Eglise de Locquémeau et cimetière

L'église de Trédrez, vilain petit bourg de quelques maisons, se présente bien extérieurement ; mais, à l'intérieur, elle est tout-à-fait digne de remarque. On y voit, dans un renfoncement, au dessus de l'autel, une niche de la Vierge, d'un travail fort délicat.

A l'une des fenêtres, placée derrière l'autel principal, existent six vitraux armoriés, dans un état parfait de conservation.

Sur un pilier, à coté de la chaire, il y a trois lignes d'écriture gothique qu'on a maladroitement enduites de chaux, et rendues par là illisibles.

L'un des autels latéraux est curieux par la grande multitude de figures qu'il contient. L'explication de quelques-uns des sujets qu'on y a représentés pourrait offrir de l'intérêt, et, dessiné, cet autel paraîtrait extraordinaire ; mais, l'église de Trédrez renferme, à notre avis, un vrai chef-d'œuvre d'élégance et de délicatesse, c'est un baptistère comme nous n'en avons jamais vu ; comme nous le croyons bien, il n'en existe pas un second. Nous n'essaierons pas de le décrire ; nous ne pourrions en donner une idée juste. Il est en bois, et nous n'y connaissons rien de comparable que le jubé de l'église de Lambader, dans le Finistère, cette admirable dentelle enfouie dans une église inconnue.

Sur ce baptistère, se trouvent des blasons en relief.

Placé dans le Magasin Pittoresque, avec une notice sur l'artiste qui l'a confectionné, les armoiries qu'on y remarque et le temps auquel il remonte, il exciterait, nous n'en doutons pas, autant d'intérêt que d'admiration. Comment se fait-il qu'un tel chef d'ouuvre, car c'en est un, à nos yeux du moins, soit encore inconnu et que personne n'en ait parlé jusqu'à présent ?

Il y a aussi dans la commune de Trédrez, en face l'un de l'autre, deux menhirs de douze à quinze pieds de haut, l'un à droite et près de la grand'route qui mène de Lannion à Saint-Michel-en-Grève ; l'autre, plus près du bourg de Trédrez, non loin du chemin vicinal qui conduit de Lannion à ce bourg, et à gauche de ce chemin vicinal, quand on vient de Lannion.

Source : Annuaire des Côtes-du-Nord 1843.

J'arrive au bourg de Trédrez. C'est le plus humble des bourgs, consistant en une dizaine de maisons, couvertes de chaume, pour la plupart, et très-irrégulièrement groupées autour de l'église. Saint Yves fut, pendant huit ans, le recteur de cette pauvre commune. Ce souvenir seul suffit à la gloire de Trédrez, et fait planer sur ce village et les environs je ne sais quel parfum de poésie et de sainteté. Voyons l'église ; elle n'est pas sans intérêt. Dès en entrant, les yeux tombent sur une inscription en caractères gothiques, gravée sur un des piliers de la nef. C'est une inscription bretonne ; or, les vieilles inscriptions bretonnes sont rares. J'y déchiffre assez péniblement : « An blouz mil pemp cant an dat-an ti mân renovelat ». Ce qui, si je ne me trompe, traduit littéralement, signifie : « L'an mil cinq cent, la date de cette maison a été renouvelée ». C'est-à-dire, probablement, que l'église a été reconstruite à cette époque, car ce n'est plus là l'église de saint Yves. Mais pourquoi maison (ti) au lieu d'église (iliz) ? Et puis, ce mot renovelat me contrarie aussi.

Il y a encore, dans l'église de Trédrez, une œuvre d'art fort remarquable, un baptistère en bois, très-délicatement sculpté et fouillé, léger, aérien et harmonieux de formes. Je n'en sais ni la date, ni la provenance, mais cela rappelle singulièrement, par la grâce et le fini du travail, l'admirable jubé de la chapelle de Kerfons, en la commune de Ploubezre, près Lannion. Une autre œuvre, représentant l'arbre mystique de Jessé, et qui est peut-être due au même ciseau que le baptistère, mérite aussi l'attention des connaisseurs.

Source : Revue de Bretagne, Volume 19

Edifice sans doute du XVI^e siècle, présentant un plan dissymétrique qui semble voulu et non résultant de transformations successives. Le clocher ne paraît pas antérieur au 17e siècle. (Source : ministère de la culture)