L'église paroissiale de Beaudieu, l'ancien Moustier des bénédictins, est le plus beau des monuments historiques de la Corrèze, c'est aussi le plus grand et le mieux conservé. Ses dimensions bien proportionnées présentent la forme crucifère avec triple nef et un déambulatoire. Cet édifice roman mesure environ 65 mètres de longueur et près de 20 mètres de hauteur intérieurement. — Les voûtes sont soutenues par douze piliers avec cantonnement de demi-colonnes sur pilastres et par quatres colonnes pleines dans la conque. Tantôt en berceau, tantôt en arête, ces voûtes, avec des doubleaux surbaissés ou aigus sont d'un style roman très pur. On y trouve pourtant trace de restaurations dans certaines parties. L'oeuvre des 15e ou 16e siècles se dessine dans un croisillon du nord et une travée du bas-côté du septentrion. M. le chanoine Poulbrière, qui a décrit ce vieux Moustier, dit que :
« pour qui observe d'un oeil exercé l'église de Beaulieu, ce bel ouvrage roman, malgré son harmonie d'ensemble, s'est fait en deux campagnes. La première, qui comprend abside, transsept et haute travée de la nef, doit dater d'environ 1100 : c'est la meilleure. La seconde, d'un demi-siècle à peu près postérieure, et d'un travail moins soigné, embrasse, avec la lanterne ou dôme octogonal qui surmonte l'intertranssept, les trois travées inférieures de la nef, plus les deux grands portails. La façade d'ouest, dans son premier triplet, appartient déjà à une époque qui n'est plus le roman : c'est du 13e siècle. Ainsi en est-il du grand clocher qui s'y détache en saillie et qui.devait faire office de donjon autant que de tour à cloches : c'est presque du 14e siècle. Je ne parle pas du triplet supérieur de la façade : celui-ci appartient à cette restauration des derniers temps (1717-1724) qui dégagea l'église d'un pâté de constructions parasites, encore.indiquées sur les murs. On a mis sur ces murs la couronne d'épines des bénédictins de Saint-Maur : elle équivaut à une date, à une signature. »
C'est au midi qu'est placé le portail de cette église. Il donne accès direct dans la deuxième travée de la nef.
Nous voici en face d'un véritable chef d'oeuvre de l'époque romane et de cet art limousin qui produisit, on le voit, de magnifiques ouvrages dont le plus connu est le fameux portail de Moissac, de plusieurs années postérieur à celui de Beaulieu que nous allons essayer de décrire.
A plein cintre, cela va de soi, et relativement bas, puisqu'il est un peu plus large que haut, le porche est orné dans ses piliers latéraux de deux niches à double arcature cintrée soutenues de chaque côté par trois colonnes à chapiteaux historiés. Chacune de ces niches contient des sculptures allégoriques en haut relief : au nord Daniel dans la fosse aux lions. Au midi Tentation de Jésus par Satan dans le désert, et la Mise en fuite des démons.
Le tympan du portail est soutenu par trois colonnes. Celles des deux côtés représentent saint Pierre et saint-Paul ; sur celle du milieu se voient différents personnages avec des lions et lionceaux à leurs pieds ; ces personnages semblent soutenir le poids du tyanpan dont la baie représente une série d'animaux divers : serpents, dragons, taureaux etc., divisés en deux larges plate-bandes, sur lesquelles est posée la scène principale du Jugement dernier ; le Christ assis sur un trône ouvre largement les bras. Des anges tiennent debout sa croix, derrière lui. A sa droite sont les élus, et, au-dessous de lui, répondant à la trompette du jugement, les morts sortent de leurs tombeaux.
Cette page de sculpture romane mérite une attention spéciale et soutenue. On y verra que notre école limousine du 12e siècle valait bien ses voisines Périgourdine, Languedocienne, Auvergnate, Saintongeoise, etc.
Malgré le mauvais état dans lequel ils se trouvent, trois motifs enchâssés dans le pilier gauche de l'angle de la façade de cette église méritent aussi d'être cités.
Ils représentent :
A étudier aussi les sculptures des deux côtés intérieurs du porche.