Eglise Saint-Restitut

Le plus remarquable est, sans contredit, l'église où il fut inhumé. Cette église n'est pas dans l'enceinte de la ville épiscopale, elle se trouve dans un bourg qui peut-être autrefois y était contigu et qui porte encore aujourd'hui le nom de saint Restitut.

L'auteur de la Statistique de la Drôme, parlant de l'église de Saint Restitut, dit que l'antiquité consacra ce temple à quelque divinité, et que quand la religion chrétienne fut devenue publique et dominante dans cette partie de la Gaule, on y substitua, comme cela ce pratiquait alors, un culte à un autre. Ne peut-on pas penser, ajoute-t-il, que c'est à cause de cette sorte de restauration, de la consécration de cette église au christianisme, qu'elle fut nommée Restitutum templum, et que du mot Restitutum on a fait plus tard Saint-Restitut ? Cette étymologie a été adoptée par M. Antoine Macé, traducteur d'Aymard du Rivail, Histoire des Allobroges. Mais outre qu'elle est contraire à la tradition, elle est évidemment inadmissible. Car en passant du culte des faux dieux à celui du christianisme, le temple n'aurait pas été rendu ou restitué à sa première destination. Ce serait précisément tout le contraire. (Delacroix, Statistique du département de la Drôme, art. Saint-Restitut, p. 594.)

Les archéologues et les antiquaires l'admirent comme l'un des plus beaux monuments de la contrée, au point de vue de l'art ; ce sont les seuls pèlerins qui la visitent de nos jours ; mais dans les siècles de foi, elle était le rendez-vous d'une multitude innombrable de fidèles que les reliques du saint Apôtre y attiraient de toute part, et parmi lesquels on remarquait surtout un grand nombre d'aveugles qui venaient demander leur guérison à ce pauvre mendiant de l'Évangile, aveugle lui même de naissance, à qui le Seigneur avait daigné rendre la vue.

On lit dans les leçons de l'ancien office de Saint-Restitut, que son tombeau était constamment visité par une multitude de pèlerins qui s'y rendaient de toute part, et que le roi Louis XI, lui-même, y vint vers l'an 1449, avec une suite nombreuse, et y laissa des présents très considérables. Officia sancti Restituti, lect. v°. Officia propria ecclesiae tricastinensis et diœcesis Valentinensis. « Quapropter sepulcrum istud fidelium undequaquè confluentium et ipsius Ludovici undecimi peregrinatione gloriosum extitit »

Le même fait est consigné dans le procès-verbal de l'invention des reliques de saint Restitut par Etienne Genevès, évèque de Saint-Paul. Cet acte qui est de 1465, se trouve parmi les pièces justificatives de l'Histoire de l'église de Saint-Paul-Trois-Châteaux , par le P. Royer. On y lit ces paroles : Christianissimo regi francorum Ludovico XI dignissinio B. Restituti potentissimo dignis cum muneribus peregrino. (Royer, Hist., p. 358.)

Le modeste tombeau qui renfermait les reliques, objet de tant de confiance et de vénération, demeura intact durant le cours de plusieurs siècles ; mais, en 1249, un évêque de Saint-Paul, nommé Laurens, le fit reconstruire sous la direction d'un habile architecte et constata l'authenticité du précieux dépôt que l'on y découvrit dans un acte dont la teneur est parvenue jusqu'à nous.

Deux cent seize ans après, c'est-à dire en 1465, le tombeau fut ouvert une seconde fois par l'évêque Etienne Genevès : « Ce fut, dit le père Boyer de sainte Marthe, le dix avril, jour du mercredi saint, après bien des prières et des jeûnes qu'il avait faits et ordonnés. Il partit de Saint-Paul accompagné de Pierre de Velhieu, son archidiacre, d'Hugues Genevès, sacristain, d'Arnaud Sollier et de Pierre de Lauzun, vicaire perpétuel de la paroisse qui porte le nom de saint Restitut. Ils s'acheminèrent à pieds vers ce village, et le plus secrètement qu'il leur fut possible ; ils y arrivèrent à sept heures du matin. L'évêque ayant dit la sainte messe, il se munit d'un hoyau, ce que les chanoines firent aussi, et s'avançant vers l'endroit où ils croyaient que le corps du Saint reposait, ils creusèrent la terre assez profondément, puis ils abattirent une muraille où ils trouvèrent un tombeau fort propre ; mais ne pouvant pas découvrir ce que c'était, ils le décharnèrent d'un autre côté et firent un trou sur la pierre qui le couvrait, d'où, avec une chandelle, on pouvait aisément voir tout ce qu'il y avait dedans. Ils le regardèrent, en effet, les uns après les autres, et ils virent les sacrés ossements de saint Restitut, avec les pièces de son bâton pastoral. Ils furent ravis d'avoir trouvé ce précieux trésor, l'odeur miraculeuse qui sortit de l'ouverture qu'ils avaient faite, fut un témoignage assuré de la vérité de ces saintes reliques : cependant de peur de prendre le change dans une affaire de cette importance, l'évêque lut exactement la légende de ce Saint dans l'ancien bréviaire, il examina la tradition, il conféra l'une avec l'autre, et toutes les deux, c'est-à dire la tradition et la légende, avec le tombeau, les ossements, l'église, le village et les miracles qui s'étaient faits et qui se faisaient tous les jours par la puissante intercession de ce saint, il reconnut et déclara que c'étaient là véritablement les reliques de saint Restitut, disciple de Jésus-Christ et premier évêque de Saint-Paul. »

« D'abord après cette déclaration, il commença lui même le Te Deum après lequel on chanta des hymnes, des antiennes et des oraisons en l'honneur de saint Restitut, accompagnées de larmes que la joie leur faisait répandre. Le chant fini, l'évêque retroussa son bras, et l'enfonçant dans le sépulcre, il en tira avec un profond respect une partie de la tête et quelques autres ossements, pour un témoignage plus authentique de la vérité et pour donner quelque chose à la dévotion des assistants. Cependant il les mit dans un linge fort propre, attendant de les placer dans un buste d'argent qu'il avait fait faire, et reprenant chacun leurs instruments, ils couvrirent derechef le tombeau, sans vouloir souffrir qu'aucun des laïques les aidât.

« Cette invention se fit environ midi, et ayant fermé le tombeau et réparé la muraille intérieure du côté droit du grand autel, il fit transporter quelques reliques à son château de Saint-Paul et les fit mettre sur l'autel de la chapelle de Saint-Sulpice, second évêque de son église, et de là, il les transféra fort solennellement dans sa cathédrale, où elles furent exposées à la dévotion du public, pour les honorer pendant que le chapitre ferait retentir l'église de ses chants en l'honneur de saint Restitut. Après, on les porta en procession, laquelle achevée, l'évêque mit ces vénérables reliques dans un coffret qu'il scella de son sceau, et il les fit mettre dans le même endroit où était le bras de saint Paul ; et afin qu'on ne perdit jamais la mémoire d'un jour si fortuné, avant que de sortir de sa cathédrale, il en établit une fête particulière sous le titre de l'Invention du corps de saint Restitut, ordonnant à son chapitre et à la paroisse du village qui porte le nom de ce Saint d'en faire l'office comme dans sa propre fête, et permettant aux autres paroisses de son diocèse, d'en faire de même, le 10 avril, si telle était leur dévotion. » Boyer, Histoire de Saint-Paul-Trois-Châteaux, p. 182. Le procès verbal de cette translation fut dressé par l'évêque de Saint-Paul; nous le possédons encore aujourd'hui, mais il est trop étendu pour que nous entreprenions de le traduire et que nous puissions l'offrir à nos lecteurs. Le prélat y discute longuement la vérité des traditions de son église. On peut lire cet acte dans le P. Boyer, p. 358.

En 1516, il se fit un célèbre miracle dans l'église de Saint Restitut, en faveur d'un homme appelé Pierre Gros, natif de Balons. Cet homme était presque aveugle. Le bruit des merveilles qui s'opéraient tous les jours au tombeau de notre Saint s'étant répandu par toute la province, il suivit quelques personnes qui venaient y demander la guérison de leurs yeux. Il n'avait pas encore achevé sa neuvaine, qu'il recouvra parfaitement la vue. Les malades allaient en pèlerinage à l'église de Saint-Restitut durant tout le cours de l'année, mais principalement le jour de sa fête, qui est le 7 novembre, pour obtenir de Dieu par sa puissante intercession, la guérison des maux d'yeux. Les bréviaires des églises d'Apt et de Viviers font mention de ces merveilles. Boyer, Histoire de Saint-Paul-Trois-Châteaux, p. 8. Il en est parlé aussi dans les anciens livres liturgiques du diocèse de Valence,.

« Comme ces miracles arrivaient fort souvent, dit l'historien de l'église de Saint-Paul, Guillaume Adhémar, poussé d'un véritable zèle d'augmenter la gloire de Jésus-Christ en augmentant la confiance qu'on avait pour son fidèle disciple, forma le dessein de fonder dans l'église dédiée en son honneur un chapitre de six prêtres ; il laissa des fonds et des revenus afin que les heures canoniales y fussent dites de nuit et de jour ; et voulant enchérir sur ses prédécesseurs, il fit réparer cette église. Il ordonna que le tombeau du Saint, élevé sur quatre colonnes posées sous le caveau où reposaient ces précieuses reliques, serait descendu; ensuite il le fit ouvrir en présence d'une foule innombrable de personnes. L'ayant visité avec tout le respect possible il trouva un os du bras droit dans une caisse de bois, enveloppé fort proprement dans des draps de lin et de soie, avec une petite croix d'argent et un billet en parchemin où on lisait une inscription latine dont voici la traduction: « Mémoire que l'an 1242, dans le mois de juillet, Giraud de Clermont édifia le sépulcre de saint Restitut par ordre de Laurens, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, et que Giraud Mauneri, chapelain de Saint-Restitut, accompagné de plusieurs autres, sépara le bras droit du reste du corps et le mit en ce lieu. »

« On fit la lecture de ce billet en présence de l'évêque et de plusieurs autres personnes qui baisèrent très-dévotement l'os de ce bras : après quoi l'évêque dit la messe au maitre autel, après laquelle, suivi de nombreux témoins, il commanda que le tombeau où reposait le corps de saint Restitut, fût ouvert en présence de tout le monde, et pour lors on vit tous les ossements de ce grand Saint, avec une partie de son bâton pastoral ; on les enveloppa derechef fort proprement dans des draps de lin ; ensuite on chanta le Te Deum, qui fut suivi de quelques autres prières, à la fin desquelles le sépulcre avec les ossements fut transporté dans la muraille de l'église qui regarde le midi.

« Cette translation faite, l'évêque ordonna qu'à l'avenir à pareil jour, c'est-à-dire le onze mars, on en ferait l'office, proposant de faire bâtir une chapelle et d'ériger un autel, le tout bien fermé pour une plus grande assurance de ces reliques ; il en donna d'abord le prix-fait à des ouvriers qui y mirent incontinent la main.

« Le tout subsista dans cette magnificence, dont on ne voit plus que quelques petits restes, jusqu'en 1561, faisant de temps en temps de grandes merveilles en faveur des personnes affligées de quelque mal que ce fût, surtout de celui des yeux ; ensuite les calvinistes, ennemis des Justes, et de toute justice, renversèrent et brisèrent le tombeau de saint Restitut, brûlèrent ses saintes reliques et en jetèrent les cendres au vent. »

Source : Histoire hagiologique ou vies des Saints et des Bienheureux du Diocèse par Abbé NADAL 1855.

photo pour Eglise Saint-Restitut

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 38055
  • item : Eglise Saint-Restitut
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Drôme
    • Saint-Restitut
  • Code INSEE commune : 26326
  • Code postal de la commune : 26130
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 11e siècle
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : b5c5d2698cc86b68916093495a6575ef.jpg
  • Détails : Eglise : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00117059

photo : olivierp54

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