photo : Torr-penn
Saint Eluan (ermite, VIIe siècle , Invoquée pour la guérison de la fièvre) ne nous est connu que par sa qualité d'anachorète (mot emprunté au latin ecclésiastique anachoreta « anachorète, solitaire »), et par le soin que prit le P. Maunoir de rétablir son culte dans une ancienne chapelle qui portait le nom de ce saint. Cette chapelle, située dans la paroisse de Saint-Guen, possède le tombeau de S. Elouan.
En 1650, N. Galerne était recteur de Mûr, pasteur qui se rendit recommandable par mille vertus et la plus solide piété, fait bâtir, sur le tombeau de Saint-Elouan, une chapelle qui est aujourd'hui trêve ou succursale de la paroisse de Mûr, en reconnaissance de ce qu'il y avait recouvré deux fois la santé.
En 1666 et 1668, le père Veine, prêtre de la compagnie de Jésus, envoya de La Flèche aux Bollandisles un savant mémoire sur S. Luan ou Elouan. D'après lui, chez les Armoricains, est célèbre un S. Luan, auquel se rapporte ce passage de saint Bernard : L'abbaye très illustre de Banchor produisait de nombreux milliers de moines,et était chef d'une foule de couvents. Ce lieu saint et fertile en saints fructifiait si abondamment pour Dieu, qu'un des fils de cette sainte congrégation, le nommé Luan, fonda cent monastères, Luan d'Armorique ne diffère pas de saint Luan, Lugide ou Moluan, dit Verne : Il est honoré dans la haute Cornouaille. Près de l'église de saint Guin, l'on voit une chapelle moderne et élégante, placée sur une colline, où fut jadis un autre oratoire, mais trop petit pour suffire à l'affluence des pélerins, ce qui le fit accroître. Sur l'autel de l'antique édifice, resta jusqu'au commencement du 17e siècle, une ancienne statue représentant le saint en costume d'ermite; auprès, se trouve une pierre tellement creusée qu'elle paraît avoir contenu le corps du saint un peu penché sur le côté gauche, et l'avoir reçu comme dans une cire molle. Les prodiges fréquents y continuent, et le père Maunoir en envoya des relations à son confrère Verne. Celui-ci ajoute que ce saint est appelé par les gens du lieu saint Luhan, et par les français, Elouan; que les actes de cet élu ne sont plus dans cet endroit, qu'il y a une tradition, dont voici le fond:
Voilà, dit Verne, ce qu'apprend la vieille tradition locale; personne ne peut la contredire en rien; je ne saurais rien y changer; et, si je le faisais, il n'y aurait pas un Armoricain qui ne pût m'accuser d'imposture.
Chastelain met la fête de notre saint le 4 Août, Dans son Vocabulaire hagiographique (ndw : hagiographique : Du grec hagios, saint, et graphein, écrire. Biographies embellies de la vie des saints puisant leurs sources dans les témoignages, les Actes), il l'appelle Lugidien.
Saint Luan, Lugil, Lugide, et Moluan naquit, dans la Lagénie, de Cartache et de son épouse Sochte, qui signifie généreuse. Dès son enfance, il fut rempli de la grâce céleste, et fut élevé dans l'abbaye de Banchor par saint Comgal. Il se distingua par son obéissance et apprit ainsi à commander. Il fonda le monastère de Drome-Necte, qu'il quitta pour éviter des visites importunes. Il étudia sous saint Finnian, et créa une foule d'établissements religieux, auxquels il donna une règle long-temps suivie en Irlande, et approuvée, dit-on, par Grégoire-le-Grand. Le sience et le recueillement perpétuel étaient prescrits à ses religieux. Il ne permettait jamais aux femmes de s'approcher d'eux, même dans les églises. Il donnait des leçons et des exemples continuels de travail. Il montrait tant de douceur jusque dans ses réprimandes, qu'on lui donna le nom d'agneau. Voici comme il ramena un laïque qui négligeait la confession. Ils étaient sortis, quand tout à coup Luan dit que, pour la première fois de sa vie, il n'avait pas ce jour-là confessé ses fautes à son directeur. La confession est elle donc si importante ? s'écria son compagnon. Oui, reprit le saint : celui qui ne confessera pas ses péchés, ne trouvera pas grâce devant le Seigneur, et de même que tous les jours on lave les parvis des demeures; ainsi, doit-on chaque jour purifier l'âme de ses souillures. Il le pria de l'attendre, et alla, remplir ce devoir. Le coupable fit de sérieuses réflexions, et dès-lors fréquenta le sacrement réconciliateur.
Luan guérit saint Molaisse d'un ulcère; il ressuscita un vieillard mort entre ses bras; rencontrant saint Setni, évêque, il le pria de rester avec lui, vu que la nuit venait; le prélat lui répondant que son absence inquiéterait ses frères, et qu'il le priait plutôt de prolonger le jour, jusqu'à ce qu'il les eut rejoints, Luan obtint cette faveur du ciel. S'il est notre Elouan, il sera venu chercher un nouveau champ à ses bonnes oeuvres et une solitude où il mourrait ignoré. Il finit sa carrière le 4 Août 622. Saint Elouan avait des disciples dans ses retraites. Plusieurs endroits portent son nom : Saint-Gelven, dont saint Juvenal est patron; Rosquelven aussi dans Laniscat, et qui a pour patronne la sainte Vierge, et dans Vannes, la fameuse chapelle de la Vierge à Quelven.
Elouan aura évangélisé ces endroits où la reconnaissance fait bénir son nom.
Sarcophage en granite partiellement encastré en travers du mur sud du chœur de la chapelle.
Au frontispice, on voit, entre deux corniches
Deo. O: M : et Sancto Elouano.
Dans le frontispice , ces vers:
Fait faire, à Dieu soit l'honneur,
Saint Elouan son serviteur,
Par deux G. Galerne vous assure
Oncle et neveu recteurs de Mûr.
l'an 1656.
Sur la pierre tombale:
Ici dessous où voyez l'eau,
De saint Elouan c'est le tombeau.
Priez Dieu en sa maison,
De vos maux aurez guérison.
source : Vies des bienheureux et des saints de Bretagne de Malo Joseph de Garaby en 1839