photo : Ph. de Geofroy
La paroisse de Pabu tire son nom de saint Tugdual, ou Pabu, son patron.
L'église, pauvre et nue, renferme des reliques de la vraie croix. Elle reconnaît pour patron saint Tugdual, dont M. Le Febvre, prêtre et frère du recteur actuel de Pabu, ébauchait une statue nouvelle dans un énorme bloc de chêne, lors de notre visite au presbytère. Dieu vienne en aide au pieux vieillard dans cette entreprise, qu'il nous semble impossible de mener à bien avec les outils grossiers et insuffisants qu'il possède. M. Le Febvre est auteur d'une grammaire bretonne. A une époque reculée, cette église était le siége d'une chapellenie à la nomination des seigneurs de Munehorre et connue sous le nom de chapellenie de Keranré. En 1711 et 4712, les habitants de la dîmerie de Trivis, au centre de laquelle se trouvait la chapelle de Pabu, firent des démarches actives près de l'évêque de Tréguier pour obtenir son érection en église paroissiale ou tréviale, alléguant les difficultés qu'ils éprouvaient pour se rendre, surtout en hiver, aux offices de Ploumagoar. Ces démarches eurent un plein succès. Le 5 février de cette année 1712, un acte fut dressé; il régla les fondations destinées à l'entretien de la future succursale.
Le cimetière renferme un calvaire en granit qui porte la date de 1622.
MUNEHORRE, haute justice, appartenait, en 1427, à Audren de Munehorre ; en 1481, à Vincent et Olivier de Munehorre; en 1556, à Robert Bizien ; en 1690, à François Bizien; en 1780, à M. de Munehorre, lequel avait pour armes de gueules au croissant d'or, accompagné de six étoiles de même.
Cette terre appartient aujourd'hui à M. de Goujon de Coispel, deux noms honorablement inscrits dans l'histoire de Bretagne. Le château est fort modeste : assis sur la crète d'un ravin au fond duquel le Trieux roule ses eaux, il aspecte de ce côté un paysage des plus pittoresques, et de l'autre communique à la route de Pontrieux par une large avenue. Des chênes séculaires, des hêtres au tronc lisse l'environnaient autrefois de toutes parts ; mais la hache s'est longtemps promenée dans ces beaux bois, de sorte qu'il ne reste plus, à bien dire, qu'une épaisse ceinture d'arbres verts, et quelques jeunes plants destinés à remplacer un jour le vieux fleuron détruit.
Munehorre renferme des carrières de granit en exploitation. On doit à son propriétaire actuel l'établissement d'une usine à filasse , à quelques minutes de marche, sur la rivière du Trieux. C'est là un exemple à suivre par la noblesse de notre pays. Sans exposer sa fortune, sans faire violence à ses idées relativement au travail, elle pourrait facilement , par l'association de ses capitaux, souvent laissés improductifs, créer quelque grande industrie qu'elle ferait gérer par des tiers ayant sa confiance. Cette manière de venir en aide à la classe qui souffre lui vaudrait beaucoup plus de bénédictions sincères que les aumônes qu'elle peut faire.
Le château de Munehorre avait une chapelle privée qui subsiste toujours. Elle est située près d'un petit étang et sert en ce moment de cave au fermier.
photo : Ph. de Geofroy