Maison 7 place de l'Abbé-Buchinger

Kientzheim est la patrie de Michel Buchinger, qui, d'abord abbé de Maulbronn, rétablit l'abbaye de Pairis, dont les Suédois avaient aliéné les biens. Il composa un abrégé de l'Histoire diplomatique de Lucelle, dont il fut de même abbé, et une dissertation sur la chapelle de Kientzheim. Il fut aussi le premier conseiller ecclésiastique au conseil souverain d'Alsace.

Kientzheim (Chinzicha 728, Conesheim 877, Konsheim 1303, Künszhein 1341, Kunsheim 1465,), située sur la Weiss et sur la route des Vosges au Rhin, et entourée de vignobles, dont les produits sont très-estimés, surtout ceux du canton appelé Kehrenbourg. Résidence d'un percepteur des contributions directes et d'un notaire. Elle a un hospice qui possède environ 3000 fr. de revenus ordinaires. Le canal qui traverse Kientzheim fait mouvoir quatre moulins à blé et une huilerie. Unterspiegel 7 maisons, Thorguth l, Weinbach 1, Wolf 1, font partie de Kientzheim.

Kientzheim possède un établissement consacré à l'éducation des filles, et dirigé par les Dames du Sacré-Cœur de Jésus; il est situé hors de la ville, sur les bords de la Weiss.

Les terres appartenant à la commune de Kientzheim sont composées en grande partie de débris de roches sablonneuses et calcaires. La production agricole est réduite à la culture de la vigne et d'arbres fruitiers dont les produits savoureux jouissent d'une réputation méritée aux marchés de Colmar. Le bétail, comme généralement dans tout le vignoble du Haut-Rhin, est à peine suffisant pour fournir les engrais nécessaires à l'entretien de la fertilité des terres, les vignerons sont par conséquent obligés de se procurer la litière des bestiaux chez les cultivateurs de la plaine ou de l'enlever dans les forêts. 1179 habitants (1169 cath., 10 luth.).

Kientzheim possède deux monuments religieux du moyen âge. Le plus important est l'église basse de Sainte-Régule, aujourd'hui chapelle de pèlerinage. L'étage inférieur du clocher date de l'époque romane, moins la voûte, qui est du XIV^e siècle. A gauche dans le massif du mur, s'ouvre une niche carrée garnie d'un grillage: c'est l'ancienne réserve. Le campanile au-dessus du pignon occidental renferme une jolie clochette du commencement du Xv^e siècle, avec les noms des évangélistes. Près du maître-autel on voit un titre, dont l'original a été signé par un grand nombre d'illustres seigneurs, qui attestent qu'en 1466, l'église de Sigolsheim étant devenue la proie des flammes, les images de la Vierge et de saint Jean-l'Evangéliste, qui s'y trouvaient, ne furent point endommagées, et qu'on les transporta dans cette chapelle, qui est devenue un lieu de pèlerinage très-fréquenté. L'empereur Frédéric III y vint en 1473, avec une suite nombreuse, et suspendit dans la chapelle son chapeau hongrois brodé en or et en argent Charles-le-Téméraire vint la visiter la même année, après que les Colmariens lui eurent refusé l'entrée de leur ville.

L'église paroissiale contient les pierres tombales du maréchal Lazare de Schwendi (1584), de son fils Jean Guillaume de Schwendi, baron de HohLandsperg (1609) et d'une dame de la même famille. Les murs intérieurs du cimetière de Kientzheim étaient autrefois ornés d'une danse macabre attribuée à Holbein. Une notable partie des fortifications anciennes (XV^e et XVI^e siècle) a été conservée. On remarque surtout la porte d'entrée de l'est et le château qui est attenant. Tous deux sont du XVI^e siècle.

En 728 le comte Eberhard fils d'Adalbert, duc d'Alsace, donna au monastère de Murbach le lieu de Kientzheim, qui était indominicatus, c'est-à-dire qu'il faisait partie de son domaine privé et n'était grevé d'aucun droit de bénéfice. En 920 Othon-le-Grand confirma l'abbaye de Saint-Félix et de Sainte Régule à Zurich dans les biens qu'elle possédait à Kientzheim. Mais la plus grande partie du territoire de Kientzheim a longtemps dépendu des comtes d'Eguisheim. Kientzheim passa ensuite aux Ferrette, puis aux Habsbourg, qui l'inféodèrent aux comtes de Lupfen. C'est à cette époque (1434-1445) que Kientzheim fut entouré de murs et passa au rang de ville. Bien avant l'avènement des Lupfen, il y avait à Kientzheim un château qui passe pour avoir eu son emplacement au milieu du bourg, où l'on peut voir encore quelques débris d'anciennes constructions. Le château actuel fut la résidence des Lupfen, auxquels succéda en 1563 le maréchal Lazare de Schwendi.

L'empereur Frédéric III accorda à la ville divers privilèges (1460) et le droit de tenir des foires et des marchés. Le couvent des capucins appelé Weinbach, situé entre Kientzheim et Kaysersberg, et fondé, en 1613, par le comte Louis de Fürstenberg, est aujourd'hui une propriété privée.

Kientzheim est la patrie de: Bernardin Buchinger, né en 1606, abbé de Pairis et plus tard de Lucelle, membre du conseil souverain d'Alsace, auteur de: "De Ecclesia S. Régulée Kientsheim, Bruntruti, 1662; Epitome faslorwn Luceliensium... Acc. monast. Mulbrunensis et Parisiensis descriplio, Bruntruti, 1667, in-8", une histoire du pape Léon IX etc.

Jean-Jacques Scheffmacher (1668 1733), jésuite, nommé, en 1715, à la chaire de controverse fondée dans la cathédrale de Strasbourg, par Louis XIV. Il a laissé douze lettres contre les luthériens, connues sous le nom de Lettres du père Scheffmacher.

Quelques auteurs croient que le château de Kientzheim a vu naître Lazare de Schwendi (1522).

Kientzheim porte parti diapré d'argent et d'azur, à un barbet debout de sable accolé et bouclé de gueules brochant sur la partition.

Source : L'Alsace ancienne et moderne par Jacques Baquol 1865.