Ancienne abbaye de la Sauve-Majeure

Église et Bâtiments de l'Abbaye de la Grande-Sauve.

Il est certain, par les anciens titres, que saint Gérard avait commencé la construction d'une église consacrée à la Très-Sainte Vierge et aux apôtres saint Simon et saint Jude. Que ces premières constructions aient servi ou non de base à celle dont nous admirons maintenant les ruines, nous savons qu'elle a été terminée et solennellement consacrée en 1231, et encore sous le titre de Notre-Dame. Plus tard, on la voit appelée église, tantôt de Notre-Dame, tantôt de saint Gérard.

Cet édifice, en forme de croix latine, d'une longueur de 54 mètres sur une largeur de 18, renfermait diverses chapelles, savoir : de saint Benoît, saint Nicolas, sainte Magdeleine, sainte Catherine, saint Martin, saint André, saint Vincent, saint Jacques et saint Jean et la chapelle dite des Évêques. Cette dernière était affectée au service des prélats qui venaient fréquemment visiter l'Abbaye ainsi qu'à leur sépulture. Elle servait en même temps de sacristie.

Outre ces chapelles, il y avait plusieurs autels, savoir : le maître-autel consacré à Notre-Dame et aux Apôtres saint Simon et saint Jude, ceux de saint Gérard, saint Michel, saint Jean-Baptiste, saint Barthèlemi, saint George et saint Antoine. Ces autels étaient adossés aux piliers de l'église.

Les procès-verbaux des visites faites en 1605 et 1608 par les supérieurs de la Congrégation des Exempts, nous apprennent que « le Très-Saint Sacrement était gardé, prés du grand autel, dans une armoire fermant à quatre battants, deux de bois et deux de fer, et renfermé dans une boite d'argent doré en forme de pigne de pin. Six chandeliers en cuivre doré de dix pieds de haut, ornaient l'autel. Par derrière était celui de saint Gérard, sur le devant duquel était une table ornée de plusieurs images de bronze doré ».

En mémoire de la consécration de l'église, chaque pilier portait un médaillon de pierre sur lequel se trouvait représenté un des apôtres tenant en ses mains un temple symbole, de l'église dont ils sont les fondateurs Deux vers faisaient connaître son nom et le genre de sa mort. Il ne reste plus qu'une partie de ces sculptures. Voici les inscriptions qu'on y lisait encore au 17e siècle.

Ancienne abbaye de la Sauve-Majeure à La sauve Gironde

Pour saint Pierre :

EXIT AB ERRORE , PETRIQUE RECEPTAT AB ORE , SACRAM ROMA FIDEM, NERO CRUCIFIGIT IBIDEM.
Home sort de l'erreur et reçoit la foi divine de la bouche de Pierre. Là, Néron le crucifie.

Pour saint Paul :

QUI PRIMO SAULUS EST DICTUS POSTEA PAULUS, ALTIOR IN DONIS, ROMAE RUIT ENSE NERONIS.
Celui qui d'abord fut appelé Saul et ensuite Paul, si élevé par les dons de Dieu , meurt par le glaive de Néron.

Pour saint André :

PRAEDICAT ANDREAS QUEM POST CRUCIFIXIT EGEAS.
André prêche, et ensuite Egée le crucifie.

Pour saint Jean :

QUI CORRUMPI NEC IGNE, JOHANNES CUM VIVIS AETHERE VIVIT.
Celui que le feu n'a pu corrompre , Jean vit dans le ciel avec les vrais vivants.

Pour saint Thomas :

THOMAS, QUEM VOLUIT SUA TANGERE VULNERA CHRISTUS, MYSTA DEI GECIDIT APUD INDOS CUSPIDE CAESUS.
Thomas, prêtre du Seigneur, à qui Jésus-Christ a permis de toucher ses plaies, est mort dans l'Inde frappé d'un coup de lance.

Pour saint Jacques-le-Majeur :

POENIS MULTIMODIS FUROR OLIM FECIT HERODIS SANCTOS PUNIRI , JACORUMQUE MUCRONE FERIRI.
La fureur d'Hérode a fait éprouver aux Saints toutes sortes de tourments et frappé Jacques par te glaive.

Pour saint Philippe :

IN PHRYGIAE GENTEM PHILIPPUM VERBA SERENTEM , CRUCIFIGUNT IERAPOLITAE.
Les Biéropolitains crucifient Philippel qui répandait la parole de Dieu dans la Phrygie.

Pour saint Jacques-le-Mioeur :

DUM JAQUES HORTATUR JUDAEOS, EXCEREBRATUR, NAM FERIT INJUSTE JUSTUM PLEBS IMPIA FUSTE.
Tandis que Jacques exhortait les Juifs, on lui écrase la tête ; un peuple impie met ce juste à mort d'un coup de foulon.

Pour saint Mathias :

POSTQUAM SORTE DATUM MATHIAS PONTIFICATUM PLURIBUS EXPLEVIT ANNIS IN PACE QUIEVIT.
Après que Mathias eût exercé, pendant plusieurs années, l'apostolat que le sort lui avait donné, il mourut en paix.

Pour saint Barthélemy :

VERTENDA A DOMINO DATUR INDIA BARTHOLOMEO REGIS OB H. CO. HIC ENSE FERITUR.
Le Seigneur confie à Barthélemy la conversion de l'Inde, l'ordre d'un roi le fait frapper par le glaive.

Pour saint Matthieu :

TELIS PARTHACI NARRATUR IN URBE FERACI NADABER EVFLICTUS MATTHiEUS LEGIFER ICTUS.
Matthieu, le législateur, fut, dit-on, frappé par les traits cruels du Parthe, dans la ville de Waddaverv.

Pour saint Jude :

DUH DOCET ET PER EUM CREDUNT, JESU, TIBI PERSAE, JUDAM PONTIFICUM GLADIO FERIT AGMEN INIQUUM.
Tandis que Jude enseigne et que par lui les Perses embrassent votre foi, à Jésus ! une criminelle troupe de prêtres idolâtres le met à mort.

L'église de la Grande-Sauve a subi divers dommages et réparations. Déjà en 1608 les voûtes étaient crevassées et menaçaient ruine. En 1804, les habitants de la Sauve adressèrent une pétition au Préfet de la Gironde, pour demander que le culte paroissial fut rétabli dans l'église abbatiale plutôt que dans l'église paroissiale. Mais cette pétition étant demeurée sans effet, quelques années plus tard, les voûtes s'écroulèrent et laissèrent ce magnifique édifice dans l'état où nous le voyons. On y retrouve cependant les traces de son ancienne splendeur, soit dans la beauté de la pierre, soit dans la richesse de son style roman et quelquefois ogival, soit dans le grand nombre et le fini de ses bas-reliefs et de ses chapiteaux historiés. Ainsi, on y voit le sacrifice d'Abraham, les scènes de la mort de saint Jean-Baptiste, la danse d'Hèrodiade, la décollation de saint Jean, le repas où sa tête est apportée dans un plat, puis des dragons, des sagittaires et les riches arcades qui ornent l'extérieur de l'abside. Quant aux statues qui décoraient l'ancienne façade entièrement détruite, on peut s'en faire une légère idée par le plan donné au commencement de ce volume.

Ancienne abbaye de la Sauve-Majeure

Un clocher octogone s'élève sur une base carrée au-dessus du bas-côté droit. Il se divise en trois étages dont le premier roman et les deux autres en ogive. Cette diversité n'indique pas moins que les manuscrits de l'Abbaye les constructions dont il a été l'objet à diverses époques. C'est dans ce bas-côté, partie la plus conservée de l'édifice, que se trouve une des chapelles du Collège.

A l'église, tenaient un grand nombre d'autres bâtiments formant le magnifique ensemble de l'abbaye de la Grande-Sauve. Le dortoir auquel on montait de l'église par un escalier de trente degrés, situé à l'extrémité de la sacristie, avait environ quarante-sept mètres de longueur sur douze à peu prés de largeur, en y comprenant les chambres qui l'avoisinaient. Du milieu du dortoir on descendait par vingt-neuf degrés au grand cloître dont les deux allées qui s'étendaient du midi au septentrion , avaient plus de quarante mètres de longueur et les deux autres, trente-quatre. La largeur était partout de cinq mètres : on en voit encore quelques chapiteaux et naissances de voûtes.

Le Chapitre, placé sous le dortoir, touchait à la sacristie vers le septentrion. Il avait seize mètres en longueur et onze en largeur. Ses voûtes ogivales de six mètres d'élévation étaient peintes et soutenues par deux rangs de colonnes groupées, de quatre à chaque rang Les clefs des voûtes ainsi que celles du cloître représentaient les mystères de l'ancien et du nouveau Testament. On voit encore dans quelques-uns de ces médaillons, la tentation d'Adam et d'Eve, la Sainte-Famille, Jésus-Christ au tombeau.

Le réfectoire était au midi du cloître ; il avait plus de trente quatre mètres de longueur et plus de treize en largeur. D'après la description de Du Laura, ce que l'on voit maintenant de ce réfectoire n'en est qu'une partie. Il était soutenu dans le milieu par six piliers. Ses voûtes ogivales étaient peintes comme celles du chapitre.

Tous ces bâtiments, aussi bien que l'église, étaient pavés en mosaïque représentant des lions, des oiseaux, des fleurs de lis et autres sujets. Le musée des antiques de Bordeaux en conserve quelques fragments.

Le maître-autel et quelques boiseries du cœur de l'Abbaye, du style de la renaissance, sont aujourd'hui dans l'église de Salles.

Divers titres prouvent qu'il y avait un second cloître destiné aux novices et qu'il s'étendait de la salle dite de France vers l'église paroissiale de saint Jean, dont nous parlerons plus loin. Or, la Salle de France touchait à la maison abbatiale et s'étendait aussi bien qu'elle le long de l'allée du grand cloître du septentrion au midi. On voit encore la Porte abbatiale à colonnes torses et surmontée d'une statue de saint Gérard, à genoux.

La fontaine de saint Gérard se voit encore au midi de l'Abbaye. Cette fontaine , objet autrefois de la vénération des peuples, et toujours très-abondante est suivie d'un vaste réservoir voûté en forme de cave, ayant à sa voûte une ouverture par laquelle on puisait.

Nous ne pouvons rien dire des maisons des officiers de l'Abbaye, de ses hospices, ou ses aumôneries, dont il ne reste plus de trace. Nous ajouterons seulement que son verger s'étendait depuis la maison abbatiale jusqu'à la ville de la Sauve.

Source : Histoire de l'abbaye et congrégation de Notre-Dame de la Grande par Cirot de la Ville 1845.

photo pour Ancienne abbaye de la Sauve-Majeure

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 168396
  • item : Ancienne abbaye de la Sauve-Majeure
  • Localisation :
    • Aquitaine
    • Gironde
    • La Sauve
  • Code INSEE commune : 33505
  • Code postal de la commune : 33670
  • Ordre dans la liste : 39
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 13e siècle
  • Dates de protection :
    • 1929/04/12 : classé MH
    • 2002/04/09 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/11

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Avant délimitation par classement de 1929, l'abbaye figurait sur la liste de 1840 et sur le J.O. du 18 04 1914. Inscription 23 04 1999 (parties non protégées de l'abbaye et de la grange dîmière) (arrêté) annulée.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :8 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • salle
    • grange
    • cloître
    • site archéologique
    • église
    • salle capitulaire
    • grange aux dîmes
    • ARC
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 3 informations diverses sont disponibles :
    • anciennement commune de type sauve-majeure (la) propriété de l'etat
    • propriété d'une société privée 1992
    • propriété de la commune
  • Photo : 85e3d09cb732e81c8777268d22b06734.jpg
  • Détail :
    • Les restes de l' ancienne église
    • le terrain rectangulaire de 21 mètres sur 29 mètres situé au sud de la nef, limité au nord par le mur méridional de l' église, au sud, à l' est et à l' ouest par des murs anciens
    • terrain situé à l' est de l' église jusqu' à la route de la mairie, à Gouffreteau
    • terrain situé à l' ouest de l' église sur une profondeur de 2 mètres environ et limité vers le nord par des bâtiments modernes : classement par arrêté du 12 avril 1929 - Les parties non encore classées de l' abbaye (cad. AP 120, 121, 124 à 127, 130, 202, 203, 274 à 276, 278), y compris la grange dîmière (cad. AP 277) : classement par arrêté du 9 avril 2002
  • Référence Mérimée : PA00083832

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

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