Eglise

L'église romane de cette localité ne remonte pas au delà du XIe siècle ; son appareil extérieur ressemble à celui du beau monument en ruines d'Aleyrac ; mais l'édifice, à l'intérieur, n'offre ni chapiteaux, ni colonnes ; tout y est simple, correct et décent. Elle a 20 mètres de long sur 10 de large ; ses deux chapelles latérales, ajoutées après coup, sont ogivales ou gothiques et ne dépassent pas le XVe siècle ; l'une est dédiée à la Ste Vierge et l'autre à St Joseph ; la première est de beaucoup plus ancienne que la seconde, œuvre du XVIIe siècle.

A l'époque de la construction de l'église, le clergé paroissial se recrutait uniquement dans les abbayes: Charols dépendait de St-Chaffre-au-Monastier, Allan et Aleyrac de l'Ile-Barbe, Châteauneuf-du-Rhône d'Ainay, Clansayes de Cluny. Bernon, abbé de Gigny, avec douze religieux de l'ordre de St-Benoit, avait, au commencement du IXe siècle (vers 826), formé cette dernière congrégation dans une étroite vallée de l'arrondissement de Mâcon (Saône-et-Loire). Odon, successeur de Bernon, lui donna une règle, et nous pouvons dire à sa louange qu'elle fut une pépinière de savants écrivains. Il y avait, dès les temps reculés, au territoire de Montségur une église bâtie en l'honneur de St Amand, huitième évêque de St-Paul-Trois-Châteaux, et tout auprès un monastère bénédictin de l'ordre de Cluny. On ignore les destinées de cette maison religieuse, qui devint par la suite un prieuré rural et commendataire, composé de trois paroisses : St-Michel de Clansayes, Ste-Agatue de Grillon et St-Jean l'Evangéliste de Montségur.

La pauvreté du Chapitre de St-Paul. après les désastreuses incursions de Raymond de Turenneet des autres chefs de compagnies-franches, engagea l'antipape Benoit XIII à lui donner les revenus des prieurés de la Motte et de St-Amand, par une bulle datée de Salon, le 23 octobre 1404. L'union de ces bénéfices dura peu, car un moine de Cluny, appelé Jean Blanc (Albi), revendiqua celui de St-Amand et s'en fit mettre en possession par l'abbé général de l'ordre. Les chanoines de St-Paul résistèrent de leur mieux à cette entreprise et en appelèrent tour à tour, mais en vain, au juge que le pape leur avait donné et au cardinal d'Ostie. Le moine eut gain de cause et le bénéfice passa dès lors tantôt aux religieux de Cluny et tantôt à des prêtres séculiers, qui le tenaient en commende et en percevaient les revenus à la charge d'y faire célébrer l'office divin à leurs frais.

Signalons, parmi ces derniers prieurs commendataires, Guyot Adhémar, protonotaire apostolique, et Guillaume Adhémar, son neveu, évêque de St-Paul, « lequel, après une possession de vingt ans, voulut bien faire une démission pure et simple du bénéfice entre les mains du St-Père, le priant très-humblement de le vouloir encore unir à l'Université de son Eglise. Léon X gouvernait pour lors l'Eglise ; il lui envoya une bulle d'union datée de Rome le 21 mars 1515.»

L'ordre de Cluny, lésé dans ses droits, s'efforça de les revendiquer; à cet effet, Claude Chamotin, pourvu du prieuré de St-Amand par l'abbé général, en prit possession dans les formes ordinaires. Le Chapitre de St-Paul le cita devant les auditeurs de la Rote de Rome, députés spéciaux du Souverain-Pontife. L'affaire se débattit devant eux, et à la fin trois sentences consécutives et uniformes donnèrent raison aux chanoines et mirent les frais à la charge de Claude Chamotin.

L'année suivante (1522), la cure de Clansayes étant venue à vaquer, le procureur du Chapitre présenta Georges Bérenger à l'évêque pour en remplir les fonctions, suppliant, en même temps, Michel d'Arandia d'annexer à la cathédrale la cure en question. Georges Bérenger accompagné de plusieurs chanoines se rendit à St-Restitut, résidence épiscopale, donna sa démission entre les mains du prélat, qui approuva l'incorporation demandée, à la condition toutefois « que la cure seroit servie de la même manière qu'auparavant. »

Les troubles civils et religieux du XVIe siècle furent funestes au prieuré de St-Amand et au Chapitre de St-Paul. Le pape Paul V, par une bulle du 29 juillet 1605, annexa ce bénéfice à l'église collégiale de Grignan, érigée en 1512 et définitivement constituée en 1539.

Malgré ces diverses unions, l'ordre de Cluny conservait toujours l'espoir de rentrer en possession du prieuré. En 1718, un clerc du diocèse de Valence, Grégoire du Fesc, en obtint le dévolut par une bulle du vice-légat d'Avignon, et l'abbé général le confirma le 8 mai 1722. Le Chapitre de Grignan protesta, en arguant de la bulle de 1539. Du Fesc, de son côté, en appela comme d'abus au grand conseil du roi. « L'agent général de l'ordre de Cluny, le procureur général du Grand-Conseil et le frère d'un conseiller prirent fait et cause pour lui et en référèrent à la cour de Rome. Les brigues et les poursuites durèrent plus de trois ans ; mais le capiscol du Chapitre St-Sauveur (de Grignan) nommé Antoine Robert, défendit les intérêts de la collégiale avec un zèle et une habileté qui furent couronnés du plus heureux succès. Le 7 juillet 1723, un arrêt définitif du Grand-Conseil, rendu contradictoirement, débouta les appelants comme d'abus et maintint le Chapitre dans la possession du prieuré de St Amand, de ceux de Clansayes, de Grillon et de Montségur, ainsi que de leurs annexes, fruits et profits, revenus et émoluments. »

Une visite épiscopale de François Adhémar de Monteil. à la date du 13 mars 1644, nous apprend qu'à cette époque l'église était en assez bon état ; que la chapelle voûtée (celle de la Ste Vierge aujourd'hui) avait une fondation d'une messe des morts hebdomadaire faite par Guigues de Joannis, bailli de St-Paul; que Pierre Mouret obtint du prélat l'autorisation d'ériger la chapelle St Joseph ; que la 24e partie de la dîme attribuée aux pauvres s'élevait à 5 émines de seigle tant pour le curé que pour le prieur ; que la dîme s'y levait à la cote vingtième sur les agneaux, sur les grains et la vendange et que la part du Chapitre de Grignan, prieur, était évaluée 200 livres et celle du curé aussi.

En 1790, les revenus de la cure s'élevaient en fonds et rentes à 695 livres et les charges à 111 livres.

Tour des Clansayes. Ancien chateau des Templiers et église dessin de Léon Jean-Baptiste Sabatier XIXe

Tour des Clansayes. Ancien chateau des Templiers et église dessin de Léon Jean-Baptiste Sabatier 18..

Un arrêt du Parlement de Grenoble, rendu en 1678, avait astreint la communauté de Clansayes à contribuer pour les trois quarts à l'achat des ornements sacrés.

La Révolution changea complètement l'organisation religieuse. En 1807 et 1808, Clansayes fut uni avec St-Restilut à la cure de St-Paul, et malgré de nombreuses et légitimes réclamations, sa succursale remonte seulement au 16 mars 1820.

Héritiers des Templiers, les chevaliers de Malte ou Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, possédaient, à cause de leur commanderie de Notre-Dame de Thérone, Thorone ou Terronne sur Clansayes, des maisons et des fonds à Fontjeux, St-Vincent, Chevalerie, St-Jean, rue des Codols, Plans, Moulins des Cloîtres, l'Aube, Freycenet, Bridoire, Robine, Montmeyrat, Barbières, Lauze, Fontbaudy, Fangerote, Planchette, Tomples, Fontredonne, Tourres, Echaravelle, Valette et Champiéry, quartiers de Clansayes et de St-Paul. Le document qui nous révèle ces faits nous donne les noms des commandeurs suivants:

  • Etienne Guiraud, 1421-1430.
  • Antoine Philippi, 1455.
  • François Richard, 1453-1458.
  • Jean de Arlendi, 1458.
  • François Ayeras, 1462.
  • Etienne Tenot, 1492-1498.
  • Nicolas du Village, 1609.

Cette commanderie, dépendance de celles de Valence et de Montélimar, perdit peu à peu de son importance. Les Templiers et les Chevaliers de St-Jean de Jérusalem, institués au commencement du XIe siècle, avaient pour mission de défendre la Terre-Sainte récemment conquise et de protéger les pèlerins.

Les Templiers furent abolis, en 1311-12, par le concile de Vienne, sur les instances de Philippe-le-Bel.

Leur commanderie de Notre-Dame de Therone a été ruinée depuis longtemps; mais l'église romane où ils célébraient les offices existe encore. Elle est à une nef, sans chapelles et mesure 12 mètres de long sur 6 de large.

En 1235, une difficulté surgit entre eux et l'évêque de St-Paul-Trois-Châteaux ; mais l'évêque d'Orange la termina en décidant que le commandeur recevrait le prélat tricastin une fois chaque année dans le château de Chamier, avec tout le respect dû à sa dignité, et donnerait à souper et à dîner à l'évêque et à ses gens.

Pareille redevance constituait un fief de paisse (feudum procurationis) et rappelait aux Templiers les libéralités des prélats tricastins et de leurs diocésains, comme celles de Hugues de Montségur, en 1138, à Arnaud de Bedos, maître des Templiers de Provence, originaire peut-être de Châteauneuf-du-Rhône, où nous avons trouvé une famille de ce nom, et de Bertrand de Baumes, qui céda à l'ordre l'église et le quartier St-Jean dans la cité épiscopale.

En 1495, Etienne Tenot s'opposa aux défenses faites sous peine d'excommunication par Guillaume Adhémar, évêque de St-Paul, à tous les habitants de la ville de reconnaître d'autre seigneur que lui. L'évêque suspendit pendant un an l'effet de ses menaces, laissant au commandeur de Thérone le temps de constater et d'exiger ses droits, auxquels il n'entendait porter aucune atteinte.

On ne sait rien de plus des deux ordres militaires et religieux établis à Clansayes ; mais on apprend du P. Boyer que Pierre de Brians de Tutette avait cédé, en 1233, à l'évêque de St-Paul, Laurent, la douzième partie des dîmes de Clansayes, et que peu après Lambert Adhémar abandonnait au même prélat les dîmes de ses fonds et celles des fonds de quelques-uns de ses tenanciers.

C'était là sans doute l'origine des difficultés de 1495.

Il me resterait à parler des courses des religionnaires en 1561 à Montségur et Clansayes et de la déclaration en leur faveur exigée par Antoine de Castellane Adhémar, compagnon de Lesdiguières, en révolte contre son père. Mais je me bornerai à rappeler la réflexion de Montesquieu:

« Un citoyen ne satisfait point aux lois en se contentant ne pas agiter le corps de l'Etat, il faut encore qu'il ne trouble quelque citoyen que ce soit. »

Source : L'arrondissement de Montélimar: géographie, histoire par André Lacroix 1868.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 37824
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Drôme
    • Clansayes
  • Code INSEE commune : 26093
  • Code postal de la commune : 26130
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 13e siècle
  • Date de protection : 1926/07/13 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise : inscription par arrêté du 13 juillet 1926
  • Référence Mérimée : PA00116915

photo : olivierp54

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