photo : Daniel Pelletier
Même si le château que présente cette fiche n'a plu que peux de rapport avec l'ancien château d'Arsac, Il me semble important de retracer ici l'histoire des familles qui ont fait l'histoire de ce lieu.
Toutes les nobles demeures que nous venons de passer en revue, La marque, Citran, Margaux, Rauzan, Issan et Giscours, appartiennent au canton de Castelnau. Si nous étions justes, ce ne seraient pas les seules qui dussent prendre une place dans ce recueil. Le beau château de Brane-Cantenac, autrefois connu sous le nom de Gorce, et appartenant, depuis de longues années, à l'un de nos plus recommandables concitoyens, M. le baron de Brane ; le château Siran, dont Mme de Lautrec est propriétaire ; et enfin, le château d'Arsac, que possèdent MM. Monmejan et Chretin, sont autant de magnifiques domaines, qui, par l'excellence et la délicatesse de leurs vins, sont, eux aussi, l'honneur et la fortune de notre Gironde.
Si Brane et Siran ne nous apportent à l'esprit que des impressions toutes modernes, le château d'Arsac, en revanche, se montre à nous avec un long passé historique.
Ce fut là, en effet, pendant quatre siècles, le domaine des sires d'Arsac, dont le chef vivait en l'année 1125.
La maison d'Arsac était l'une des plus anciennes de la Guyenne. Les membres de cette famille avaient fait toutes les guerres d'Henry III et d'Edouard III, rois d'Angleterre. Comme les plus grandes familles de la contrée, comme les sires de Lesparre, les Durfort et les Monferrant, ils possédaient un hôtel dans Bordeaux.
Le château resta dans la famille d'Arsac jusqu'au jour où l'unique héritière de la maison, Jacquette d'Arsac, épousa Thomas Montaigne, le frère de l'immortel écrivain dont le lycée de Bordeaux est assez heureux pour conserver encore la dépouille.
« On croit devoir observer, dit à ce sujet l'abbé Baurein, que ce Thomas de Montagne étoit frère du célèbre Michel de Montagne, et c'est de lui dont parle M. de Querlon dans une note qu'on trouve à la page 9 du Discours préliminaire des voyages de Montaigne, dont il est l'éditeur. « Le sieur » d'Arsac, dit-il, possesseur d'une terre en Médoc, qui fut ensevelie sous les sables de la mer, étoit un des frères de ce célèbre philosophe. Il paroît par ce qu'on a déjà dit, qu'au lieu d'une terre il en possédoit quatre dans le Médoc. Ce fut celle de Lilhan qui fut ensevelie sous les sables de la mer, et qui depuis long-temps est couverte, pour la majeure partie, par les eaux de l'Océan. »
Après avoir appartenu à Thomas Montaigne et à son fils Mathias Montaigne, le château d'Arsac passa dans la maison d'Arrerac, et de celle-ci dans celle de Ségur Cabanac, qui en jouissait encore sous Louis XVI.
Source : Les châteaux de la Gironde: Mœurs féodales, détails biographiques par Henry Ribadieu 1856.