photo : pierre bastien
Eglise romane (Sancti-Martini de Bonnetan) dont la construction remonterait vraisemblablement au XIIe siècle ; remaniée à la suite de l'effondrement des voûtes à partir de 1664 ; édifice très restauré en 1890 date à laquelle furent ajoutés une sacristie, un porche, une fausse voûte et une tribune.
Ce joli meuble en noyer provient de l'église de la Mercy, à Bordeaux. Acquis pendant la révolution par M. Fournié, il fut donné par ce propriétaire à l'église qu'il décore aujourd'hui.
Le style recherché, et même un peu tourmenté de ce fragment, doit le faire rapporter à la fin du règne de Louis XIV ou au commencement du règne suivant ; les détails de sculpture en ont été traités avec un soin et une délicatesse vraiment remarquables.
La partie la plus heureuse, dit M. de Lacolonge fils, est la tribune. Les moulures de la main-courante et du soubassement sont riches et d'un beau travail. On doit y remarquer un demi-rond de 0 met. 09 cent., délicieusement fouillé en feuilles de laurier. Les caissons, bien en accord avec les détails, sont ornés de figures de 0 mèt. 45 cent, de haut, d'une jolie sculpture. Le sujet central représente la consolatrice des affligés ; elle est d'une douleur charmante. La Vierge étend ses mains sur deux suppliants pleins de mouvement. Les trois autres compartiments représentent, je pense, des illustrations de l'ordre des Mathurins. Le travail de ces quatre figures est beau ; les draperies, soigneusement fouillées, laissent dessiner les formes et indiquent, comme la guirlande de laurier, une main heureuse et exercée.
Les moulures de la rampe sont les mêmes que celles de la tribune. Les caissons, au nombre de trois, sont remplis par des emblèmes sculptés avec goût, bien que le travail ne soit plus aussi délicat que dans les parties de la tribune. Chaque motif est surmonté d'une légende qui se rapporte à l'œuvre à laquelle se consacraient les religieux de l'ordre :
Un affreux poteau, qui a remplacé un pilastre, termine l'extrémité inférieure de cette rampe.
Le cul-de-lampe est lourd ; les sculptures en sont encore plus négligées que celles des caissons de la rampe. Un bouton maniéré semble indiquer une autre main ou la fin de l'inspiration.
Le dossier est nu et sans style, bien qu'il semble contemporain du reste.
L'abat-voix est plus en harmonie avec le reste de l'œuvre. Les moulures en sont fort riches, mais les caissons d'une nudité pénible à voir. Celui du centre porte un affreux pigeon moderne, blanc, à bec et pattes rouge-vermillon. Enfin, au-dessus, s'épanouit une pléiade d'ornements mesquins sans style et sans goût.
Le plan général n'est pas régulier ; mais les moulures, surtout celles des caissons de l'abat-voix, sont raccordées et composées avec beaucoup de soin. Je suis porté à croire que cette obliquité était commandée par la maçonnerie. Ce défaut, du reste, est masqué avec talent, à tel point qu'il disparaît à l'œil, quand le fil à plomb ne le dirige pas.
Source : Compte-rendu des travaux de la commission des monuments historiques par Joseph François Rabanis, Léonce de Lamothe 1847.