photo : Lomyre
La maison de Pons était une des plus anciennes et des plus illustres de France ; elle descendait des ducs d'Aquitaine. Les sires de Pons participaient à la souveraineté; ils étaient barons du royaume, et conséquemment feudataires immédiats de la couronne ; ils jouissaient des droits régaliens, faisaient la guerre, signaient des traités, commandaient les troupes levées dans leurs domaines, équipées à leurs frais, et recevaient des rois de France le titre de cousins. Cette baronnie, qui portait d'argent à la face bandée d'or, possédait en toute souveraineté plus de soixante villes et bourgs, plus de six cents paroisses ou terres seigneuriales. Elle comprenait cinquante-deux paroisses, et avait dans sa mouvance deux cent cinquante fiefs nobles. Ces immenses domaines se seraient encore accrus, par héritage, des comtés de la Marche et d'Angoulême, de la baronnie de Lusignan et de la seigneurie de Fougères en Bretagne, si Charles-le-Bel n'eût contraint le sire de Pons à lui en faire donation. Pour rendre hommage au roi de France, le sire de Pons se présentait devant lui, armé de toutes pièces et la visière baissée : « Sire, je viens à vous pour vous faire hommage de ma terre et vous prier de me maintenir en la jouissance de mes privilèges. » Le roi, après avoir reçu l'hommage du sire de Pons, lui donnait l'épée qu'il portait ce jour-là.
Le château de Pons, bâti sur une éminence qui domine la Seugne, souffrit beaucoup dès le XIIe siècle, des guerres de l'Aquitaine : pris et repris par les Anglais et les Français, il fut enfin rasé par Richard-Cœur-de-Lion , en 1179 ; mais ses puissants maîtres ne tardèrent pas à en relever les murs. En 1370, un des seigneurs, nommé Bernard, s'étant rallié aux fleurs-de-lys, ne put entraîner sa femme et ses vassaux dans sa défection, et fut contraint d'abandonner la ville. Pendant les guerres du XVIe siècle, les sires de Pons se rattachèrent à la cause catholique ; Coligny, en 1560, assiégea et emporta la place d'assaut. Dès lors, ayant changé de maître, Pons ouvrit tour à tour ses portes aux soldats de la Ligue et à ceux du prince de Condé. Cette ville, cependant, finit par être le quartier général de Henri IV, qui, allant guerroyer en Saintonge, y laissa même sa maîtresse, la belle Corisande. Sous Louis XIV, la baronnie de Pons passa dans la maison de Lorraine.
Pons n'est aujourd'hui qu'un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Saintes ; il ne reste plus du château de la Sirauté que le donjon, grosse tour carrée servant de prison; la ville s'étend dans un vallon riant, sur la rive gauche de la Seugne ; on évalue sa population à 4,294 habitants. Une des fêtes les plus curieuses du moyen âge, celle des Coqs, y avait pris naissance; elle se célébrait tous les ans le lundi de Pâques.
Source : Histoire des villes de France, par Aristide M. Guilbert 1839.