photo : Lomyre
Il y a à peine soixante dix ans, au moment de la Révolution. l'enceinte fortifiée de la ville de Périgueux existait a peu près en entier: les personnes âgées se rappellent encore des murailles crénelées et les nombreuses portes qui défendaient l'entrée des rues principales. Quelques-unes méritaient d'être conservées, la porte Taillefer surtout, qui était à elle seule un véritable monument et dont les quatre tours figurent dans les armes de la ville.
Mais les hommes de cette époque avaient un tel mépris des choses anciennes qu'ils avaient hâte de s'en débarrasser, et qu'on ne s'avisa pas du bon parti qu'on pouvait tirer de ces portes gothiques pour la décoration des quartiers neufs qui s'élevèrent sur les ruines des anciens remparts. Rien n'était plus facile pourtant que d'isoler les entrées fortifiées et de les laisser sur le boulevard comme des espèces d'arcs-de-triomphe, imitant en cela ce qui s'était fait à Bordeaux pour la porte du Palais et le beffroi de l'Hôtel-de-Ville. Quoi qu'il en soit, le mal est irréparable, et nous devons nous féliciter que les tours Mataguerre et Barbecanne soient restées debout pour témoigner de la beauté et de l'admirable construction de notre enceinte démolie.
Source : Société française pour la conservation des monuments historiques 1858.
Chaque porte était surmontée d'une espèce de tour; d'autres tours étaient dans les intervalles, et principalement aux angles : les unes étaient rondes, les autres Carrées, et il y en avait qui ne saillaient pas du tout au dehors.
Les deux tours qui étaient au-dessous de la porte de Saint-Roch avaient environ 10 pieds de saillie : l'une était contre l'eau; l'autre se trouvait vers le milieu de l'espace. Celle de la porte était un peu plus avancée. Au bout de la rue Milord était la 4e tour; elle portait le même nom que la rue, et elle était de même forme que les trois autres, c'est-à-dire carrée. Dans le premier angle rentrant que les remparts faisaient de ce côté, on voyait une tour ronde qui saillait moitié en dedans et moitié en dehors : elle était connue sous le nom de Tour-des-Anges. Plus haut était la 6e tour; elle était carrée, et on la désignait par le nom de Tour-de-Niouffiol. La 7e se trouvait à l'autre angle rentrant, et elle était toute dans l'intérieur : on l'avait adossée à une tour du XIIe siècle, laquelle est appliquée à une construction plus ancienne. La 8e est encore dans son entier; elle est connue sous le nom de Tour-de-Mataguerre : cette tour, rebâtie en 1477, est remarquable par ses belles proportions, et elle mérite d'être conservée.
Depuis la tour Milord jusqu'à la tour de Mataguerre les remparts rentraient fortement, et ils étaient défendus à l'extérieur par un vaste bassin qui nécessairement est une vieille carrière.
Source : Antiquités de Vésone, cité gauloise remplacée par la ville actuelle de Périgueux par Henri François Athanase Taillefer (comte Wlgrin de) 1827.
photo : Lomyre