Eglise Notre-Dame

Guîtres, arrondissement de Libourne, chef-lieu de canton, l'église est sous le vocable de Notre-Dame, c'est une église d'une abbaye bénédictine.

L'église abbatiale de Guîtres, l'une des plus considérables de la Gironde, est aussi l'une de celles qui ont le plus souffert du vandalisme des hommes de guerre et des hommes de l'art. Incendiée en 1568 et 1569, elle fut longtemps dans le plus pitoyable état : le cardinal de Sourdis prescrivit, en 1609, de relever l'autel et le chœur, c'est-à-dire, je pense, les stalles ; ces travaux n'étaient pas effectués en 1614, ni même en 1633, bien que Peirese, abbé commendataire de Guîtres, employât à la restauration de l'abbaye les revenus de son bénéfice ; on traita, en 1640, avec un menuisier de Bordeaux pour le rétablissement du chœur ; en 1628, les paroissiens avaient fait un clocher sur l'église, ce qu'il faut comprendre sur la croisée du transept. La Révolution négligea l'entretien du monument et, quand le culte fut rétabli, Notre-Dame de Guîtres menaçait ruine.

L'abbatiale de Guîtres est orientée à peu près Est-Nord-Est. Le plan est exceptionnellement beau pour le pays : rond-point à déambulatoire sur lequel s'ouvrent trois chapelles absidales ; large transept, avec une absidiole sur chaque bras ; nef de six travées, accompagnée de bas-côtés.

La partie orientale, depuis le transept inclusivement, est romane ; toutefois, les colonnes cylindriques entre l'abside et le chœur, d'une part, et le déambulatoire, de l'autre, ont été retaillées ou reprises ; sur les tailloirs de ces colonnes reposent autant de colonnes engagées, qui portent les doubleaux du déambulatoire.

La voûte du déambulatoire est un berceau brisé annulaire ; de même, les bras du transept sont couverts d'un berceau brisé. D'autre part, ce tracé est adopté pour toutes les parties portantes de la construction romane: débouchés de l'abside et des absidioles, arcades entre déambulatoire et chevet, etc. Il est malaisé de saisir comment était voûté à l'origine le carré du transept : il a reçu, vers le XVIe siècle, une croisée d'ogives, dont il reste les culs-de-lampe et surtout, à l'angle Sud-Ouest, des amorces. Le clocher élevé en 1628 compromit apparemment la stabilité de cette partie de l'édifice : on construisit sur la croisée, en 1819, une coupole, qui fut ajourée d'un œil-de-bœuf.

Eglise Notre-Dame à Guitres Gironde

Les murs des collatéraux sont de deux époques : dans leur partie Est, ils sont de construction romane ; les deux dernières travées à l'Ouest appartiennent au XIIIe siècle, soit que l'édifice ait été terminé au cours de ce siècle, soit que les deux travées dont il s'agit aient été rebâties. En 1243, le roi d'Angleterre accordait une subvention de 60 marcs pour achever la façade ; or, les fenêtres des deux travées occidentales, malgré leur archivolte d'étoiles, accusent une date voisine de celle-là ; d'autres fenêtres, dans la travée qui est à l'Est des deux précédentes, sont plutôt du XIVe siècle.

Quant à l'intérieur, il paraît avoir été remanié, voûtes comprises, dès le XIIIe siècle : de cette époque il subsiste des formerets, au-dessus des voûtes actuelles, dans les trois ou quatre travées occidentales de bas-côtés, et une paire de piles entre la troisième et la quatrième travée, à compter de l'Ouest. On ne fit pas, d'ailleurs, que des formerets : des arrachements de voûtains adhèrent au revers de la façade. Il semble donc bien exact que les voûtes ont été démolies, comme on le disait jadis. Avant 1838, les quatre travées occidentales n'avaient ni grandes arcades ni voûtes ; la charpente apparente était montée sur de vigoureux poteaux, qui, eux-mêmes, portaient sur les piles ; les deux autres travées ont des voûtes du XVIe siècle, à clefs pendantes.

En 1838, Bordes dressa un état des lieux qui montre l'église en cet état et il étudia une restauration où il s'essayait à combiner « le genre gothique » et « l'architecture moresque ». Les ressources manquèrent heureusement pour réaliser ces conceptions : le projet de façade était extravagant. Ce qui fut fait à ce moment-là est déplorable : on calcula mal la résistance des piles, et il fallut, d'urgence, consolider quatre de ces supports, dont les formes furent modifiées à grand renfort de bois et de plâtre ; de piles dites prismatiques on fit des piles à quatre colonnes engagées. Cette piteuse restauration était finie en 1839.

L'intérieur a encore été, en 1877, suivant une inscription, l'objet d'un « ravalement ». En réalité, il s'agit d'un badigeonnage, sur lequel on a dessiné un appareil de fantaisie et qui n'aide pas à l'étude des constructions.

La charpente est l'une de ces œuvres, assez nombreuses, qui passent pour être de châtaignier et qui, en réalité, sont de chêne. C'est une charpente gothique très haute, très vaste : les entraits passent à 3 mètres au-dessus de l'extrados des voûtes : jusqu'à ce niveau, la charpente est montée sur des poteaux. Depuis les sablières des bas-côtés jusqu'au faîte, la hauteur n'est guère inférieure à 12 mètres. Sans doute, cette disposition coûteuse a été dictée par le souci d'abriter sous un toit unique la nef et les bas-côtés. La série des fermettes est interrompue, de distance en distance, par des fermes à tirant et poinçon ouvragés. La façade a été mise en état vers 1846. Un devis dressé cette année-là par Gautier prévoit la réfection des assises hautes, disloquées par les arbustes, de claveaux dans la porte et les fausses portes, de fûts, de bases, de la partie inférieure de divers contreforts ; il fallait, en outre, débarrasser la face Nord de la végétation parasite et en déchausser le pied, qui était enterré sur une hauteur de près de 3 mètres. Ce dernier travail ne semble avoir été effectué qu'en 1861.

Dans la façade occidentale, l'ensemble appartient au roman saintongeais ; les détails, qu'il faut étudier avec quelque défiance, sont gothiques : la fusion n'est dépourvue ni de charme ni d'intérêt. Le flanc Nord du monument a été réparé, vers 1850, par Courau : cet architecte a travaillé aux têtes des quatre contreforts anciens, et il a reconstruit un cinquième, « bien que neuf, » pour le mettre en harmonie avec le style de l'église. Son projet nous apprend que, dans le transept Nord, la porte était dégradée : partie des colonnettes manquaient, partie des sculptures des arcs étaient rongées par le salpêtre, la corniche était détruite ; il fallait, en outre, percer au-dessus de cette corniche une grande fenêtre.

Il existe trois portes sur cette face Nord : l'une, dans la travée Ouest, est du XIIIe siècle et en arc brisé ; la seconde, deux travées plus loin, est du XIIe siècle et à voussure polylobée ; la troisième, dans le transept, est accostée de deux fausses portes. Dans l'angle Nord-Ouest du transept on a réemployé un chapiteau gallo-romain.

La face méridionale garde une file de corbeaux, très simples ; ils ont porté la corniche romane et le faîte du toit en appentis qui couvrait une galerie du cloître.

Source : Les églises de la Gironde par Jean Auguste Brutails 1912.

photo pour Eglise Notre-Dame

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 49299
  • item : Eglise Notre-Dame
  • Localisation :
    • Aquitaine
    • Gironde
    • Guîtres
  • Code INSEE commune : 33198
  • Code postal de la commune : 33230
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 13e siècle
    • 15e siècle
  • Date de protection : 1901/09/02 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/11

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 889fd8bb5848e14d32713b91b5a19309.jpg
  • Détails : Eglise : classement par arrêté du 2 septembre 1901
  • Référence Mérimée : PA00083568

photo : pierre bastien

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