Eglise

Parmi les monuments religieux et historiques de la Gaule méridionale des environs d'Arles, il est impossible de ne pas mentionner l'église de la célèbre abbaye de Saint-Gilles, ville dont le nom dans l'antiquité fut Rhoda Rhodiorum, colonie que les Rhodiens fondèrent sur les bords du Rhône suivant Pline l'Ancien, lib. III, cap. IV.

Sur le perron de cette église, en 1209, Raymond, comte de Toulouse, fit amende honorable. Pierre de Vaulxcernai, auteur contemporain, nous en a transmis le souyenir.

L'église de Saint-Gilles est un monument admirable de l'art byzantin ; la façade est de la période romane.

Il faut distinguer, quant à la date des constructions, l'église inférieure et l'église supérieure.

L'église inférieure est vaste, bien éclairée ; les piliers corinthiens qui la divisent en deux nefs sont revêtus en marbre. On l'appelle improprement église souterraine, puisque du cloître on y pénètre à plein pied ; elle est au même niveau que le cloître, dont évidemment elle était l'église : elle est trop vaste pour que j'ose la nommer la chapelle du cloître. On dut la construire pour célébrer le saint sacrifice, en attendant la construction de l'église supérieure.

L'église inférieure n'a jamais été plus grande. Elle a été bâtie avant la fin du XIe siècle. En 1096, le pape Urbain II, après le concile de Nîmes, se rendit à Saint-Gilles, et il fit la dédicace, en l'honneur du Dieu tout-puissant, de cette première partie de la basilique.

L'église supérieure, dédiée à saint Gilles, patron de la cité, et dont elle a pris le nom, fut commencée en avril 1116. Voici l'inscription lapidaire qui le prouve:

Cette inscription existe encore aujourd'hui, en général, on l'a inexactement imprimée.

On voit, d'après ces deux époques, que cette basilique a, été commencée vers le milieu au plus tard du XIe siècle et continuée dans le douzième. C'était l'époque de la construction des plus beaux monuments religieux de France, de l'église de Saint-Denis, des cathédrales de Paris, de Laon, de Verdun, etc. Mais, l'église de Saint-Gilles n'a jamais été achevée, et a été ruinée par les guerres de religion en 1562 et en 1622 au mois de juillet.

En 1562, l'église fut pillée et changée en une forteresse : elle dut subir de grandes dégradations dans ce changement. Enfin, en 1622, le duc de Rohan, générale des églises réformées en Languedoc, ne pouvant se maintenir dans le fort ou église de Saint-Gilles, en ordonna la démolition ; ce qui fut exécuté au moyen de la sape.

Église supérieure (telle qu'elle était avant 1562)

Façade AB, 16 toises ou un peu plus de 31 mètres.Longueur AE ou BF, 42 toises 3 pieds ou 83 mètres. Vieux chœur C. D. E. F. qui n'a pas été rétabli. On trouve la vis de Saint-Gilles en V, du côté du nord. La longueur du vieux chœur est de 16 toises ou 31 mètres.

Eglise moderne

Façade, la même que l'ancienne : 16 toises ou 31 mètres. Longueur AD ou BC, 52 mètres ou 26 toises.

Eglise inférieure

Même longueur et même largeur que l'eglise moderne. Quant à l'épaisseur des murs, elle est d'environ trois mètres partout, tant dans l'église inférieure que dans la supérieure.

Ces notes sont destinées à rectifier quelques erreurs échappées à M. Prosper Merimée relativement à cette église (Notes d'un voyage dans le midi de la France, page 236). Ce savant a été mal informé en ce qui concerne l'histoire du monument. Ainsi on lui a dit que tout aurait été démoli sans un cordonnier, président d'un club, qui demanda grâce pour la fameuse vis et sauva ainsi la portion du transept gauche où elle est placée. Il y a erreur, involontaire sans doute, en ceci, et je crois rendre à chacun ce qui lui est dû, en rappelant que ce n'est pas un cordonnier, mais M. Michel, notaire de Saint-Gilles, décédé seulement depuis trois ans, qui sauva la fameuse vis et une partie des bâtiments.

L'histoire du monument renferme quelques autres erreurs. Ainsi l'abbé de Saint-Gilles était prieur crossé et mitré, mais nullement évêque. Ces légères inadvertances sont faciles à rectifier.

Dans la partie purement descriptive, M. Merimée est admirable de vérité ; aussi, pour donner une idée du monument, nous suffira-t-il de transcrire sa description du magnifique portail.

« C'est sur la façade, dit-il, que s'est épuisé tout le caprice, tout le luxe de l'ornementation bysantine. Elle se présente comme un immense bas-relief de marbre et de pierre, où le fond disparaît sous la multiplicité des détails. Il semble qu'on ait pris à tâche de ne pas y laisser une seule partie lisse : colonnes, statues, frises sculptées, rinceaux, motifs empruntés au règne végétal et animal, tout cela s'entasse, se confond ; des débris de cette façade on pourrait décorer dix édifices somptueux. Devant tant de richesses prodiguées avec une profusion inouïe, le spectateur ébloui d'abord, attiré de tous les côtés à la fois et ne sachant où arrêter ses regards, a peine à reconnaître des formes générales. C'est l'inconvénient du style byzantin ; on ne peut l'apprécier que de près. Du plus loin qu'on aperçoit un monument grec ou romain, on en saisit l'ensemble, on en devine les détails ; mais a un édifice du XIIe siècle, c'est un bijou qu'on doit, pour ainsi dire, examiner à la loupe. Il faudrait un volume pour décrire la façade de Saint-Gilles, je n'entreprendrai pas cette tâche au dessus de mes forces. »

Certes, je dois l'entreprendre moins encore et me borner à indiquer aux lecteurs les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, par Charles Nodier, Taylor et Cailleux. Les planches du monument ont été publiées, mais non encore la description écrite, que le style brillant des voyageurs littéraires rendra intéressante.

Ici il eut mieux valu dire église inférieure de Saint-Gilles, car cette église n'est pas souterraine, puisqu'elle est de niveau et en communication avec le cloître, dont elle était sans doute la chapelle.

La vis de Saint-Gilles est un escalier dont les marches portent sur une voûte rampante sur le noyau. Cet escalier, renommé parmi les architectes puisqu'il a donné son nom à la forme d'escalier dont il s'agit, appartient, non à l 'eglise, mais au prieuré adjacent à l'église et dont il est désormais la seule ruine conservée.

M. Merimée a eu raison de fixer l'attention sur une maison située. dans une petite rue en face de l'église, parce qu'elle offre un modèle précieux de l'architecture civile au moyen âge.

Source : Études archéologiques, historiques et statistiques sur Arles par Jean-Julien Estrangin.

photo pour Eglise

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 46294
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Languedoc-Roussillon
    • Gard
    • Saint-Gilles
  • Code INSEE commune : 30258
  • Code postal de la commune : 30800
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 18e siècle
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/10/21

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 2 informations diverses sont disponibles :
    • anciennement commune de
    • saint gilles du gard propriété de la commune 1992
  • Photo : 404d8b1e03973c9c8ccf15e3f466bb01.jpg
  • Détails : Eglise : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00103208

photo : pierre bastien

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