Tour - donjon de Clansayes

Le village de Clansayes est à 4 ou 5 kilomètres nord-est de Saint-Paul-trois-Châteaux, sur la montagne où se manifestèrent les tremblements de terre de 1772 et 1773. La population totale de la commune est de 383 individus; mais on ne compte plus dans le village qu'une vingtaine de maisons habitées, y compris la cure. Tout le reste a été détruit par les tremblements de terre, ou abandonné par les habitants, qui ont transporté leurs demeures dans la plaine. Des éboulements considérables de rochers et de maisons, des fentes profondes qui sillonnent la terre, des décombres et des ruines, tel est le triste tableau qu'offre ce village.

Sur le point culminant de la montagne et près de l'église, s'élève l'antique tour de Clansayes, à laquelle les tremblements de terre paraissent n'avoir porté aucune atteinte. La solidité de sa construction lui a fait aussi braver les injures du temps, et elle serait encore entière sans le vandalisme des habitants, qui, n'y voyant qu'un emblème de la puissance féodale, se mirent, en 1792, à la démolir, et ne renoncèrent que par lassitude à cette œuvre de destruction. Sa construction singulière, les ouvertures en sens divers pratiquées dans l'épaisseur des murailles, la coupole dans laquelle la voix est répercutée, une sorte de tube dont elle est surmontée et qui transmet la voix au dehors, ont fait faire beaucoup de conjectures sur la destination première de ce monument. Quelques personnes ont pensé que ce pourraient être les restes d'un temple consacré sous le paganisme à Écho ou Aïa Locutia, fille de l'Air et de la Terre, et que de Clarae Aonides Aïa serait venu Clansayes.

Un des partisans de cette étymologie réécrivait récemment : « J'ai visité de nouveau cette tour si remarquable, et me reportant, par la pensée, aux siècles reculés dans lesquels se perd son origine, je n'ai pas voulu la quitter sans interroger la déesse, et élevant la voix, le colloque suivant s'est établi entre nous : Aïa! a! - Est-ce toi ? oua ! - Un pauvre habitant du village m'assura que oua signifiait oui en langage du pays, et je me retirai en acceptant cette réponse, avec la foi de nos pères lorsqu'ils venaient consulter l'oracle. »

D'autres croient que c'est tout simplement une construction du moyen âge, une tour propre aux signaux, comme il y en avait alors, et qu'elle correspondait avec celle de Chamaret, qui a aussi une forme toute particulière. Quoi qu'il en soit, c'est, sans contredit, l'un des plus beaux monumens d'antiquité qui existent dans le département.

Clansayes était dans le XIIIe siècle une commanderie du Temple. On distingue encore au milieu des ruines de ce malheureux village celles du monastère et de l'ancienne église des Templiers.

A peu de distance de Clansayes, sur le chemin de Saint-Paul, est là montagne de Toronne, sur laquelle était une forteresse avec le logement particulier du chef de la commanderie. Près de là était une chapelle dédiée à la Vierge. On-ne voit que quelques ruines de la forteresse et de l'habitation du commandeur ; mais la chapelle subsiste encore sous l'invocation de Sainte Jean-de-Toronne.

Les chevaliers du Temple eurent, pour les domaines de cette commanderie, de fréquents démêlés avec les évêques de Saint-Paul. Ils finirent par leur en faire hommage en 1225, et, par le traité qui intervint, le commandeur s'obligea de recevoir l'évêque une fois par an dans son château de Charnier, avec tout le respect dû à la dignité du prélat, et, de plus, à lui donner, ainsi qu'à sa suite, à souper et à dîner.

De la montagne de Clansayes, comme de celle de Saint-Jean-de-Toronne, la vue plane sur Saint-Paul, la Garde-Adhémar, Pierrelatte, le Bourg-Saint-Andéol et le Pont-Saint-Esprit. Elles sont dignes Tune et l'autre, et surtout la première, de l'attention du philosophe et de l'observateur par les diverses et bizarres combinaisons qu'elles présentent. On y reconnaît aisément les traces de plusieurs âges du monde. La base offre l'empreinte du travail des flammes dont elle est l'ouvrage. La partie moyenne atteste le séjour des eaux de la mer par de nombreuses couches de corps marins pétrifiés. Le sommet est composé d'énormes géodes ferrugineuses, et recouvert d'un sable grossier également ferrugineux. On y rencontre aussi quelques filons isolés de charbon fossile, et parmi ces filons quelques morceaux d'un bitume qui possède tontes les propriétés du succin.

Source : Statistique du département de la Drôme par Nicolas Delacroix 1835.

Histoire

La première mention connue du château remonte à 1233 (Notum sit omnibus hominibus et futuris , quòd ego Hugo Adzemarius, dominus Montilii filius quondam domini Lamberli, domini Montilii, dono, concedo et trado per me et successores meos tibi Lamberto, fratri meo, et filiis tuis masculis, qui de te ex legitimo matrimonio fuerint procreati ; et filiis masculis qui ex filiis tuis masculis fuerint de legitimo matrimonio procreazi usque in infinitum in feudum, salvis conditionibus infra scriptis omnibus, quidquid dominus Lambertus, pater meus et tuus, habebat vel alius, velalii proeo, in castro de Clarensayis, etc.), mais l'édifice est sans doute plus ancien.

Le château est alors attaché à la famille de Clansayes. La baronnie de Lombers comportait plus de trente villes ou villages. Il ne resta à Adhémar de Clansayes, que la seigneurie de Villelongue, et sans doute aussi la terre de Clansayes ; fondé sur la donation qui en fut faite à Lambert, son grand-père, pour lui et ses descendants mâles à l'infini; acte de 1233 ci desssus.

A partir du XVe siècle, la seigneurie est rattachée à la baronnie de Grignan, jusqu'à la Révolution. Le donjon est mentionné en 1438. En 1686, il est utilisé comme prison. Le château est abandonné en 1772-1773.

Au milieu du XIXe siècle, la tour est transformée en chapelle mariale, consacrée en 1859, et une statue de la Vierge est installée à son sommet.

La tour se trouve dans le réduit défensif, à la pointe du promontoire, isolé par un fossé. Bâtie en matériaux locaux, d'une hauteur de 15 mètres, la tour de plan carré possède des mâchicoulis sur arc d'un agencement exceptionnel : les arcs porteurs reposent sur les quatre angles par des pendentifs plats, et sur quatre contreforts placés au milieu de chaque face de la tour, conférant un plan octogonal au chemin de ronde. Le système défensif est doté de meurtrières et de trous de visée utilisables par des arbalètes. Des orifices d'entrée et de sortie multiples se combinent pour tirer par une seule issue depuis plusieurs postes, ou pour utiliser plusieurs issues à partir d'une seule position. Des conduits phoniques percés dans chaque angle permettent de communiquer entre l'intérieur et l'extérieur. La tour compte quatre niveaux, avec un accès au rez-de-chaussée. Une terrasse dallée, portée par une voûte en berceau, la couvrait. Les étages étaient planchéiés et les circulations verticales assurées par des échelles, hormis l'accès à la terrasse. Une baie géminée en plein cintre éclaire le premier étage. Sa transformation en chapelle a provoqué le percement d'une nouvelle porte et la condamnation du système défensif.

Source : ministère de la culture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 37825
  • item : Tour - donjon de Clansayes
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Drôme
    • Clansayes
  • Code INSEE commune : 26093
  • Code postal de la commune : 26130
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : donjon
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 13e siècle
    • 14e siècle
    • 19e siècle
  • Date de protection : 2006/02/15 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscription 13 07 1926 (tour) (arrêté) annulée.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • statue
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : La tour-donjon et la statue de la Vierge qui la surmonte, en totalité (cad. AA 4) : classement par arrêté du 15 février 2006
  • Référence Mérimée : PA00116916

photo : olivierp54

photo : olivierp54