Château de Rustéphan

On a écrit beaucoup sur ce château ou manoir de Rustéphan, j'ai personnellement retenu une description tirée du "Magasin pittoresque" qui se présente sous la forme d'un compromis entre la descriptions rigoureuse et poétique. Ajoutons que cet édifice traverse les années avec plus ou moins de bonheur et si vous observez bien la gravure jointe datant à peut près de l'ouvrage (18e / 19e) vous constaterez la présence d'un mur qui n'est plus visible sur la photo d'illustration. D'autres recherches effectuées dans divers fonds documentaires, montrent aussi que des cris d'alarmes sont lancés périodiquement pour la sauvegarde de cet édifice. A ce jour rien ne semble fait.

Le Magasin pittoresque

Le voyageur qui parcourt la Bretagne à pied et le sac au dos, sans hésiter à s'égarer à droite ou à gauche, dans les landes ou les chemins creux, trouvera dans ce pays, plus peut-être qu'en aucun autre, des débris de vieilles constructions intéressantes au point de vue de l'architecture et a celui de l'histoire. Les paysans n'ont démoli que trop de ces ruines pour se bâtir des chaumières mais il en reste encore bon nombre, et il faut espérer que l'instruction, en se répandant, leur apprendra à respecter ce qui est si respectable. En Bretagne, en effet, on a le culte des morts; et n'est-ce pas les honorer que de ne pas détruire ces demeures où les ancêtres ont vécu, agi et souffert, surtout lorsque ces demeures gardent des traces de leurs efforts pour traduire leurs sentiments artistiques et satisfaire leur besoin du beau ?

Quand on suit la route de Quimperlé à Concarneau, un peu après avoir dépassé Pont-Aven, à quelques minutes de Nizon, sur la droite de la route, on trouve un débris de la fin du moyen âge, qui mérite bien d'arrêter l'attention à plus d'un titre. C'est le château, ou plutôt ce sont les ruines du château de Rustéphan.

Si l'on en croit la tradition et les chroniques, un château aurait été bâti en cet endroit, au commencement du douzième siècle, par le comte de Penthièvre, Étienne. Le fait n'aurait rien d'impossible l'étymologie même du mot (Run Stephan, le tertre d'Étienne) semble donner raison à la tradition. Mais l'édifice actuel, rebâti probablement sur l'emplacement de l'ancien, ne remonte pas au delà du quinzième siècle. L'appareil des pierres, en général, ne donnerait aucun renseignement sur son âge heureusement, au pied de la tour qui flanque la façade, encore debout en partie, s'ouvre une porte dont l'ornementation élégante équivaut à une date. On remarque, en effet, que le linteau de cette porte est surmonté d'un arc en accolade ou en talon. Or, ce genre d'arc était propre au quinzième siècle et s'employait pour couronner les arcs surbaissés des portes et des fenêtres dans les constructions civiles d'une certaine importance. Ou le trouve aussi dans l'architecture religieuse, le plus souvent même il encadre et continue les arcs en ogive. L'arc en accolade est quelquefois tout simple et tout uni; quelquefois son sommet se termine par un panache; quelquefois il est décoré sur les deux côtés de feuillages faisant le crochet. Ce dernier mode d'ornementation est le plus élégant de tous, et c'est celui qui a été adopté pour la porte de Rustéphan.

On remarque aussi que l'arc en accolade est entouré et surmonté d'un pinacle qui entoure la porte tout entière. Ce pinacle se détache en relief suffisamment apparent, à la façon des arcatures ogivales et romanes, et ses lignes légères et élancées jouent bien le rôle qu'on demandait a cette espèce de saillie architecturale, savoir découvrir la nudité d'une surface un peu trop massive et d'en rompre la monotonie.

On sait que le château avait une forme triangulaire, avec une tourelle en encorbellement à chaque angle on en voit encore une a gauche de notre gravure. À droite de la tour, on aperçoit une porte en arc surbaissé qui a une accolade. Les fenêtres avec leurs séparations de pierre, et quelques autres débris de sculpture ornementale, ont un caractère bien déterminé et fournissent de nouveaux renseignements à l'archéologue.

L'amateur de légendes et le poète, trouvent aussi leur compte au château de Rustéphan.

« Le peuple dit qu'anciennement on avait coutume de danser fort tard sur le tertre du château, et que si l'usage cessa, c'est que les danseurs aperçurent, un soir, la tête chauve d'un vieux prêtre, aux yeux étincelants, s'avançant pour les regarder à la lucarne du donjon. On ajoute à cela qu'on voit vers minuit, dans la grand'salle, une bière couverte d'un drap mortuaire, dont quatre cierges blancs marquent les quatre coins, et que jadis une jeune demoiselle, en robe de satin vert garnie de fleurs d'or, se promenait au clair de la lune sûr les murailles, chantant quelquefois, et plus souvent pleurant.» C'est le sujet d'une ballade recueillie et traduite par M. de la Villemarque, dans ses "Chants populaires de Bretagne".

  • Titre : Le Magasin pittoresque
  • Éditeur : [s.n.] (Paris)
  • Date d'édition : 1833-1938

Note : certains auteurs attribuent les ornements du château à un groupe d'imagiers maçonniques.

le ministère de la culture précise que :

Le château aurait été bâti, à l'origine, par Etienne, comte de Penthièvre, au 12e siècle. Les vestiges actuels remontent à la reconstruction du 15e siècle. L'ensemble a été vendu comme bien national à la Révolution. Les pierres du château ont servi à la construction des fermes alentour. La tour d'angle contient un escalier ayant conservé son noyau intact.

photo pour Château de Rustéphan

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 44551
  • item : Château de Rustéphan
  • Localisation :
    • Bretagne
    • Finistère
    • Pont-Aven
  • Lieu dit : Rustéphan
  • Code INSEE commune : 29217
  • Code postal de la commune : 29930
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 15e siècle
  • Date de protection : 1926/05/10 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/08/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 64a26710e9c16384095827d14ad07a6f.jpg
  • Détails : Château de Rustéphan, à Nizon (cad. C 279)) : inscription par arrêté du 10 mai 1926
  • Référence Mérimée : PA00090289

photo : webmaster