photo : Lumière du matin
Le hennissement des chevaux et l'imposant édifice que nous avons sous les yeux nous avertissent que nous sommes arrivés au château et au haras de Pompadour. Le bâtiment réclame nos premiers regards, soit par sa masse et ses tours gothiques qu'un crépissage général vient de rajeunir, soit par son site au milieu d'une haute et belle plate-forme dont on a circulairement entouré la roche, sans doute escarpée, sur laquelle il était primitivement assis. Cette terrasse de deux cents toises de circonférence, bordée d'une balustrade en pierre et flanquée de tours, de distance en distance, est d'un très bel aspect. On ignore le nom du fondateur et des premiers habitants de ce château, qui paraît remonter au XIIe siècle. Vers le commencement du XVe, un cardinal de Pompadour, évêque du Puy, avait fait bâtir un nouveau, château près de l'ancien, avec un luxe de sculpture qu'on trouve rarement, même dans les châteaux royaux bâtis à la même époque. Il a succombé sous les coups des révolutionnaires de 1793.
« La famille des seigneurs de Pompadour était éteinte, et ses biens faisaient partie des domaines de la couronne, lorsque Louis XV, voulant donner un titre et une existence indépendante à la plus célèbre de ses maîtresses, lui fit cadeau du marquisat de Pompadour. Après la mort de la marquise, qui ne laissa point de postérité, cette vaste terre dut retourner à la couronne. Louis XV en gratifia M. de Choiseul, son premier ministre. Le nouveau propriétaire en fit un haras royal en 1765 et reçut en échange la terre de Chanteloup, où il se retira après sa disgrâce. Le haras a subsisté jusqu'à ce moment, et même à travers la révolution, qui a bien pu faire vendre près de trois cents chevaux qui y existaient alors, mais non lui faire perdre le titre de haras. Presque tous les biens avaient été vendus aussi; ils ont été rachetés en 1805 (ndw : voir ci-dessous les archives parlementaires qui font état de certaines ventes précédentes de parties du domaine) par M. de Champagny, alors ministre de l'intérieur. Ses revenus sont encore de 35000 fr. Ils consistent principalement en prairies et en bois. Quoiqu'on n'y élève pas autant de chevaux qu'avant la révolution, il y a cependant soixante-dix étalons et soixante-quinze poulains. Il pourrait en contenir et nourrir plus de deux cents. Les employés y sont commodément logés, ainsi que l'administration. » ( Art. fourni par M. de Solanet, inspecteur général des haras. )
Le hameau de Pompadour renferme environ trois cents habitants, qui regardent la chapelle du château comme leur paroisse, et le chapelain comme leur curé, ce qui les dispense de se rendre à l'église du village, situé une grande demi-lieue ouest de Pompadour. Cette paroisse, qu'on nomme Arnac, est remarquable par sa belle église, seul reste d'une ancienne abbaye pour laquelle elle avait été construite : c'est une vraie basilique, digne de figurer dans une grande ville.
Source : Description routière et géographique de l'empire Français par Régis-Jean-François Vaysse de Villiers 1830.
26 Ventôse an XII, 17 mars 1804.
Le préfet du département de la Corrèze est autorisé à céder, au nom de la République, plusieurs parties du domaine du Haras de Pompadour, et à recevoir en échange les autres terrains ci-après désignés, savoir :
Les échanges mentionnés ci-dessus seront effectués sans sonite ni retour. Les frais auxquels ils donneront lieu demeureront à la charge des cessionnaires particuliers qui seront tenus en outre de faire dresser le plan des terrains cédés au haras de Pompadour, et d'en déposer un exemplaire aux archives de la préfecture du département de la Corrèze, et un autre à celles du ministère de l'intérieur.
Source : Archives parlementaires par J. Mavidal et E. Laurent