photo : filou30
Saint-Jean fut fondé par un essaim sorti de la grande ruche bénédictine.
On ignore à quelle date les moines, venus de Saint-Gilles, pénétrèrent dans le val de Gardonnenque, couvert de forêts et de broussailles. Il n'existe à cet égard ni documents précis, ni tradition même confuse. Les souvenirs locaux ont disparu; nul n'a pris soin de les recueillir.
Le premier document qui révèle l'existence de Saint-Jean est une bulle du Pape Innocent III , en date du 12 novembre 1208. Cette bulle confirme, en faveur de Pons Ier, abbé de Saint-Gilles, les possessions, droits et privilèges de ce monastère. Dans l'énumération des églises qui en dépendent, nous lisons : Ecclesiam Sancti Johannis de Gardonnencâ cum villa.
Une cité naissante existait déjà autour de l'église. Les environs se peuplaient peu à peu. Au XIIIe siècle, les transactions deviennent fréquentes, régulières. Des scribes ou notaires les sanctionnent en les enregistrant.
Suivant la coutume bénédictine, l'arrivée des moines entraîna la création immédiate d'un prieuré. Les travaux de construction de l'église et du cloître commencèrent en même temps. Le prieuré, ses dépendances et sans doute un jardin s'étendaient jusqu'à une maison en moellons taillés, à fenêtres à croisières, formant l'un des angles du carrefour appelé « les quatre coins de rose. »
Plus tard, des rues se tracèrent, des maisons s'élevèrent sur l'emplacement du prieuré. De celui-ci, il ne reste absolument rien.
Une tour carrée de 22m50 d'élévation, à toit plat, abritant l'horloge municipale, constitue le seul vestige de l'église.
La face sud du clocher repose sur un pan de muraille de 8m30 de hauteur et de 9m70 de largeur, au ras du sol, percé d'un arceau à plein cintre, aujourd'hui bouché, de 6m50 de hauteur dans oeuvre, sur 5m65.
A gauche de cette arcade, est un pilastre semi-cylindrique, un peu en retrait de l'angle ouest de la tour et à chapiteau fort simple.
De l'autre côté de ce pilier, on voit le pied droit et la naissance de voûte d'un second arceau, également muré, servant d'appui et de contrefort au clocher.
Au-dessus,une corniche peu saillante est surmontée de plusieurs bandeaux de moellons, sur lesquels s'appuie la tour.
Celle-ci est percée, sur ses faces Est et Ouest, de deux fenêtres étroites à plein cintre. Une seule ouverture existe sur chaque face Nord et Sud. Aucun ornement; rien qui dénote la phase transitionnelle du roman au milieu du XIIIe siècle. Pas de baies géminées ni de colonnettes ; aucune corniche et pas d'attique.
Les pierres de la construction sont d'appareil moyen. L'ensemble est nu d'aspect et appartient à la période romane. Dans le midi de la France, le roman se conserva plus longtemps que dans le Nord. Plusieurs monuments du style roman y datent du XIIIe siècle, même du XIVe.
L'église du prieuré était placée sous le vocable de la Nativité de saint Jean-Baptiste. De là, le nom de la ville, auquel vint s'ajouter, comme signe distinctif, celui de la vallée de Gardonnenque (Le terme de Gardonnenque désignait, au moyen-âge, la partie inférieure de la viguerie appelée Entre deux Gardons (intra duos guardones), soit les cantons actuels de Saint-André de Valborgne et de Saint-Jean. Vallis gardouenqua, 813 (Histoire de Languedoc, I, pr. p. 38). Gardonnenqua, 1120 (Ménard, I, pr. p. 28). Sanctus Jobannes de Guardonicà, 1300 (Cartulaire de Psalmodi).).
Source : Bulletin du Comité de l'art chrétien / (Diocèse de Nîmes) 1877.