photo : Lomyre
Pont l'abbé, population 1,261 habitants. Pont-l'Abbé, qui est situé à 2 myriamètres 2 kilomètres de Saintes, a été autrefois un lieu très-important. Les gouverneurs du pays y faisaient ordinairement leur résidence : la ville était alors close de murailles et enceinte de fossés ayant plus de 20 mètres de largeur sur sept de profondeur, et presque tous creusés dans le roc vif. On voit encore une porte voûtée qui est surmontée d'une tour carrée bien conservée.
A 3 ou 400 toises du bourg actuel, et dans la partie sud-ouest, on aperçoit les vestiges d'un ancien fort ou camp retranché. Ce fort présente un parallélogramme de 70 à 80 mètres ; ses fossés sont taillés dans la banche ou roche tendre, et paraissent avoir été surhaussés par un parapet assez élevé. On ne peut dire assurément par qui et à quelle époque ces retranchements ont été construits ; la tradition vulgaire rapporte que c'est l'ouvrage des Anglais lorsqu'en 1345, ils assiégeaient Pont-l'Abbé. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce lieu a dû être le théâtre de quelques faits militaires, car les fouilles qu'on a exécutées dans son enceinte, ont fait découvrir une grande quantité d'ossements humains et de débris d'armes.
L'église, qui est très-vaste et d'une construction gothique, dépendait anciennement d'une riche abbaye ; son clocher, qui forme une tour carrée terminée par une flèche pyramidale, a été bâti lorsque la Saintonge appartenait aux Anglais.
L'étendue territoriale de cette commune est de 1242 hectares; elle se compose d'un gros bourg , de 28 villages ou hameaux et de 21 moulins à vent. Elle est traversée dans sa plus grande longueur par un canal de dessèchement qui a été creusé en 1812 dans l'ancien lit de ta rivière d'Arnoult. Ce canal, qui a puissamment contribué à l'assainissement de cette contrée, est bordé par des peupliers de Virginie, de la plus belle venue.
Le sol argilo-calcaire, est généralement fertile; on y cultive principalement la vigne et à-peu-près toutes les espèces de céréales.
Un assez grand nombre de propriétaires se livrent à l'élève du bétail.
Outre les ressources que procurent l'agriculture, on fabrique à Pont-l'Abbé beaucoup de toile et de serge, et les foires qui s'y tiennent le 3e lundi de chaque mois , sont renommées pour le commerce qui s'y fait sur les bestiaux. Un marché de comestibles , qui a lieu tous les vendredis de chaque semaine , est également très-fréquenté par les marchands regrattiers qui approvisionnent Rochefort et les autres villes voisines.
Comme cette commune a été autrefois le siège d'une abbaye, il est vraisemblable que l'étymologie de son nom vient de la construction d'un pont que l'abbé feudataire aura fait établir sur la rivière d'Arnoult.
Source : Statistique du département de la Charente-Inférieure par Améric-Jean-Marie Gautier 1839.
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