photo : dbcjeanne
Implantée sur la rive gauche du Cher, cette petite demeure d'agrément présente le parti traditionnel d'un château médiéval avec basse-cour, cour et tours rondes aux angles d'une plate-forme quadrangulaire, entourée de douves. Enfermé dans son enceinte qui n'est percée que par le portail d'entrée, au sud, le château se compose d'un logis implanté dans l'angle nord-est de la cour, et d'une aile de communs, qui fut adossée à la courtine ouest au XVIIe siècle ou au tout début du siècle suivant.
Le logis, de plan régulier, comprend un corps principal élevé entre une petite cour et un jardin compartimenté, flanqué à l'est d'un grand pavillon et d'une aile en retour. Cette aile renferme la tour de l'escalier en vis, une petite galerie à deux étages, ouverte sur la cour, et la chapelle. Le logis, dont la composition harmonieuse semble homogène, présente une ordonnance très simple, symétrique, où le décor se limite aux moulures des encadrements des baies.
L'élévation intérieure de la chapelle est gothique. L'influence italienne n'apparaît que dans la présence de la galerie et dans l'adoption discrète du nouveau répertoire ornemental sur la cheminée d'une pièce de l'étage du corps principal et les culots de la chapelle. L'absence de sources d'archives et les modifications apportées aux XVIIe et XVIIIe siècles, rendent difficile la datation de cette demeure d'agrément, dont la fonction défensive semble faible. Elle fut probablement construite à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, pour les Sardé, une famille de petite noblesse dont les membres détenaient des offices à Bourges.
La distribution et l'aménagement intérieurs du principal corps de logis datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les pièces de l'étage ont conservé leurs lambris ornés de toiles peintes au trumeau des cheminées et au-dessus des portes. Du décor du XVIe siècle ne subsiste qu'une cheminée monumentale à colonnes ioniques, pilastres corinthiens et corniche ornée de motifs variés employés après 1540-1550.
Rozay a le mérite d'avoir conservé ses dispositions anciennes, caractéristiques des petits châteaux ruraux du Berry à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, et une certaine authenticité, malgré les apports faits par l'érudit Emile de Toulgoët-Tréanna, dans la seconde moitié du XIXe siècle.