le chartrier seigneurial (Le chartrier de Las Tours n'est pas même nommé dans l'Etat des dépôts publics et particuliers d'actes et de titres de la Généralité de Limoges, dressé en 1769) n'a pas eu un meilleur sort que les manuscrits. Réuni au très riche chartrier des Cars, après la fusion des deux seigneuries en 1780, il est entré avec lui aux Archives départementales de la Haute-Vienne, où il est représenté seulement par une trentaine de maigres liasses.
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