Dans une petite rue en face de l'église, on voit une maison qui paraît avoir été construite à la même époque. Elle est maintenant habitée par de pauvres gens et fort mal entretenue. Les fenêtres de la façade sont carrées, mais surmontées d'une archivolte trilobée avec un tympan orné de trèfles à jour. Les étages sont séparés par un cordon ou une frise de losanges, formés par des lignes croisées gravées en creux. Au-dessous de cette frise, trois grandes pierres sans ornement figurent comme un bandeau qui occupe toute la longueur de la facade. Il coupe une espèce d'arcature bouchée en anse de panier dont les claveaux ne dépassent pas l'alignement du mur où ils sont engagés. Je ne comprends pas ce que la maison peut gagner de solidité à cet appareil bizarre, qui certainement appartient à la construction primitive.
L'intérieur de la maison ayant été souvent réparé n'offre plus de vestiges de son ancienne disposition, si ce n'est une grande cheminée avec un manteau conique à pans, telle que les miniatures du XIIe et XIIIe siècles nous les représentent ordinairement. Il serait bien à désirer qu'on prît quelque soin de conserver cette maison qui offre un modèle précieux de l'architecture civile au moyen-âge, et qui, suivant toute apparence, a été la demeure de quelque personnage considérable au temps de la splendeur de St-Gilles.
Source : Album archéologique et description des monuments historiques du Gard par Simon Durant,Henri Durand,Eugène Laval 1853