dinan

Dinan est une ville ancienne dont les historiens ne font connaître ni le fondateur ni l'époque de la fondation. L'on a cru longtemps que celait l'ancienne capitale des Diablintes, dont il est question dans les Commentaires de César; mais il est reconnu aujourd'hui qu'elle est sur le territoire des Curiosolites, dont la cité principale était au village de Corseul. La position de Dinan et ses fortifications en ont fait pendant longtemps une place importante, qui fut assiégée, prise et reprise plusieurs fois. Duguesclin s'en empara en 1373, et Olivier de Clisson eu 1379. Duguesclin la défendit vaillamment contre le duc de Lancastre, qui l'assiégea en 1389. Heuri III la livra, en 1585, au duc de Mercœur, chef de la Ligue en Bretagne, qui transporta à Dinan le siége du présidial de Rennes et y lit battre monnaie; mais les habitants, fatigués de sa domination, se rendirent en 1598 au maréchal de Brissac.

La ville de Dinan est bâtie dans une situation des plus pittoresques, sur une montagne escarpée, qui s'élève à 180 pieds au dessus de la rive gauche de la Rance, où elle a un port qui communique au moyen du flux avec celui de Saint-Malo et où des navires de 70 à 90 tonneaux peuvent entrer à marée haute. Elle est ceinte de murailles d'une hauteur et d'une largeur extraordinaires, et était jadis défendue par un château fort dont une partie existe encore et sert de prison. Des boulevards bien plantés entourent ces antiques murailles, aujourd'hui couvertes de jardins d'où l'on jouit d'une vue admirable.

Des plantations variées, des eaux courantes, quelques étangs, des prairies, des vallons, coupent et embellissent les environs de Dinan. Au nord, de jolies maisons de campagne, la Colinais, Carheil, offrent des bois, des bosquets agréables. Près de la Tremblais, à une lieue de Dinan , loin des carrières où l'on retire des pierres analogues, un bloc de granit, incliné à l'orient, de 6 à 8 pieds de diamètre, dans une longueur de plus de 30 pieds, rappelle le culte et la puissance des druides. L'antiquaire parcourt avec intérêt les ruines de la capitale des Curiosolites, Corseul ; mais une émotion plus douce, plus généralement sentie, est celle que l'on éprouve lorsque, vers le milieu de la grande avenue de la Garaye, on répète ce chant de la reconnaissance, ce chaut qu'aimaient à faire entendre les malheureux, avec lesquels le possesseur de cette terre, fils du gouverneur de Dinan, partagea son asile : la bienfaisance rend immortel.

Du promontoire, connu depuis un temps immémorial sous le nom de Parnasse, et qui, sans être dans les murs de Dinan fait partie de la ville, on découvre au nord, la cité, ses principales tours, les jardins et les bâtiments de trois beaux monastères : quatre clochers élancés s'élèvent sur ce fond, que recouvrent en partie les ormes du coteau: au levant, les regards se fixent tour à tour sur la Rance serpentant au milieu des prairies que trois ou quatre fois par an la mer recouvre et féconde; sur le bourg de Lanvallay ; sur de jolies maisons de campagne; sur des vergers, des jardins, des rochers, des taillis, des pelouses escarpées servant de pâture à de nombreux troupeaux. Le point le plus élevé de la Bretagne, Bécberel, borne la vue au midi. Au-dessous, le Chêne-Ferron, agréablement situé sur le canal d'Ille-et-Rance, où l'on arrive entre des coteaux coupés par des chemins sinueux ombragés de charmilles, offre un lieu de réunion d'autant plus agréable qu'un excellent écho y donne de l'harmonie au son des instruments et des voix qu'il répète. Sur un troisième plan, on voit en partie écroulées les voûtes en pierre de l'église d'un vaste monastère; le bourg de Lèbon, ses tours, ou plutôt son château, bâti sur les ruines d'une forteresse que les Romains élevèrent pour s'assurer le cours de la Rance. Les terres des Granges, de Léchai, qui sont au couchant, ainsi que le Saint-Esprit, village remarquable par ses ruines et son antiquité, par l'étendue et la beauté de son horizon, font partie de ce panorama, au centre duquel on respire les douces émanations du serpolet et de plusieurs autres plantes aromatiques. Des arbres, des arbustes groupés agréablement, y reçoivent et réfléchissent les premiers rayons du soleil; et le chant des oiseaux s'unissant alors au bruit des cascades et des moulins, porte dans l'âme ces douces, pures et profondes émotions qu'en vain on essayerait de transmettre, et que ne procurent jamais dans les cités, dans les jardins paysagers, de chétives imitations de la belle nature.

A Dinan, et dans les campagnes qui l'entourent, de beaux figuiers attestent une douce température : on n'y voit point de fonds marécageux ; des arbres élevés y brisent les vents et préviennent les orages. Offrant ainsi tous les agréments des pays de montagnes, sans faire éprouver leurs rigueurs, ces lieux que les poètes aiment à chanter, et que les peintres se plaisent à reproduire, parurent fixer les vainqueurs du monde. Aux chants guerriers, au bruit des armes, ont succédé les jeux, les concerts, les danses, les parties de mer et les promenades champêtres.

Une communication facile est ouverte à Saint-Malo avec Dinan et plusieurs communes qui bordent la Rance, qui a son embouchure à Saint-Servan. Les petits bâtiments de cabotage profitent de la marée pour remonter jusqu'à Dinan, et chaque jour partent de cette ville un bateau à vapeur et des barques, qui fout dans une même journée le voyage d'aller et retour. Ces bateaux ayant pour tout gréage un mât avec une large voile, repartent de Dinan à l'instant où la marée se retire, et quelquefois, aidés du courant et du vent, ils font un trajet de 5 lieues en une heure un quart ou une heure et demie. Si le vent refuse son secours, dix hommes s'abaissant et s'élevant sur leurs larges avirons, s'occupent avec activité à hâter leur arrivée au port, où ils vaquent à leurs affaires avant l'heure où la marée montante les force à revenir à Dinan.

Rien n'est plus pittoresque que le paysage qui borde le cours de la Rance : l'œil se promène avec délires sur les sites variés et gracieux qui côtoient la rivière. Tantôt c'est une colline couverte de bois qui vient se dérouler jusqu'à la rive; tantôt un rocher s'élève à pic et fait frémir celui qui en mesure l'élévation. Ici c'est une maison de campagne située au sommet d'une roche escarpée; là une riche plaine captive l'oeil de celui qui, pour la première fois, jouit d'un spectacle aussi ravissant que nouveau. La rivière s'élargit, et la vaste plaine de Saint-Suliac est sillonnée par la barque dont les passagers songent alors à se livrer à la gaité. Là, comme sous le tropique, les matelots se plaisent à baptiser ceux qui n'ont pas encore fait le trajet. A quelques signes de convention, le novice ne larde pas à se déceler à l'œil habitué du matelot. Tantôt c'est un homme que les cris de l'équipage avertis-sent du danger qu'il court sur une roche vacillante, tantôt les statues d'un jardin sont traitées de nonnes trop curieuses qui accourent pour voir les bateaux; et celui qui se laisse prendre au piège est baptisé s'il ne consent à donner, pour éviter la cérémonie, quelque monnaie qui se partage entre les rameurs. A chaque instant partent du rivage des petites barques, remplies de deux ou trois individus qui viennent aborder les grands bateaux pour continuer avec eux le trajet. L'on frémit eu voyant ces frêles embarcations s'élever au milieu des lames écumantes, et lorsqu'elles gagnent le bord on s'étonne qu'elles aient évité un danger qui semble immense à relui qui ne tonnait pas encore l'intrépidité des hommes et même des femmes du pays.

Dinan, comme toutes les villes qui remontent à une haute antiquité, est généralement mal bâtie. On y trouve de ces rues tortueuses, sombres et étroites, bordées de maisons en bois, où la vie, privée d'air et de lumière, s'écoule pâle et décolorée. Plusieurs quartiers offrent cependant quelques rues larges et droites, où l'air circule avec facilité, et dont les maisons construites en granit ou blanchies répandent un air d'aisance et de propreté. Dans son enceinte se trouvent une place publique spacieuse et régulière et plusieurs établissements publics. A l'extrémité de la rue de l'École, s'élève la porte Saint-Malo, d'une architecture lourde, et dont le sommet présente des constructions modernes, élevées en 1815. Plus loin est la tour de Jerzual, dont l'ouverture en ogive et l'air de vétusté portent à croire qu'elle est une des plus anciennes de la ville. Non loin du château, est la porte Saint-Louis, bâtie en 1620, et la plus moderne des quatre portes de la ville, dont la plus remarquable est la porte de Brest flanquée de deux tours recouvertes d'un toit aigu.

Source : Guide pittoresque du voyageur en France par Eusèbe Girault de Saint-Fargeau.

Eglise Saint-Malo

L'église Saint-malo fut commencée en 1489. C'est un édifice inachevé, et le chœur, dont l'exécution est complète, peut seul donner une idée de ce qu'aurait été cette église si on y eut mis la dernière main. Comme celui de Saint-Sauveur, l'extérieur du chœur présente une grande quantité de sculptures et d'ornements d'une forme et d'un caractère singulier.

Eglise Saint-Sauveur

L'église Saint-sauveur est un bel édifice gothique surmonté d'un clocher aux formes pures et élégantes, dont ou ne se lasse pas d'admirer la grâce et la légèreté. Le chevet offre de légères galeries à balustrades découpées comme de la dentelle, des pyramides ornées de sculptures délicatement creusées dans le granit. L'intérieur de l'église n'offre de bien remarquable que le monument sépulcral de l'illustre Duguesclin.

Maison dite du Saint-Mitré

Ville de France, en Bretagne au Diocèse de St. Malo. Les Auteurs les plus anciens qui ont fait mention de cette ville récrivent tous en Latin Dìnannum, ensuite on en a retranché une des NN, & dit Dìnanum comme le remarque Hadrien de Valois. Mr. Baudrand traduit Dinantium assez mal, ce me semble, car le nom de cette ville n'est pas Dinant mais Dinan.

Maison dite du Gouverneur ou ancien château Ganne

La maison du Gouvemeur est une très ancienne demeure à pans de bois du XVe siècle, située dans la rue du Jerzual, la plus vieille rue de la cité. Classée Monument historique, elle est le type même du bel hôtel particulier de cette époque dans lesquels bourgeois et artisans aimaient emménager à l'ètage, au-dessus de leurs boutiques.

Usine de bonneterie d'Engoulvent, puis Bonneterie Bayle, puis Société Lemaire, Trenteseaux et Cie, puis Société Pierre Duthilleul et Cie, puis Bonneteries de l'Ouest, actuellement maison et centre commercial

Patrimoine classé ou inscrit dit 'Usine de bonneterie d'Engoulvent, puis Bonneterie Bayle, puis Société Lemaire, Trenteseaux et Cie, puis Société Pierre Duthilleul et Cie, puis Bonneteries de l'Ouest, actuellement maison et centre commercial' à dinan (cotes d'armor 22100).

Tour de l'Horloge

La Tour de l'Horloge, en y comprenant la flèche qui la couronne, monte en pyramide à soixante mètres du sol. Elle est située à peu près au centre de la ville, et date du quinzième siècle. La municipalité y tenait autrefois ses séances. Au pied de la flèche est une galerie en plomb d'où l'observateur découvre les riants aspects des environs.

Vieux pont

Le vieux pont de Dinan et sa grande arche actuelle a été réédifiée après la seconde guerre mondiale. Les seules parties réellement authentiques que ce pont conserve, ne sont qu'une seule arche cintrée romane, ainsi qu'une arche brisée

Hôtel de Beaumanoir

Ce magnifique hôtel, admirable type (comme le château de la Garaye), de la première époque de la Renaissance, est fort intéressant à visiter. Le corps principal du logis possède une tour octogonale en avant-corps, percée de fenêtres rectangulaires à angles supérieurs arrondis et surmontées des élégantes accolades qui caractérisent la Renaissance.