photo : pierre bastien
S'il nous fallait nommer les comtes de Coutras, nous répéterions une partie de l'article Fronsac ; nous rappellerons seulement qu'en 1621 Louis XIII coucha dans le château de cette ville.
Ce château avait une chapelle qui avait été profanée par les seigneurs de la religion réformée, le cardinal de Richelieu, duc de Fronsac, la rendit au culte ; et pour en perpétuer le souvenir il eût voulu y voir le duc d'Épemon y recevoir l‘absolution de la sentence d‘excommunication prononcée contre lui par de Sourdis, archevêque de Bordeaux ; mais celui-ci persiste à la lui donner devant la porte de l‘église Saint-Jean de Coutras. La cérémonie eut lieu en 1631.
Pendant les guerres de la Fronde, Coutras fut un centre de ralliement pour la princesse de Condé et le duc d‘Enghien, son fils ; elle s'y arrêta le 29 mai 1650, ayant traversé le Périgord et se dirigeant vers Bordeaux. « Ce lieu fameux, dit Lenet, par la bataille que Henri IV, étant encore roi de Navarre, y donna au duc de Joyeuse..., l’est encore par la beauté de sa situation entre les rivières de l'Isle et de la Drône, et par la beauté de la maison et des grands jardins qui l’accompagnent : c'est ce qui le fit juger propre à y faire quelque séjour en attendant que les choses fussent en l’état que nous les souhaitions à Bordeaux. Et déjà les dames et quelques-uns de ceux que j’ai nommés à leur sujet commençaient à faire-des chiffres sur les écorces des lauriers les plus hauts et les plus beaux que j‘aie vus de ma vie, et qui forment une belle allée sur le bord d’un très-grand canal, quand un avis que l‘on reçut..... fit changer d’avis et résoudre de marcher sur Bordeaux avec toute la diligence possible. » Coutras appartenait à la princesse ; en quittant Bordeaux, elle y revint, le 6 octobre, et y passa quelques jours avec le duc de Bouillon et autres grands seigneurs et grandes dames qui promenèrent leurs grâces dans les beaux jardins du château. La belle duchesse de Longueville y vit à ses pieds le prince de Condé (1651).
De ce château, de ces jardins tant vantés, il reste une porte donnant accès dans une cour ; son sommier cintré est surmonté de colonnes torses fort élégantes, servant d’appui à une arcade d‘un cintre plus arrondi, et un puits hexagone. Ce puits est recouvert d'une coupole supportée par des colonnes d'ordre dorique et couronnée d’une petite lanterne surmontée d'une calotte en écaille et d’un dauphin. L'architrave sculptée avec goût offre alternativement, dans ses six compartiments, des armoiries mutilées et un bras de chevalier reconnaissable au gantelet. Le bras, armé d'un large cimeterre, en frappe plusieurs nœuds assemblés, au-dessous desquels, sur une banderole jetée avec grâce, on lit ces mots: Nodos virtute resolvo.
Source : Histoire De Libourne et des autres Villes Et Bourgs De Son Arrondissement par Raymond Guinodie 1845.