Demeure château Cos d'Estournel

Lorsque, après avoir dit adieu à la terre historique sur laquelle vécurent les Gombaud de Calon, on se dirige vers le sud de la commune de Saint-Estèphe, les vieux souvenirs s'envolent peu à peu et s'évanouissent bientôt tout-à-fait pour faire place à des impressions nouvelles. Pomis et Cos sont, en effet, deux créations de notre temps. C'est la Guyenne vinicole, la Gironde du XIXe siècle, qui se personnifie en eux.

Ce n'est plus le Médoc des sires de Lesparre, des Livran et des Carcanieux qui s'offre à nos regards; c'est un pays tout moderne.

Un élégant écrivain, qui l'a souvent visité (Voyez l'Été à Bordeaux, par M. J. Saint-Rieul Dupouy, pages 292-298), et qui pouvait, mieux que nul au monde, nous dépeindre ces splendides entrepôts de l'un des meilleurs vins de la presqu'île médoquine, en a fait, il y a trois ou quatre ans, la description suivante :

« Qui n'a entendu parler à Bordeaux de ces magnifiques domaines de Cos et de Pomis, deux merveilles architecturales ?

Pomis, une blanche villa italienne, calme et douce, à moitié perdue au milieu de ses jeunes ombrages ! Terrasses, colonnades, jardins anglais, fontaines jaillissantes dans leurs frais bassins de marbre, prairies, vergers, parc immense !

Cos, une féerie, un vrai palais de Chine, une pagode indoue ! Dômes élevés, coupoles que frappe le soleil, arcades toutes grandes ouvertes comme un arc de triomphe où va passer un roi, tourelles découpées à jour, pavillon chinois où l'air, en passant, agite mille sonnettes.
« Qu'est-ce donc que ce palais ? » demande le voyageur qui passe devant Cos, en allant de Bordeaux à Saint-Estèphe « C'est le parc à bœufs de M. d'Estournel, » répond le paysan qui revient de ses travaux. »

Plus loin, on aperçoit des chais splendides, qui sont une des curiosités du pays ; plus loin encore se trouve la cave; c'est le sanctuaire de ce palais que M. d'Estournel a élevé à la viticulture. En voici la description :

« Vous y arrivez, dit l'auteur de l'Été à Bordeaux, par une petite cour pavée en asphalte, et sous un berceau de roses et de chèvres-feuilles, au travers duquel on aperçoit une petite façade bordée de ciselures et d'ornements bachiques, avec un balustre soutenu par des bouteilles en pierres sculptées et supportant un écusson aux armes de M. d'Estournel. La porte s'ouvre, et vous voilà dans un salon aux dorures étincelantes, éclairé par des lampes et des bougies. Ajoutez à cela quelques glaces, quelques tentures de soie, jetez dans cet angle une causeuse, couvrez le parquet d'un tapis d'Aubusson, et l'illusion sera complète. Là, dans ces catacombes dorées, dans ce luxe et sous la lumière des bougies, vous pouvez compter jusqu'à cent cinquante mille bouteilles de Cos, reposant les unes à côté des autres, et toutes couvertes de cette mousse honorable du temps qui est leur gloire. Là, rien n'est mêlé, rien n'est confondu : chaque casier a son étiquette sur un écusson aux armes du maître : c'est tour-à-tour 1841 , 1828, 1831, fameuse année avec la lettre R (c'est-à-dire Retour de l'Inde. On sait que certains vins de notre Gironde acquièrent par les voyages en mer une saveur et une limpidité particulières : Cos-d'Kstournel est de ce nombre) gravée au-dessus. »

Voilà bien en effet Cos-d'Estournel et Pomis, tels que nous les avons tous connus et tels qu'ils sont encore au moment où nous écrivons ces lignes. Un nom seul manque aujourd'hui à tout cela : celui de l'homme à qui ces deux grandes usines de l'industrie vinicole doivent leurs embellissements et leur éclat. L'ancien propriétaire de Cos a succombé, comme tant d'autres, sous le poids des lois prohibitives qui ont ruiné les pays vinicoles et le Midi de la France, au profit de quelques manufacturiers du Nord.

Pomis et Cos-d'Estournel ont été vendus publiquement et à l'enchère. L'un des plus riches et des plus honorables citoyens de la Grande-Bretagne, M. Martyns, a été assez heureux pour en devenir l'acquéreur.

Source : Les châteaux de la Gironde: Mœurs féodales, détails biographiques par Henry Ribadieu 1856.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 50701
  • item : Demeure château Cos d'Estournel
  • Localisation :
    • Aquitaine
    • Gironde
    • Saint-Estèphe
  • Lieu dit : Château Cos-d' Estournel
  • Code INSEE commune : 33395
  • Code postal de la commune : 33180
  • Ordre dans la liste : 15
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : demeure
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 3e quart 19e siècle
  • Année : 1852
  • Enquête : 1986
  • Date de versement : 1987 AVANT

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • Cette construction est composée de : calcaire
  • Couverture : On remarque 4 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • croupe
    • toit polygonal
    • toit
  • Materiaux (de couverture) : 2 types de matériaux de couverture entrent en jeux dans le couvrement de cet ensemble
    • ardoise
    • tuile creuse
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • Etage type : 1 étage carré
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • Typology : 'château vinicole'
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes : 5 parties constituantes distinctes relevées :
    • parc
    • parties agricoles
    • chai
    • par
    • part
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété privée
  • Référence Mérimée : IA00024825

photo : Daniel Pelletier