Eglise Saint-Pierre

Venerque s'est pour ainsi dire placée en vedette sur la plate-forme qui domine les deux rivières, et malgré le peu d'élévation de son assiette, ses maisons, irrégulièrement groupées, jouissent d'une assez agréable vue dans les méandres verdoyants de l’Ariège. Des haches celtiques de silex et divers objets gallo-romains en grand nombre, découverts, au hasard de l'exploitation, dans les territoires environnants, témoignent d'un établissement fort ancien. A des époques reculées, que ne précise d'ailleurs aucun texte, Venerque se trouvait déjà, par sa position, le débouché naturel des récoltes du Lauragais et de la plaine. Aujourd'hui encore, la seule importance de cette modeste commune (988 habitants) est dans ses marchés du jeudi, où s'écoulent les grains de la Lèze, du plat pays et des coteaux, et dans ses quatre foires annuelles (26 avril, 13 juillet, 9 octobre et 20 novembre) qui réunissent d'habitude toutes les populations agricoles de la contrée.

Venerque intéressera le touriste par sa petite église romane, récemment classée au nombre des monuments historiques. C'est le dernier vestige de l'abbaye de Saint-Pierre.

Le plus ancien document relatif à cette maison est une charte de Louis le Débonnaire, datée du mois de juillet 817. L'assemblée tenue à cette époque au palais impérial d'Aix-la-Chapelle pour la réformation des monastères d'origine carolingienne, classa l'abbaye de Venerque parmi celles du troisième rang, qui ne devaient ni soldats ni présents au souverain, mais seulement des prières pour l'empereur, pour sa famille et pour les besoins de l'Etat (Mabillon. Diplom, ann. 817).

Après ce point de départ, l'histoire laisse une lacune d'environ deux cents ans, et dans le courant du onzième siècle, le couvent de Saint-Pierre de Venerque, rétabli peut-être sur les ruines d'un monastère primitif, n'est plus qu'une dépendance de l'abbaye de Saint-Pons de Tomières.

En 1080, le comte Willelm, duc de Toulouse, donne à l'abbaye de Saint-Pons les pentes boisées qui moutonnent, dans le territoire de Venerque, entre Espanès, Aureville et l'Ariége, et en 1182, le pape Lucius III, dans sa bulle de confirmation des biens de l'abbaye de Tomières, nomme Saint-Pierre de Venerque avec les églises et les francs-fiefs qui en dépendent:

In Tolosano, abbatiam Sancti Petri de Venerca cura ecclesiis et allodiis suis (Gallia christiana. Instrumenta ecclesiae sancti Pontii Tomeriarum).

Enfin, la bulle de sécularisation de 1612 désigne au nombre des bénéfices du nouveau chapitre le prieuré du Vernet et l'église de Venerque.

Il ne reste aucune trace des divers bâtiments du monastère ; c'est à peine si quelques débris informes de substructions ont été découverts lors de la rectification de la route.

L'église conserve un très-beau reliquaire en bronze, rehaussé de cabochons violets et peuplé de figures d'évêques d'un noble style. Là sont renfermés les ossements de saint Phébade, troisième évêque d'Agen et l'un des plus fermes défenseurs de la foi contre l'arianisme.

La translation de ces restes est demeurée un mystère. On sait à n'en pas douter que les reliques épiscopales de saint Phébade ne quittèrent pas l'église d'Agen jusqu'aux dissensions religieuses du seizième siècle. A cette époque, elles furent transportées à Périgueux où leur trace paraît s'être perdue.

La tradition populaire qui ne connaît point de problème, explique l'événement par un miracle.

Ce sont des brigands, d'après la légende, qui pillèrent pendant la nuit la cathédrale d'Agen, et qui fuyant en Espagne avec leur trésor, jugèrent à propos de venir camper sur un monticule solitaire, en face de l'église de Venerque. Quand, le lendemain, à l'aube, ils voulurent reprendre leur marche, les reliques du saint évêque refusèrent de les suivre, et comme les calices, les croix d'argent et les dalmatiques dorées n'opposaient pas la même résistance, ils n'eurent garde d'entrer en lutte avec le Seigneur et abandonnèrent la châsse en pleine campagne. Alors se renouvelèrent des épisodes bien connus dans le cycle des légendes : le reliquaire demeura obstinément immobile quand les paysans qui passaient essayèrent de l'enlever ; le curé qu'on alla chercher au presbytère ne fut pas plus heureux; et enfin, quand la procession, croix en tête et bannières déployées, arriva en chantant au lieu du miracle, le reliquaire s'offrit de lui-même aux mains des prêtres et se laissa doucement porter jusqu'à l'église, où il est encore.

Le chapitre d'Agen a plusieurs fois réclamé auprès de la paroisse de Venerque, sans jamais obtenir de restitution, les nouveaux possesseurs répondant sans s'émouvoir, qu'entièrement étrangers à la spoliation de l'église d'Agen, ils n'ont fait que respecter une volonté surnaturelle. Néanmoins, l'insistance des Agenais inspirait de si vives craintes aux Venercois, que pendant longtemps, à la procession annuelle de saint Phébade, quatre fusiliers marchaient l'arme au bras autour des reliques, prêts à repousser par la force toute surprise ennemie.

Théodore de Beze, après avoir dit qu'an seizième siècle les calvinistes d'Agen firent un temple de l'ancienne église de Saint-Phébade (Saint-Fiari), ajoute ces curieux détails:

« En ce temple il y avait un sépulcre de marbre qu'on disait être dudit Evêque, duquel les nourrisses avaient accoutumé de racler ce qu'elles en pouvaient avoir pour l'avaller dans leur potage afin d'avoir abondance de lait. Et toutefois il y a une petite ville prés de Toulouse, nommée Benerque sur la rivière de Riege, auquel lieu le vingt-cinquième avril jour de la fête dudit saint Fiari, les circonvoisins ont accoutumé de toute ancienneté de s'assembler en armes, de peur (disent-ils) que ceux d'Agen, auxquels ils maintiennent avoir dérobée le corps de ce saint, ne le viennent requérir. » (Beze. Hist. eccks., V, page 790.)

Source : Foix et Comminges, voyage dans les vallées de la Garonne et de l'Ariège par Jean Joseph Gabriel Ernest Roschach 1866.

photo pour Eglise Saint-Pierre

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 47302
  • item : Eglise Saint-Pierre
  • Localisation :
    • Midi-Pyrénées
    • Haute-garonne
    • Venerque
  • Code INSEE commune : 31572
  • Code postal de la commune : 31810
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 15e siècle
    • 19e siècle
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/30

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'peinture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : e4a01fcd9783c88dce0a7befcfb0a5ee.jpg
  • Détails : Eglise Saint-Pierre : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00094653

photo : Monique c

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