Château de la bastide

L'an 1270, la ville d'Eymet fut fondée par Alphonse, duc de Guienne, et frère de Louis IX. Ce prince accorda aux habitants les mêmes privilèges, libertés et franchises dont jouissaient Bordeaux, Bergerac et Périgueux. Ces privilèges consistaient dans la libre élection des consuls, l'exemption de tailles, impositions et subsides, le droit d'être jugé dans la ville. La nouvelle cité fut tracée en forme de polygone assez régulier; un mur d'enceinte isolé par des fossés pleins d'eau, garni de meurtrières et flanqué de tours de distance en distance, facilitait la défense contre les engins en usage à cette époque ; sur la ligne du mur, un château avec pont-levis, donjon crénelé à mâchicoulis d'une grande hauteur et galeries intérieures, complétait la fortification de cette place qui n'avait que trois portes d'entrée (Sous le mur d'enceinte, on a trouvé une mosaïque en petits cubes de marbre, liés par un fort ciment).

Eymet eut à souffrir de toutes les guerres qui désolèrent successivement la Guienne; aussi, ses vieux remparts offrent-ils des réparations de tous les âges.

Nous apprenons de Rymer, qu'en 1354, Gilbert de Pellegrue, seigneur d'Eymet, avait la garde du château et du Heu de Sommensac, sur les frontières des ennemis du roi d'Angleterre (les Français). Il paraît que ce seigneur embrassa vigoureusement la cause de l'étranger; car, en allant rendre hommage au roi d'Angleterre pour le lieu d'Eymet, il obtint d'être maintenu pour cinq ans dans la seigneurie de Sommensac; mais il ne tarda pas à être troublé dans sa possession, et l'année 1357, le gouvernement et la garde du lieu de Sommensac lui furent de nouveau garantis pour cinq ans, en récompense de ses services. Les chances de la guerre vinrent encore déposséder le seigneur Gilbert de Pellegrue.

En 1370 , Eymet fut pris aux Anglais par les troupes de Duguesclin , qui leur enleva à cette époque plus de cent trente places du Périgord, du Quercy, du Rouergue, du Poitou et de la Saintonge. Il y eut même, aux environs d'Eymet, un combat où les Anglais furent défaits et où la plupart des chefs et des grands seigneurs de Guienne demeurèrent prisonniers. Les années qui suivirent, le territoire d'Eymet servit fréquemment de champ de bataille et cette ville passa alternativement des mains du roi de France à celles du roi d'Angleterre.

Le 1er septembre 1377 fut signalé par une victoire importante remportée contre les Anglais, sous les murs d'Eymet. Le duc d'Anjou, occupé au siège de Bergerac, avait envoyé à La Réole, à l'effet d'y prendre une machine de guerre, Jean de Buelch, sénéchal de Toulouse, avec un certain nombre de gens d'armes. A cette nouvelle, Thomas Felton , sénéchal de Guienne pour le roi d'Angleterre, et les barons de Gascogne qui étaient de son parti, se rendirent au lieu d'Eymet, aflu de prendre Jean de Buelch et sa troupe, et de là courir au secours de Bergerac. Le lieutenant du duc d'Anjou attendit bravement l'ennemi. Le combat fut engagé et mené vivement, et les Anglais mis en pleine déroute. Thomas Felton, les seigneurs de Langoyran, de Mussidan, de Duras et de Rauzan restèrent prisonniers. Les forces anglaises qui avaient donné dans cette affaire furent anéanties; ce qui ne périt pas durant l'action , se noya dans le Drot.

En 1379, Raymond de Pellegrue, chevalier, seigneur d'Eymet, fait hommage au roi d'Angleterre, pour toutes les terres et possessions qu'il tient dans l'Aquitaine, en don ou concession, des anciens rois.

En 1464, Guillaume de Pellegrue, baron d'Eymet, épouse Jeanne de Cauniont.

La maison de Pellegrue, lasse de soutenir la domination anglaise en Guienne , ou prévoyant peut-être l'issue de ces longues et malheureuses guerres, prit parti pour le roi de France. Dès 1453, Charles VII, en reconnaissance des services rendus par le baron d'Eymet, Bertrand de Pellegrue, le comprend lui, ses terres et ses hommes dans le traité de la première réduction de Bordeaux, après l'expulsion des Anglais. Quatre ans plus tard, des lettres-patentes données à Tours, le 14 mai, assurent à la ville d'Eymet les mêmes privilèges et franchises dont elle jouissait avant la prise de Bordeaux par les Anglais. Tous ces droits et immunités furent confirmés par Louis XI, et par Charles , sou frère, duc de Guienne. Il semble que la maison de Pellegrue rencontra de sérieux obstacles dans la mise à exécution de ses droits et franchises, à en juger par la nécessité où les seigneurs d'Eymet se trouvaient de demander leur confirmation au commencement de chaque nouveau règne. A ce propos, il est à remarquer que le roi Charles VIII éprouva une opposition directe à l'entérinement de ses lettres de privilèges de la part de Geoffroy Marie, procureur des aides aux états de Périgord; une ordonnance du 27 février 1483 , statua que, nonobstant choses dites par ledit procureur des aides, les exceptions et concessions anciennes étaient confirmées.

Les rois Louis XII, Henri II, François II confirmèrent à Jean de Pellegrue les droits, possessions, coutumes, usanees et autres choses octroyées par leurs prédécesseurs.

La ville d'Eymet, qui avait joué un rôle si actif dans les guerres de Guienne, durant l'occupation anglaise, était destinée encore, par sa position géographique, à prendre part aux guerres civiles et religieuses du seizième siècle.

Sous Charles IX, presque tous les habitans d'Eymet embrassèrent le calvinisme et se fortifièrent pour résister aux catholiques. L'antique maison de Pellegrue , alliée à celle de Caumont, fournit une victime au massacre de la Saint-Barihélemy : cette nuit funeste, François de Caumont, marié à Philippes de Beaupoil, dame de la Force et d'Eymet, fut assassiné à Paris, dans son lit. Les seigneurs de Pellegrue, qui avaient des premiers adopté la religion réformée, prirent les armes pour sa défense; nous lisons dans l'histoire de ces temps désastreux qu'en l'année 1562 , Montluc fit lever le siège de La Réole, qui était défendue par d'Eymet.

Ce même Blaise de Montluc eut souvent occasion de châtier la ville d'Eymet; il la mit à contribution, lui prit des otages; mais, contre sa coutume, il n'y fit pendre personne.

Vers le milieu du seizième siècle, la seigneurie d'Eymet passa à Gaston de Foix, comte de Gurson et de Fleix, par son mariage avec Louise, fille de Guillaume de Pellegrue. L'année 1622 , Frédéric de Foix, grand sénéchal de Guienne et d'Eymet, prit cette ville sur les huguenots; le roi François II, par des lettres données à Blois, le 6 janvier 1550, confirme et alloue à la maison de Foix les exemptions, coutumes et franchises de la seigneurie d'Eymet.

De 1600 à 1610 , cette seigneurie fut disputée à la famille catholique de Foix, par Caumont La Force. L'histoire généalogique et chronologique du père Anselme mentionne Pierre de Caumont, baron d'Eymet, et Jean de Caumont, marquis d'Eymet, mort en 1661.

Henri IV, n'étant que roi de Navarre, passa et coucha plusieurs fois à Eymet, en allant à Sainte-Foy, son quartier général, soit en revenant de Tonneins, par Lauzun. Ces passages fréquents du prince Béarnais durent puissamment contribuer à l'établissement du protestantisme dans le pays d'Eymet ; on sait de plus que Calvin, poursuivi pour sa doctrine, a dogmatisé à Nérac , sous la protection de Henri de Navarre, et de là dans les villes voisines ; cela explique la propagation rapide de la réforme à Eymet et aux environs. C'est du château d'Eymet, qu'Henri IV écrivit à Corisandre d'Andoins, veuve du comte de Grammont, une lettre textuellement rapportée par Voltaire, dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des Nations.

Louis XIII, sans abolir les privilèges des habitants d'Eymet, fit raser leurs fortifications; mais, depuis long-temps, les troubles qui désolaient la Guienne rendaient illusoires les franchises accordées par les rois de France à cette ville. La seigneurie d'Eymet, frappée de contributions de guerre, tantôt par les catholiques, tantôt par les protestans, était entièrement ruinée lorsque JeanBaptiste de Foix, baron d'Eymet, et les consuls et habitans de la ville, adressèrent à Louis XIV une requête à laquelle il fut fait droit au conseil-d'état du roi, tenu en novembre 1657. L'arrêt rendu à cette occasion assimile, pour l'exemption des tailles et subsides, la ville d'Eymet à celles de Bergerac et de Périgueux.

Tous les efforts, toutes les mesures de persuasion ou de rigueur, employés par le gouvernement de Louis XIV, pour déraciner le protestantisme dans la contrée qui nous occupe, échouèrent devant l'opiniâtre conviction des habitants.

Source : La Guienne, histoirique et monumentale, Volume 1,Partie 2 Par Alexandre Ducourneau en 1842.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 34506
  • item : Château de la bastide
  • Localisation :
    • Aquitaine
    • Dordogne
    • Eymet
  • Code INSEE commune : 24167
  • Code postal de la commune : 24500
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 13e siècle
    • 19e siècle
  • Type d'enregistrement : site inscrit
  • Date de protection : 1994/12/30 : inscrit MH partiellement
  • Date de versement : 1996/04/16

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 18 12 1968 (arrêté).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • enceinte
    • donjon
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • Cette construction a été affectée a l'usage de : musée

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1994
  • Détail :
    • Ensemble des bâtiments, y compris le sol et le sous-sol (cad. AC 12)
    • partie du mur qui prolonge l' enceinte à l' ouest (cad. AC 668) : inscription par arrêté du 30 décembre 1994
  • Référence Mérimée : PA00132928

photo : Lomyre

photo : Lomyre