photo : gerardgg
L'église Saint-sauveur est un bel édifice gothique surmonté d'un clocher aux formes pures et élégantes, dont ou ne se lasse pas d'admirer la grâce et la légèreté. Le chevet offre de légères galeries à balustrades découpées comme de la dentelle, des pyramides ornées de sculptures délicatement creusées dans le granit.
L'intérieur de l'église n'offre de bien remarquable que le monument sépulcral de l'illustre Duguesclin, qui jugea la ville de Dinan digne de posséder son cœur. On sait que ce guerrier mourut le 13 juillet 1380, au siége du château de Randan. Son corps fut inhumé à Saint-Denis dans les tombeaux des rois de France, récompense que méritaient bien les services du héros breton, et son cœur, conformément à ses dernières volontés, fut placé à Dinan, dans l'église des Dominicains, auprès de Tiphaine Raguenel, sa première femme.
Cette église ayant été détruite, le cœur du connétable fut transféré dans l'église de Saint-Sauveur. Une simple épitaphe annonce que le cœur de l'un de ces hommes qui font la destinée des nations gît sous le marbre qui le couvre et le dérobe à tous les yeux. L'on n'y lit point une énumération fastueuse des titres et des vertus du héros, ne suffit-il pas de le nommer pour rappeler à l'esprit des idées de gloire et d'honneur, pour réveiller le souvenir impérissable des services signalés que ce grand homme a rendus à notre patrie ? Ci-gît le cœur de messire Bertrand Duguesclin, en son vivant connétable de France, qui trépassa, etc.; dont le corps repose avec celui des rois à Saint-Denis en France. Telle est l'inscription que l'on aperçoit sur une table de marbre qui n'est pas détachée du mur de l'église et qui présente une forme pyramidale. On voit en haut une urne funéraire, et sur un blason deux aigles dans le genre des armes d'Autriche, ainsi que les portait la maison Duguesclin.
Source : Guide pittoresque du voyageur en France par Eusèbe Girault de Saint-Fargeau.
Voici la vaste place de St-Sauveur, au fond de laquelle se dessine le magnifique portail de l'église. Cette place, où se trouvait primitivement établie la halle communale, et sur laquelle les adeptes de Carrier élevèrent plus tard la hideuse guillotine, s'est nommée successivement champ Jacquet, Carhouët, enfin, en 1793, place de la Liberté et de la Concorde, nom dont on baptisait, par une amère dérision, une foule de places et de rues, en ces temps de terreurs et de discordes civiles.
Il ne serait peut-être pas très-facile d'expliquer comment et par suite de quels événements ces lieux ont si souvent changé de nom, mais vous avez hâte de visiter le vieux temple qui est tout près de vous, et vous pressez le pas sans vous occuper davantage de la place assez insignifiante que vous venez de traverser.
Il est juste, avant d'entrer, de vous laisser admirer la façade de l'église : qu'elle devait être belle, n'est-ce pas ? avant d'être ainsi dégradée ! Elle se compose de trois arcades richement sculptées, surmontées de figurines mutilées, séparées entre elles par d'élégantes colonnettes, qui, quoiqu'en harmonie, présentent, toutes, des dessins différents. Au dessus de la porte d'entrée, on reconnait encore la figure du Père Eternel, mais on ne peut plus distinguer les statues abritées par les arcades collatérales.
A quelle époque remonte la construction de l'église Saint-Sauveur ?
Les archives de la fabrique apprennent que les fondations en furent jetées en 1480, et qu'en 1509, l’évêque de Saint-Malo bénit les travaux et reçut, « pour ce, deux potz de vin de Gazcogne. » Mais sa construction n'a été achevée qu'au milieu du siècle dernier. Le mur méridional semble indiquer l'époque romano-ogivale.
Le reste de l'intérieur appartient, croyons-nous, au quinzième siècle. Il faut sans doute attribuer la lenteur avec laquelle on a édifié ce temple aux guerres successives que Dinan eut à soutenir au moyen-âge et qui durent interrompre plus d'une fois les travaux. Ces assemblages de styles différents, ces disparates entre les diverses architectures, lui donnent un caractère singulier, qui ne lui ôte rien, d'ailleurs, de son aspect imposant.
Les quinze autels de cette église sont richement ornés : mais ce n'est pas là ce que cherche le touriste. Toute son attention sera pour le vieux bénitier qui servait autrefois de piscine baptismale et dont la coupe est supportée par des personnages qui semblent se raidir sous le fardeau, pour le modeste monument de marbre qui renferme le cœur du connétable Du Guesclin, en mémoire duquel on célèbre encore chaque année un service funèbre. « Nous élisons, avait dit en mourant, devant Chateauneuf-Randon, Bertrand Du Guesclin, nous élisons la sépulture de notre corps être faite en l'église des Jacobins de Dinan, en la chapeile de nos prédécesseurs. »
Son dernier vœu ne fut réalisé qu'à demi : Charles V voulut que son corps reposât dans les caveaux de Saint-Denis, et son cœur seul fut déposé dans l'enfeu de sa famille. Mais cette chapelle devint un jour un tribunal de sans culottes et les restes du vaillant serviteur des rois n'auraient pas échappé, sans doute, à la stupide fureur des révolutionnaires, si l'urne qui les renfermait n'avait été furtivement enlevée par une main pieuse.
C'est le 9 juillet 1810 qu'eut lieu, avec une grande pompe, la translation du cœur de Du Guesclin dans la chapelle du Rosaire, à Saint-Sauveur. Voici l'inscription gravée, en lettres d'or, sur la pierre tumulaire.
Le tableau qui surmonte ce sarcophage assez mesquin représente la scène de Du Guesclin , au moment où le gouverneur de Châteauneuf-Randon dépose les clefs de la ville su le cercueil du connétable.
Le conseil de fabrique vient de décider qu'un monument plus digne de sa destination, sera prochainement érigé dans la chapelle Saint-Jean, pour recevoir le cœur de Du Guesclin: on ne peut qu'applaudir à cette pensée patriotique.
En faisant le tour de l'église, arrêtez-vous devant l'autel St-François, pour y voir un tableau, donné par saint Bonaventure au baron d'Avaugour, lors de la fondation des Cordeliers.
Cette image vénérée, qui attira, pendant plusieurs siècles, les pèlerins de tous les points de la Bretagne est, dit-on, l'œuvre d'un artiste italien du douzième siècle. Malheureusement on l'a rendu méconnaissable par une restauration maladroite qu'on lui fit subir il y a une trentaine d'années.
A près avoir visité l'intérieur de ce beau monument, il faut l'étudier à l'extérieur dans tous ses détails. Une tour, commencée en 1557 et terminée en 1612, la surmontait autrefois, mais son dôme, frappé par la foudre en 1749, fut remplacé, vers 1779, par la flèche actuelle, exécutée d'après le dessin de M. J. Broussais architecte de la ville. La partie la plus curieuse est sans contredit le bas-côté midi du chœur, dont un architecte distingué, M. Béziers-Lafosser fait ainsi la description : « Les bas-côtés du chœur sont remarquables par une pure sévérité de lignes ; les deux chapelles absidales, vers raidi, vu au fond du bas-côté , produisent un jeu d'arceaux d'un effet admirable. Les voûtes d'arêtes en granit sont ornées de nervures qui retombent en s'amoindrissant sur les piliers du chœur et les demi-piliers des chapelles. Les chapelles latérales sont aussi voûtées en arêtes ; les absidales rayonnant au pourtour du chœur sont également voûtées, mais avec une complication, un agencement surprenant, dans lequel l'œil étonné se perd Le plan indique les différentes combinaisons de ces voûtes qui sont merveilleusement exécutées. En un mot, le chœur, ses collatéraux et ses chapelles sont un ensemble essentiellement harmonieux d'une belle et savante exécution : la vue de cette belle œuvre saisit l'âme et lui imprime un profond sentiment religieux. Il est inutile d'ajouter que tout ce qui constitue cet ensemble est en granit, ce qui ne laisse d'augmenter son mérite, et de lui donner un caractère tout à la fois grand et sévère. »
Depuis plusieurs années, l'église St-Sauveur, classée parmi les monuments historiques, a été l'objet de divers travaux d'embellissement, qui font également honneur au zèle et au goût du vénérable curé de cette paroisse, dont le nom est entouré d'une popularité bien méritée.
Source : Dinan et ses environs par J.-M. Peigné 1862
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg
photo : gerardgg