Eglise Paroissiale Saint-Martin

Extrait de l'excellente étude sur les Portails limousins, par M. Jules Tixier, architecte, publiée dans l'Almanach-Annuaire limousin de 1909, cette citation illustre le portail de l'église Saint-Martin par une suite d'explications techniques et géographiques. Vous ne manquerez pas de relever la touche d'humour à propos du chauvinisme qui pousse l'auteur à sétendre sur une longue explication technique illustrant la région qui lui est chère.

voir illustration signée JT en bas du document acompagnant ce récit.

Jules TIXIER, architecte M. H.

Sans rechercher comment se rattachent à l'influence de Cluny, de Citeaux ou du Bas-Empire les principes et l'inspiration de nos monuments, nous ne pouvons nier en Limousin, la persistance de l'imprégnation latine.

C'est à cette ambiance de la civilisation romaine que nous devons la robustesse, le calme et la stabilité de la plupart de nos églises.

C'est à cet esprit de logique, que nous devons de pouvoir définir tous les éléments constitutifs, résultant de l'adoption du plein cintre et d'en suivre l'évolution. Mais ce serait aller trop loin, que d'attribuer à ces manifestations locales une importance excessive.

En mettant de côté le chauvinisme, qui enfante forcément la partialité, il est certain que le Poitou et le Périgord, mais surtout l'Auvergne, dont nous avons en bordure territoriale comme des teintes de pénétration, possèdent des éléments de vitalité et des allures d'une telle puissance, qu'il est juste de reconnaître leur expansion ou leur incontestable maîtrise.

Le Limousin possède il est vrai des caractères très personnels et qui méritent d'être étudiés, parce qu'ils ont une véritable originalité et même une ingéniosité de conception très spécieuse. Mais ce ne sont pas là des éléments essentiels et suffisants pour constituer le critérium d'une école.

Parmi ces recherches qui peuvent caractériser le style des églises limousines au XIe et XIIe siècles, on peut citer comme la plus essentielle le portail à voussures et le clocher à pignons, puis la disposition des deux tours sur la croisée et le porche, enfin le chevet polygonal et quelques particularités, concernant les chapiteaux, les contreforts, les arcs polylobés, les tores ondulés, etc., etc.

Le portail que nous étudions est souvent surnommé porte ou porche. Ce sont là des appellations équivalentes pour beaucoup de personnes, et en fait, il y a lieu de s'égarer dans bien des cas, tellement est subtile la distinction qui existe parfois entre ces différents objets, suivant les époques où on les envisage.

D'après Viollet le Duc, «le Portail consiste dans les ébrasements ménagés extérieurement, en avant des portes principales des églises, pour former abri.

Ce qui distingue le portail du porche, c'est que le portail ne présente pas comme le porche une avancée en hors d'oeuvre, mais dépend des portes elles-mêmes.

Pour nous le portail limousin tient à la fois de la porte et du porche ouvert, puisqu'il en reproduit les caractères et en associe les fonctions.

Le portail roman n'est point la façade principale entière, ou le frontispice de l'église, comme dans la période ogivale. On cite les portails de Sainte-Trophime et de Saint Gilles, non pour indiquer la façade, mais seulement l'étage inférieur et particulièrement la porte avec son entourage décoratif.

De même, le portail Limousin n'a rien de commun avec la partie haute de l'édifice, Il consiste uniquement dans l'abri ouvert et dans là porte, qu'il encadre et protège contre les perturbations atmosphériques.

Ce motif avait à l'époque de sa construction une importance plus grande qu'on ne peut se l'imaginer aujourd'hui, car il était considéré en quelque sorte comme l'église extérieure. C'est là que dans les grandes manifestations religieuses le prêtre prenait la parole et donnait l'absoute. En cet endroit le clergé attendait le corps du défunt pour le conduire ensuite dans le sanctuaire.

Nous avons lu dans plusieurs registres paroissiaux et dans des procès-verbaux de visites épiscopales que les prêtres ou abbés avaient en quelque sorte le privilège d'être enterrés sous les dalles de cette plate-forme.

Il ne faudrait pas croire que le portail soit liturgiquement placé sur la façade occidentale comme porte majeure. Le plus souvent il s'élève sur une des faces latérales et accède soit au transept, soit à une travée, soit même au porche du clocher, pour être ainsi en communication plus facile avec l'agglomération conventuelle ou paroissiale dont dépendait l'église.

De ce fait la façade principale conserve toute sa valeur et son unité.

A l'époque qui nous occupe, les fours à chaux étaient forts éloignés, les transports qui avaient lieu à dos de mulet étaient difficiles et onéreux. Aussi, dans la plupart de nos constructions romanes, l'excessive épaisseur des murs n'avait d'autre objet que de suppléer par la pesanteur des moellons, à l'insuffisance ou à l'absence même complète de la chaux. Voilà une cause déterminante bien inattendue, qui explique avec une incontestable autorité certaines dispositions architectoniques, dérivées non point du caprice ou de la liturgie, mais de l'utilisation des matériaux.

La voussure de la porte, que l'on a établie d'abord par nécessité, se perpétue ensuite par tradition, se perfectionne et devient en réalité un thème décoratif, auquel il a suffi de donner un peu d'échelle pour constituer le portail, dont l'influence a fourni aux architectes du moyen âge un motif merveilleux.

Ce qui ne laisse pas que de surprendre, pour cette arcature que l'on a si fréquemment employée par la suite, et à laquelle on a donné une élégance rare, c'est que son origine est due à un expédient, destiné à consolider les désordres produits dans la façade, par le vide de l'entrée.

L'adjonction de maçonneries, en surépaisseurs successives, établies en avant de la porte primitive, pour s'opposer à l'écroulement des murs, a donné naissance à la série de redents, qui se développent en voussures sur les pieds droits et les archivoltes. Ce moyen de consolider et de donner à la base la stabilité nécessaire, était trop logique pour ne pas être propagé. Dès lors, la surépaisseur nécessaire fut donnée à l'entrée et les redents furent d'autant plus nombreux que l'ouverture était plus importante. On obtenait, eh quelque sorte, un épanouissement des faces successives des voussures et le dégagement nécessaire au service de la nèf.

La première formulé de la porte à voussures établie, la décoration, qui suit toujours de près la construction, vient ajouter dans l'intérieur de ces redents de légères colonnes ou tores qui se profilent sur les pieds droits de l'architrave, comme le tronc d'un jeune arbre.

La porte limousine trouve ainsi son expression dans l'emploi raisonné et simple des matériaux mis en oeuvre, qui malgré la variété de ses aspects conserve toujours les caractères de sa constructivité.

Jules TIXIER, architecte M. H.

  • Titre : Limoges illustré
  • Éditeur : [s.n.] (Limoges)
  • Date d'édition : 1899.

 

Les portails limousins

Nous extrayons de l'excellente étude sur les Portails limousins, par M. Jules Tixier, architecte, publiée dans l'Almanach-Annuaire limousin de 1909, les passages suivants :

Sans rechercher comment se rattachent à l'influence de Cluny,de Citeaux ou du Bas-Empire les principes et l'inspiration de nos monuments, nous ne pouvons nier en Limousin, la persistance de l'imprégnation latine.

C'est à cette ambiance de la civilisation romaine que nous devons la robustesse, le calme et la stabilité de la plupart de nos églises.

C'est à cet esprit de logique, que nous devons de pouvoir définir tous les éléments constitutifs, résultant de l'adoption du plein cintre et d'en suivre l'évolution. Mais ce serait aller trop loin, que d'attribuer à ces manifestations locales une importance excessive.

En mettant de côté le chauvinisme, qui enfante forcément la partialité, il est certain que le Poitou et le Périgord, mais surtout l'Auvergne, dont nous avons en bordure territoriale comme des teintes de pénétration, possèdent des éléments de vitalité et des allures d'une telle puissance, qu'il est juste de reconnaître leur expansion ou leur incontestable maîtrise.

Le Limousin possède il est vrai des caractères très personnels et qui méritent d'être étudiés, parce qu'ils ont une véritable originalité et même une ingéniosité de conception très spécieuse. Mais ce ne sont pas là des éléments essentiels et suffisants pour constituer le critérium d'une école.

Parmi ces recherches qui peuvent caractériser le style des églises limousines au XIe et XIIe siècles, on peut citer comme la plus essentielle le portail à voussures et le clocher à pignons, puis la disposition des deux tours sur la croisée et le porche, enfin le chevet polygonal et quelques particularités, concernant les chapiteaux, les contreforts, les arcs polylobés, les tores ondulés, etc., etc.

Le portail que nous étudions est souvent surnommé porte ou porche. Ce sont là des appellations équivalentes pour beaucoup de personnes, et en fait, il y a lieu de s'égarer dans bien des cas, tellement est subtile la distinction qui existe parfois entre ces différents objets, suivant les époques où on les envisage.

D'après Viollet le Duc, «le Portail consiste dans les ébrasements ménagés extérieurement, en avant des portes principales des églises, pour former abri.

Ce qui distingue le portail du porche, c'est que le portail ne présente pas comme le porche une avancée en hors d'oeuvre, mais dépend des portes elles-mêmes.

Pour nous le portail limousin tient à la fois de la porte et du porche ouvert, puisqu'il en reproduit les caractères et en associe les fonctions.

Le portail roman n'est point la façade principale entière, ou le frontispice de l'église, comme dans la période ogivale. On cite les portails de Sainte-Trophime et de Saint Gilles, non pour indiquer la façade, mais seulement l'étage inférieur et particulièrement la porte avec son entourage décoratif.

De même, le portail Limousin n'a rien de commun avec la partie haute de l'édifice, Il consiste uniquement dans l'abri ouvert et dans là porte, qu'il encadre et protège contre les perturbations atmosphériques.

Ce motif avait à l'époque de sa construction une importance plus grande qu'on ne peut se l'imaginer aujourd'hui, car il était considéré en quelque sorte comme l'église extérieure. C'est là que dans les grandes manifestations religieuses le prêtre prenait la parole et donnait l'absoute. En cet endroit le clergé attendait le corps du défunt pour le conduire ensuite dans le sanctuaire.

Nous avons lu dans plusieurs registres paroissiaux et dans des procès-verbaux de visites épiscopales que les prêtres ou abbés avaient en quelque sorte le privilège d'être enterrés sous les dalles de cette plate-forme.

Il ne faudrait pas croire que le portail soit liturgiquement placé sur la façade occidentale comme porte majeure. Le plus souvent il s'élève sur une des faces latérales et accède soit au transept, soit à une travée, soit même au porche du clocher, pour être ainsi en communication plus facile avec l'agglomération conventuelle ou paroissiale dont dépendait l'église.

De ce fait la façade principale conserve toute sa valeur et son unité.

A l'époque qui nous occupe, les fours à chaux étaient forts éloignés, les transports qui avaient lieu à dos de mulet étaient difficiles et onéreux. Aussi, dans la plupart de nos constructions romanes, l'excessive épaisseur des murs n'avait d'autre objet que de suppléer par la pesanteur des moellons, à l'insuffisance ou à l'absence même complète de la chaux. Voilà une cause déterminante bien inattendue, qui explique avec une incontestable autorité certaines dispositions architectoniques, dérivées non point du caprice ou de la liturgie, mais de l'utilisation des matériaux.

La voussure de la porte, que l'on a établie d'abord par nécessité, se perpétue ensuite par tradition, se perfectionne et devient en réalité un thème décoratif, auquel il a suffi de donner un peu d'échelle pour constituer le portail, dont l'influence a fourni aux architectes du moyen âge un motif merveilleux.

Ce qui ne laisse pas que de surprendre, pour cette arcature que l'on a si fréquemment employée par la suite, et à laquelle on a donné une élégance rare, c'est que son origine est due à un expédient, destiné à consolider les désordres produits dans la façade, par le vide de l'entrée.

L'adjonction de maçonneries, en surépaisseurs successives, établies en avant de la porte primitive, pour s'opposer à l'écroulement des murs, a donné naissance à la série de redents, qui se développent en voussures sur les pieds droits et les archivoltes. Ce moyen de consolider et de donner à la base la stabilité nécessaire, était trop logique pour ne pas être propagé. Dès lors, la surépaisseur nécessaire fut donnée à l'entrée et les redents furent d'autant plus nombreux que l'ouverture était plus importante. On obtenait, eh quelque sorte, un épanouissement des faces successives des voussures et le dégagement nécessaire au service de la nèf.

La première formulé de la porte à voussures établie, la décoration, qui suit toujours de près la construction, vient ajouter dans l'intérieur de ces redents de légères colonnes ou tores qui se profilent sur les pieds droits de l'architrave, comme le tronc d'un jeune arbre.

La porte limousine trouve ainsi son expression dans l'emploi raisonné et simple des matériaux mis en oeuvre, qui malgré la variété de ses aspects conserve toujours les caractères de sa constructivité.

Jules TIXIER, architecte M. H.

Titre : Limoges illustré
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Date d'édition : 1899.

photo pour Eglise Paroissiale Saint-Martin

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 142805
  • item : Eglise Paroissiale Saint-Martin
  • Localisation :
    • Limousin
    • Haute-Vienne
    • Nedde
  • Code INSEE commune : 87104
  • Code postal de la commune : 87120
  • Ordre dans la liste : 6
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • église
    • église paroissiale
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Enquête : 1986
  • Date de protection : 1912 : classé MH
  • Date de versement : 1987 AVANT

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 2 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • moellon
    • granite
  • Couverture : On remarque 6 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • flèche polygonale
    • pignon couvert
    • pignon découvert
    • pignon
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est ardoise
  • Autre a propos de la couverture :
    • Un mode de couvrement relevé : 'voûte d'ogives'
  • Etages :
    • Etage type : 1 vaisseau
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • La seule ornementation connue est 'blason'
  • Typologie :
    • Typology : 'chevet plat'
  • Plan :
    • Plan Type 'plan allongé'

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 3 informations diverses sont disponibles :
    • litres funéraires aux armes des carat de nedde propriété de la commune
    • sur la clé de voûte de la 3e travée armes des pierrebuffière
    • sur la clé de voûte de la 4e travée armes de jean de berry comte de poitiers
  • Photo : 7901159f5ee083e0077c8859532ee246.jpg
  • Référence Mérimée : IA00031225

photo : Igor

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