photo : Lomyre
On voit à Marennes un clocher d'une très-belle structure appartenant à l'époque du style ogival secondaire ou au XIVe siècle. Il est d'une grande hauteur et offre une extrême ressemblance avec celui de St-Eutrope de Saintes. On y entretenait autrefois, un phare allumé toutes les nuits, pour guider la marche des vaisseaux dans ces parages difficiles et dangereux de l'Océan. On remarque sur cette tour les armes des sires de Pons, qui y furent sculptées en 1380, Marennes ayant été donné à cette époque aux seigneurs de cette maison, par lettres-patentes du roi Charles V en compensation des pertes qu'ils avaient éprouvées dans les guerres contre les Anglais et en récompense des services rendus par eux à la couronne de France.
Source : Bulletin monumental publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques et dirigé par M. de Caumont 1834.
Jean Denis, architecte, restaure l'église de Marennes en 1770 ; ajoutons en outre que «Jean-Jacques Denis, le cadet, sous-appareilleur, » et « Jean-Jacques Denis fils et appareilleur », comme on lit aux voûtes de l'église de Marennes, a son nom gravé aussi dans la sacristie de Saint-Léger de Cognac.
Source : Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis
Le clocher de Marennes, qui n'a pas moins de deux cent quarante-six pieds d'élévation, ressemble beaucoup à celui de Saint-Eutrope, mais il est, en général, plus délicatement construit et plus richement décoré. C'est aussi un édifice quadrangulaire appuyé sur quatre doubles contreforts carrés à plusieurs étages, terminé par une plate-forme d'où s'élance une pyramide octogone, dont la base est percée circulairement de huit portes ogivales à lancette. Autour de la plate-forme règne une balustrade découpée à jour, dont les nervures sont contournées de manière à figurer des fleurons de quatre feuilles d'amandier. Des flancs de la pyramide partent quatre arcs boutants qui vont se marier à quatre clochetons placés aux angles de la galerie, et dont les faces sont ornées de pinacles triangulaires. On monte à cette galerie par un escalier en spirale renfermé dans une tourelle octogone, annexée au corps de la tour. Cette tourelle, ainsi que les quatre clochetons de la galerie et plusieurs autres petits clochetons triangulaires qui décorent les contreforts à partir du tiers de leur hauteur, est couronnée d'une pyramide hérissée de crochets.
Dans chaque face de la tour s'ouvrent deux fenêtres longues et étroites, encadrées dans une même ogive à lancette, formée de plusieurs voussures en retrait et se terminant en bas par un plan incliné. Au pied de la tour, entre deux contreforts, se trouve le portail de l'église, formée d'une seule ogive à lancette, dont les nombreuses volutes en retrait étaient décorées de choux frisés qui ont disparu en grande partie. A chaque côté du portail est une niche en encorbellement, couronnée d'un pinacle triangulaire hérissé de crochets. Une niche semblable occupe le milieu du tympan, décoré de plusieurs nervures contournées, figurant des feuilles d'amandier. Ce dernier mode d'ornementation, qui n'existe pas à Saint-Pierre ni à Saint-Eutrope de Saintes, annonce la fin du XVe siècle, et nous porte à croire la tour de Marennes postérieure de quelques années aux deux premières.
L'église de Marennes est un édifice du XVIIe siècle. C'est un carré-long, couvert d'un toit obtus autour duquel règne une sorte de chemin de ronde, entouré d'un parapet en saillie reposant sur un rang de consoles qui figurent des mâchicoulis et donnent au bâtiment l'aspect d'une forteresse. Il résulte de monuments authentiques que l'ancienne église de Marennes était fortifiée. La Popelinière rapporte notamment, liv. XXIII, qu'en 1570 les Calvinistes ayant pris le pont de Marennes, forcèrent les Catholiques à s'enfermer dans l'église fortifiée de longue main. Cette église avait été si maltraitée dans les guerres du XVIe siècle, que l'abbesse de Saintes la fit reconstruire, sauf la tour, en 1602, sur un plan plus vaste que la première. Cette réédification, reprise en 1635, 1750 et 1769 , ne fut achevée qu'en 1770. (Voir notice sur l'arrondissement de Marennes, par M. le Terme, p. 302) L'intérieur se compose d'une seule nef avec voûte cintrée reposant sur de grands arceaux, dont les extrémités s'appuient sur des pilastres carrés. Cette voûte fut construite en 1770 par les frères Salomon, architectes, et le maitre appareilleur Jean-Jacques Denis, de Cognac, ainsi qu'il est écrit sur l'un des grands cintres.
Source : Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge par Daniel Massiou 1838.
photo : Lomyre