Porte du Port

A l'époque de leur construction, les murs de Libourne, dans tout leur circuit, étaient surmontés de mâchicoulis et, par le bas, se contournaient extérieurement en talus descendant dans les fossés, entourés eux mêmes d'un second fossé plus étroit ; l'eau de la rivière y était introduite à volonté par le moyen d'une vanne placée au Priourat. Des tours, distantes les unes des autres d'une portée de trait, furent construites à tous les angles saillants ; ces tours étaient rondes, hexagonales ou carrées à l'extérieur.

La tour de la Tarayre était hexagonale. Celles des portes étaient carrées, à angles déprimés. La seule ouverture du Grand-Port était entre deux tours rondes, aplaties intérieurement : l'une existe en son entier, et l'autre, qui a été convertie en maison, offre encore la forme primitive. La tour de la porte Saint-Émilion, dont les dimensions de l'assiette existent encore dans nos archives, avait 13 mètres de longueur sur 7 de largeur, et faisait saillie autant en dehors qu'en dedans des murs de la ville. Au devant était un petit fort carré ou redoute qui renfermait un moulin à eau, où l'on pouvait moudre à chaque flux de la mer. La tour s'écroula au commencement du siècle dernier.

Des travaux de défense étaient aussi établis du côté du Priourat, on était le fort Cavalier ou Lamothe, dont la forme était carrée : c'est aujourd'hui le jardin de la cure ; il était entièrement dans l'intérieur des murailles. Au confluent se trouvait la tour Gringalette, dont le nom lui vient de sa hauteur (gringole ou gargouille, d'où l'eau tombe de haut et vite, origine de l'expression familière dégringoler).

Le beffroi fut placé sur la porte Périgueux ; les sentinelles surveillaient de là la campagne. La tour Gringalette servait de vigie du côté des rivières. La porte de Guitres avait en avant une demi-lune. Sur le bord de l'Isle et à l'angle des murs était la tour Grenouillette ou Grenouillère, nom pittoresque qui lui fut donné à cause du séjour des eaux dans le fossé voisin ; elle était carrée. Auprès de cette tour, au commencement du XIIe siècle, de vieux titres de reconnaissance indiquent qu'il existait une terre de la mouvance des religieux qui ont eu un établissement à Vauclaire, en Périgord. En 1759, en creusant auprès de cette tour, Arnaud Biès (dont la descendance existe encore à Libourne) trouva un autel avec une statue adorante, de deux pieds et demi de hauteur, ayant les mains croisées sur la poitrine. Un grand nombre d'ossements humains y furent aussi découverts. Près de cette tour était jadis une porte d'entrée de ville, dite porte Saint-Jacques. Il y avait, dans le XIVe siècle, une porte de ville vis-à-vis la rue du Port-Coiffé.

Plan de la ville de Libourne, avec ses dehors, et partie de la campagne Par Reveillaud, architecte géografe à Blaye 1758.

Un tableau peint en 1778, et qui est chez M. Dumas de Laroque, à Saint-Germain-la-Rivière, représente la vue du port de Libourne ; on y voit la tour Gringalette, couverte comme celle du Grand-Port. La forme de la porte Fonneuve (Bédignon) est courbe ; elle fut peut-être modifiée extérieurement, dans la suite du temps, pour la nécessité de la défense. Quant à la partie intérieure, avant 1815, époque de sa démolition totale, nous l'avons vue carrée, ainsi que celle de la porte Saint-Émilion. Au XIVe siècle, la rivière de l'lsle battait les murs de ville au pied de la tour Grenouillère. On y passait avec peine. (Archives de la ville.)

Source : Histoire de l'hôpital de Libourne par J. B. J. Eugène Burgade 1867.