photo : pierre bastien
Cette paroisse, qui relevait du roi, avait une haute justice qui ressortait à Plancouet et de là à Dinan. On y comptais 900 communiants.
La cure est alors en la présentation de l'abbé de Saint-Jacut ; c'est un ancien prieuré dépendant de l'abbaye de Marmoutiers, ordre de Saint-Benoit. Ce territoire renferme la maison noble de la Touche-à-la-Vache, haute-justice, à M. Scott ; le château de la Menairdais, et les terres de Lambaudaie et de la Hingodais. Le bourg de Crehen est situé à l'extrémité d'un monticule qui a plus d'un tiers de lieue de longueur, au bas duquel passe, à l'ouest, la rivière d'Arguenon ; au nord-est est un grand vallon où coule un ruisseau, et au sud un autre vallon qui communique avec les deux autres, aussi arrosé de ruisseaux qui, comme le précédent, vont se jeter dans l'Arguenon. Le sol de ce territoire est bon et assez exactement cultivé.
Le château du Guildo, qui se voit dans cette paroisse, était jadis une place très-forte ; il appartenait, en 1400, à Bertrand de Dinan, chevalier, seigneur du Guildo. En 1446, ce château appartenait à Gilles de Bretagne, frère du duc François Ier. Gilles avait épousé, pour son malheur, Jeanne de Dinan, la plus belle femme de son temps. Artur de Montauban, favori de François, conçut pour Jeanne une passion violente et parvint à s'en faire aimer ; mais comme ils ne pouvaient satisfaire leur passion du vivant du prince, ils formèrent le noir projet de le perdre. (Voyez l'Abrégé de l'histoire de Bretagne)
En 1590, le château du Guildo était gardé par une garnison du duc de Mercœur, commandée par le capitaine Jacques le Ray, à qui il fut enlevé par les troupes du roi Henri IV. Au mois de mai 1597, Saint-Laurent, capitaine du duc de Mercosur, assiégea avec un corps de deux mille hommes, tant Espagnols qu'autres étrangers, le château du Guildo, dont il se rendit maître. En 1620, Jean d'Avaugour, seigneur du Bois-de-la-Motte, baron du Guildo, fonda une communauté de Carmes, qu'il établit dans l'église collégiale des Chapelains, auprès de son château du Guildo. Il obtint, pour cet effet, des bulles du pape, des lettres-patentes de Louis XIII, et l'agrément de Guillaume le Gouverneur, évêque de Saint-Malo Le Guildo a une haute-justice qui appartient à M. Picot.
Le château du Guildo domine l'Arguenon, presque à l'endroit ou la route de Matignon à Dinard passe la rivière. Ce qu'il en reste est plutôt des décombres que des ruines ; cependant on peut encore voir que l'endroit par où l'on y pénètre était jadis la porte d'entrée. On a fait remonter au VIe siècle la construction de ce château, et l'on a dit que Conobre y donna asyle a Chramne, fils révolté de Clotaire mais rien ne prouve ce fait, si ce n'est l'observation suivante. Dans un hameau qui est près du bourg de Créhen on a fouillé un tumulus, et l'on en a retiré, dit-on, des ossements calcinés et des charbons. A cette tradition s'en lie une autre qui participe de l'esprit superstitieux de nos campagnes. Les paysans des environs de créé prétendent que la nuit on voit sortir de ce tumulus une femme qui va laver à la rivière un linge ensanglanté.
Les souvenirs se rattachant au prince Gilles ont un caractère plus précis que les traditions relatives à Chramne. Ce prince infortuné vit commencer au Guildo les malheurs qui ne finirent qu'avec sa vie (Un écrit qui date du siècle suivant, XVIe, à conservé dans les termes que voici le récit de cette arrestation : « Messire de Brezé, o tont 400 lances, arrivèrent au Guildo, le 26e de juin de l'an 1440. En ce chasteau était Mgr. Gilles, avec les dames, c'est à savoir madame sa femme, madame Catherine de Rohan, mère d'Icelle, et plusieurs dames et damoiselles. L'arrivée de ces gens d'armes ne fit aucunes émotions sur le prince, car il croyait recevoir des amis, mais bientôt il s’aperçut du contraire, car ceux-ci prinrent au corps assez lourdement Mgr.Gilles de Bretagne, le tirèrent hors la place, et l'emmenèrent à Dinan, où était son frère. »).
Lors des sièges qu'il soutint pondant la Ligue, le Guildo fut attaqué et défendu par le canon, car ou a trouvé une pile de boulets dans une retraite au dessus de la poterne. Pendant la révolution de 1793, un des membres de la famille Châteaubriant avait cherché un asile dans les ruines du Guildo ; il le quitta, fut pris et fusillé à Paris.
Source : Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne par Jean Ogée, A. Marteville, Pierre Varin 1843.
photo : pierre bastien
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