poissons

Poissons, commune de l'arrondissement de Vassy, érigée en chef-lieu de canton en 1825. Elle est située sur le Bongeant, au confluent de la Pissincelle, à 49 kilomètres de Chaumont, dans un vallon sur lequel débouchent trois vallées formées par des coteaux élevés et plantés de vignes, dont le vin est assez estimé. Le territoire, qui est traversé par les chemins de grande communication n° 2 et 16, a 1544 hectares d'étendue.

On y exploite des mines de fer en roche qui, dès 1616, ont l'ait construire des usines à fer sur le Rongeant avec la permission de l'abbé de Saint-Urbain, possesseur de la seigneurie. Du reste, des débris, amoncelés sur une montagne voisine, nous révèlent l'existence d'anciennes forges à bras et à trait de cheval. Il y a aujourd'hui, à Poissons, deux hautsfourneaux et plusieurs bocards dont l'un est appelé Chenezonval, du nom du ruisseau qui l'alimente. Ces usines occupent de quarante à cinquante ouvriers.

Cette importante commune, qui possède 233 hectares de bois et 187 de friches, renferme une population de 1478 habitants. Il y a marché le jeudi de chaque semaine et l'on y tient trois foires dans l'année : 2 janvier, 1er mai, 3 septembre. Les filles ont une école particulière sous la direction des sœurs de la Providence. L'église, dédiée à Saint Agnan, a un curé et un vicaire.

En 1789, Poissons appartenait aux moines de Saint-Urbain, à l'exception des fiefs de Riaucourt et de Sampigny ou des maîtres de forges, qui appartenaient alors à la famille Mollerat. Cette famille habitait le château dont hérita M. Marquette de Fleury, qui fut député au Corps législatif, puis MM. de Maupas, ses neveux. La paroisse dépendait de l'élection de Joinville, généralité de Champagne et ressortissait de la prévôté d'Andelot au bailliage de Chaumont. Pour le spirituel, elle avait deux églises séparées par le Rongeant et dédiées, l'une à Saint Amand, évêque de Rhodez; l'autre à Saint Agnan, évêque d'Orléans. La première, ancienne paroisse du château, était du diocèse de Châlons, doyenné de Joinville; la seconde du diocèse de Toul, doyenné de Reynel.

Mais depuis 1638, époque à laquelle Poissons fut dépeuplé par la guerre et par la peste, ces deux églises n'avaient plus qu'un seul curé et l'église Saint-Agnan était paroissiale, bien qu'on fit les mêmes offices dans l'église Saint-Ainand. La distinction des diocèses existait toujours ; mais on suivait le catéchisme de Toul. L'abbé de Saint-Urbain était collateur de la cure et décimateur.

Quelques années avant la révolution un procès, qui fit scandale, fut intenté par l'abbé contre le curé à propos des dîmes. De temps immémorial, il était d'usage à Poissons, comme dans beaucoup de vignobles champenois, de dire la Passion deux ibis la semaine en été, pour attirer la bénédiction du ciel sur les vignes, et au moment où le vin coulait du pressoir, le curé allait y recevoir ce qu'on appelait le Droit de Passion; c'est-à-dire que chaque vigneron lui donnait, suivant sa générosité, deux, trois ou quatre pintes de vin. Or les dîmes de vin qui appartenaient à l'abbaye se prélevaient dans les caves et par conséquent après le droit de Passion. Il manquait donc en réalité quelques pintes aux religieux; ils se prétendirent spoliés; le curé défendit l'usage et eut pour lui les habitants; on imprima des mémoires, on s'injuria et le procès n'était pas encore terminé quand l'assemblée constituante mit les parties d'accord, en supprimant les dîmes et le droit de Passion.

Poissons est ancien. Il en est fait mention au Xe siècle sous le nom de Piscio, et il existe des traces de retranchement sur la montagne du Châtel, où l'on a aussi trouvé des armes et des monnaies. Il y avait encore au XIIIe siècle des seigneurs du nom de Poissons. Aubert vivait vers 1250. On l'avait surnommé Civot. Il était chevalier et ce sont ses deux fils, Aubert et Hugues, qui ont donné, en 1294 et 1295, la plus grande partie de la seigneurie aux moines de Saint Urbain. Hugues avait pour femme Isabelle. Les fourches patibulaires, signes de la justice de l'abbaye, étaient dressées sur la montagne du Châtel. On les releva en 1468, et le procès-verbal d'information nous apprend qu'elles avaient été renversées par un orage que le curé de Saint-Agnan, messire Guillaume, natif de Limoges, avait conjuré:

« Ledist messire Guillaume yssit dehors de ladite esglise, regarda en hault la nue qui pour leure estoit et lui sembloit estre périlleuse, la conjura en disant : va-t-en cheoir aux Fourches! qui pour lors estaient sur la teste de la montaigne du Chastel, et incontinent icelles furent détruites et jettées à terre. »

Source : La Haute-Marne ancienne et moderne par Émile Jolibois en 1858

Eglise

Patrimoine classé, étudié ou inscrit dit 'Eglise' à poissons (haute marne 52230). Le portail de l'église Saint-Agnan de Poissons est remarquable. Il est du commencement du XVIe siècle, époque de transition du style ogival au style de la renaissance. C'est un porche carré auquel on arrive par douze degrés semi-circulaires.