Eglise

La Garde-Adhémar a conservé les ruines d'un ancien château des Adhémar de Monteil, et surtout une belle église romane (monument historique), récemment restaurée par M. Questel. C'est un édicule bâti en pierre de taille, et dont la façade offre la particularité, assez rare en France, d'une abside faisant le pendant de celle du choeur, mais moins ancienne. A l'intérieur, l'édifice se compose de trois nefs, dont la principale, fort élevée, est coupée, à l'entrée du choeur, par un arc de triomphe à deux cintres superposés et couronnée par un petit dôme avec quatre pendentifs en forme de coquilles. De la terrasse de l'église, on découvre une belle vue sur le Rhône.

Source : Guide du voyageur en France par Richard 1866.

Le village de la Garde-Adhémar, voisin de la chapelle de la vallée Magne, renferme une population de 1100 âmes. Bâti sur une colline élevée, il domine, de tous les côtés, une perspective immense. Il est la patrie du célèbre Escalin-Paulin, qui, sorti du rang le plus obscur de ses habitants, devint l'honneur des escadres françaises sous François I^er. Les restes du château qu'il y fit construire font vivement regretter que le vandalisme révolutionnaire ait livré à la destruction, pour un vil prix, cette magnifique demeure, où la Renaissance s'est montrée aussi brillante dans ses innovations qu'à Valence, Grignan et Suse-la-Rousse.

Ce village possède un monument précieux et peut-être unique des moeurs religieuses de nos pères : c'est un bénitier appliqué contre le mur intérieur de la porte septentrionale des remparts.

La réunion du plein cintre, comme style, à l'ogive, comme moyen de construction, c'est-à-dire la période romane de transition, a élevé la belle église de la Garde. Sa voûte, très-exhaussée, prépare l'oeil à jouir de la hardiesse de sa coupole. Les voûtes des nefs latérales se terminent en quarts de cercle qui soulignent le départ de celle de la nef centrale. Pour toute cette partie de l'édifice l'architecte a copié exactement, en des progressions amoindries, la disposition de l'église de Saint-Paul-trois-Châteaux, l'un des ouvrages les plus considérables dont l'architecture romane ait enrichi la France monumentale.

C'est ainsi que dans le pays tricastin, la civilisation catholique a succédé à la civilisation romaine et païenne ; c'est ainsi que l'art, ce diamant tombé du doigt de Dieu Sut la terre, étincelle toujours aux feux du soleil du Midi.

Source : Revue de Vienne 1839 Vital Berthin.