Ancienne collégiale Saint-Thiebault

La première mention de l'église remonte à 1287, elle est édifiée suite au transfert des reliques d'un saint mort en 1160. La première église semble avoir été démolie pour être reconstruite à partir du XIV^e siècle. Elle est alors un important lieu de pèlerinage à partir du milieu du XIV^e siècle jusqu'à la fin du XV^e siècle.

De 1793 à 1795, suite à la Révolution, l'église devient Temple de la Raison puis de l'Etre Suprême. Quatre des cinq cloches sont envoyées à la fonte.

Des restaurations intérieures sont réalisées au XVIII^e siècle. Une autre période de restauration s'effectue de 1839 à 1842, sous la direction de l'architecte Griois. De 1860 à 1867, une consolidation et restauration de la flèche est entreprise. De 1878 à 1895, restitutions menées par l'architecte Charles Winckler (toitures polychromes, éléments architecturaux, sculptures). De 1905 à 1908, nouvelle restauration de la flèche. Nouveaux travaux en 1927 puis 1945 suite aux destructions des deux guerres mondiales.

Histoire de Thann d'après la Revue du Nord (1835)

Thann, la ville des Ferrette et des archiducs, avec ses vieux murs élevés par la maison de Habsbourg, avec son haut castel plus vieux encore, forteresse féodale, aujourd’hui en ruines, tandis que son ancienne vassale, la ville de Thann, se montre encore à ses pieds, riante, prospère et parée. On ne voit plus aujourd’hui une seule tour debout dans ces ruines du château d'Engel-Burg, où flotta jadis la bannière des comtes de Ferrette, ces premiers barons d’Alsace. Ce que le temps avait dédaigné de renverser, le canon des Suédois le renversa, puis la mine et la sape des ingénieurs que Mazarin convertit en bande noire pour détruire tous nos vieux châteaux.

Tandis que mes deux compagnons et moi, nous étions assis sur ces pierres d'Engel-Burg, la ville de Thann, au-dessous de nous, était en joyeuse fête. On célébrait le Patrons-Tag (fête patronale) de son faubourg de Katten-bach, en deçà de la Thur. Le bruit des ménétriers, le bruit de la walse montait jusqu'à nous dans les ruines, et semblait venir insulter aux débris des âges chevaleresques. Cette joie de la vallée donnait un caractère plus mélancolique aux ruines de la montagne. En outre, le vieux castel d'Engel-Burg a une physionomie de désolation toute particulière : les traces de la poudre à canon se retrouvent partout sur ces lambeaux de murs qui n’ont pas été bâtis pour la poudre. Une partie du donjon gît sur le flanc ; c'est une énorme lunette par laquelle on peut voir la plaine de la Haute-Alsace. Elle est tombée là tout d’une pièce, comme un guerrier frappé au coeur, lorsque les Français firent sauter la forteresse archiducale.

Le comte Thiébaut de Ferrette avait fondé, dans le village de Thann, un couvent de religieux de l’ordre de Saint François. Ce monastère fit tant de bien à Thann, que bientôt ce pauvre village devint un bourg florissant : au siècle suivant, en 1544, Jeanne, fille des derniers comtes de Ferrette, et femme de l’archiduc d’Autriche Albert-le-sage, augmenta considérablement la ville naissante, et y attira plusieurs familles nobles, telles que les Reinach , les Waldner, les Laudenberg. Enfin, en 1449, la translation du chapitre collégial de Saint-Amarin, dans l’église de saint Thiébaut à Thann, acheva de donner du développement et de l’importance à cette ville.

Cette église de Saint-Thiébaut a une légende assez curieuse, Après la mort du saint évêque Thiébaut, l’un de ses serviteurs ou disciples s’en retournait de l’Italie en Alsace. Il emportait une relique du saint, le doigt qui avait eu l’anneau épiscopal. En juin 1101, il s’arrête non loin du château d’Engel-Burg, dans la belle forêt de sapins qui fermait alors l’entrée de la vallée de Saint-Amarin. Accablé de fatigue, il s’endort, après avoir appuyé contre un arbre, son bourdon, auquel était attaché le petit paquet qui contenait la relique et ses hardes. La nuit vient pendant ce sommeil du pauvre pèlerin, et, avec la nuit, des voleurs. Ils frappent le dormeur et veulent prendre sa valise, mais le bâton auquel elle est fixée résiste, aucun effort ne peut l’on détacher, aucun effort ne peut non plus enlever le bâton du voyageur. Tout à coup une vive flamme sort de la valise, elle illumine toute la forêt, et le comte de Ferrette qui l’aperçoit du haut de son donjon, s’élance aussitôt à la tête de ses hommes d’armes, pour reconnaître la cause de cette illumination subite. Il arrive, il fait saisir les voleurs, il reçoit la déposition du pèlerin, et en mémoire du miracle, il dédie en ce lieu même, une chapelle à saint Thiébaut.

Aujourd’hui encore, à la fête patronale de Thann, on porte en procession trois troncs d’arbres auxquels on met le feu ; cette cérémonie a pour objet de rappeler la miraculeuse fondation de la chapelle.

L'église de Thann (cette même église de saint Thiébaut), est une charmante miniature de la cathédrale de Strasbourg. On prétend qu’elle doit également ses principales beautés à Ervin de Steinbach, mais la flèche si élancée et si gracieuse de Thann ne fut élevée que deux siècles après ce grand maître ; commencée en 1505 , elle a été achevée en 1516 par l’architecte Rumich Walsch, sous le patronage du Sigismond de Lupfen, prévôt archiducal de Thann.

Source : Revue du Nord (Paris. 1835)