photo : gerardgg
L'église date de 1870, la flèche, elle de 1893 et est l'oeuvre d'Alphonse Guépin et Le Guerranic.
En 1869, au moment où l'on commençait, à démolir l'ancienne église de Quemper-Guézennec, Geslin de Bourgogne fut averti que, sous un enduit d'argile et masquée par des planches de sapin, existait dans la fenêtre du chevet une verrière ancienne. Il la fit aussitôt démonter, et, grâce à une subvention votée par la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord dans sa séance du 9 juin 1869, elle put être nettoyée, réparée et replacée dans le choeur du nouvel édifice reconstruit en 1870. Plus tard, en 1899, ce vitrail fut complètement et habilement restauré par le maître verrier parisien Félix Gaudin. L'on peut seulement déplorer que l'on n'ait pas restitué dans le tympan les armoiries anciennes qui s'y trouvaient jadis et dont il subsiste plusieurs procès-verbaux.
Cette verrière est sensiblement contemporaine de celle de N.-D. de la Cour et de celle de Tonquédec. Les fenestrages présentent en effet entre eux de grandes similitudes, et, d'autre part, nous savons que les armes de Galehaut de Kerriou et de son épouse Aliette de Garzpern y figuraient, tandis que l'on n'y voyait, pas les armes de Jeanne de Kerriou et de Vincent Ruffaut son troisième mari. On peut ainsi dater le vitrail de 1460 à 1470 environ.
La fenêtre est divisée par cinq meneaux en six lancettes, renfermant chacune deux panneaux de verre historiés. Dans chaque panneau, sous un dais et posés sur une console architecturale, un apôtre et un prophète se détachent sur une draperie damassée de couleur, laissant parfois apparaître au-dessus et sous le dais un fond de couleur différente.
Les apôtres portent de grands nimbes, ciselés comme des pièces d'orfèvrerie. Ils sont vêtus de manteaux blancs et de robes de couleur, et tiennent d'une main leurs attributs respectifs et de l'autre un phylactère sur lequel est inscrit l'un des articles du Credo. À côté de chacun d'eux, un prophète, vêtu d'une robe et coiffé du bonnet des juifs, tient un phylactère portant le verset correspondant de son livre, montrant ainsi la concordance de l'Ancien et du Nouveau Testament. C'était là, comme l'on sait, un sujet très répandu au Moyen Age, notamment par les miniaturistes et peintres verriers du duc de Berry. On le trouve en effet reproduit sur les Grandes Heures du duc en 1409, sur les vitraux de la Sainte Chapelle de Bourges en 1400-1405 et sur ceux de la Sainte Chapelle de Riom aux environs de 1450. En Bretagne, outre à Quemper-Guézennec, l'on voit le même sujet sur les vitraux de la chapelle de Kergoât en Quéménéven.
De haut en bas et gauche à droite à on rencontre les panneaux suivants :
Les grands nimbes travaillés, la coupe si caractéristique de la barbe des personnages et leurs physionomies rappellent Maître Francke ou Johanne Koerbecke. C'est donc à l'école de Maître Françke, si profondément influencée par l'art bourguignon, que l'on doit, semble-t-il, attribuer le carton de la belle verrière de Quemper-Guézehnec. Les couleurs foncées des verres peints permettent, semble-t-il, d'attribuer cette verrière à l'atelier de Tréguier.
Source : Société d'émulation des Côtes-d'Armor.