Château de Crazannes

Le château de Crazannes est dans le voisinage de celui de Taillebourg, mais sur la rive opposée de la Charente. Il existe des reconnaissances, des hommages et des prises de possession des seigneurs de Crazannes des XIIe, XIIIe XIVe et XVe siècles.

Les seigneurs de Crazannes, à chaque mouvance, prêtaient serment entre les mains du roi, dont ils relevaient directement, à cause de son château de Saintes. Celui de Crazannes se compose de trois édifices distincts ou corps de logis séparé, de constructions qui ont chacune leur style et leur caractère particuliers.

Description

Le premier, nommé le Vieux-Château, est de l'architecture des XIIIe et XIVe siècles. Le second date de la Renaissance de l'architecture grecque et romaine. Le troisième a été élevé sous le règne de Louis XV.

Le vieux château

Le Vieux-Château se compose d'un bâtiment de la forme d'un carré long, flanqué au couchant d'une tour ronde très-grosse et très élevée, avec des mâchicoulis et des meurtrières. C'est celle du donjon. Au levant et à l'angle méridional de l'édifice est une plus petite tour suspendue, et dont la partie inférieure à la hauteur du premier étage du bâtiment se termine en cul-de-lampe. On y remarque aussi des embrasures ou meurtrières pratiquées à hauteur d'appui de chaque étage. Sur toute la largeur de la façade du nord règne une terrasse ou plate-forme carrée avec des guérites correspondantes aux deux angles avancés ou extrémités. Les encadrements ou les jambages et les couronnements des portes et des croisées sont surchargés d'ornements et de sculptures dans le style gothique de l'époque. Au-dessus de la principale porte d'entrée on voit deux chevaliers armés de toute pièce et montes sur leurs coursiers, couverts de fer comme eux combattant à outrance la visière baissée et la lance à la main. Chaque guerrier est suivi de son écuyer a pied, portant sa bannière déployée. D'autres guerriers revêtus de cottes de maille et armés de massues servent de support a des écussons qui ont été brisés dans la révolution. On remarque un assez grand nombre de ces écussons blasonnés sur toute la façade. Ce sont, sans doute, les armoiries de différents seigneurs de Crazannes. Immédiatement au-dessous des mâchicoulis de la tour du donjon, règne une bande ou cordon circulaire de fleurs de lys, gravées en creux dans les pierres de taille qui servent de revêtement à cette tour comme a tous les murs extérieurs du château. On voit aussi plusieurs morceaux de sculptures gothiques dans l'intérieur de cet édifice, particulièrement dans les escaliers et aux supports ou saillies des poutres. Elles représentent des hommes, des femmes, dans des attitudes variées et souvent comiques, divers quadrupèdes, des oiseaux béquetant des fruits. Les personnages figurés dans ces sculptures en forte saillie sur la pierre portent les vêtements et costumes en usage dans les diverses conditions auxquelles ils appartiennent, dans les XIIIe XIVe et XVe siècles. Les poutres et les solives des planchers de plusieurs appartements offrent aussi de ces sculptures fantastiques sur bois, divers monstres, des crocodiles, etc. etc., tenant dans leurs gueules ouvertes et armées de dents redoutables ces mêmes poutres ou soliveaux. Outre les deux tours dont nous venons de parler, pratiquées aux angles opposés du château l'architecte en a construit une au centre de sa façade antérieure et méridionale, elle renferme l'escalier principal en spirale par lequel on parvient aux trois étages dont se compose ce monument, et à ses combles ou son faîte, dont on admire la belle et antique charpente recouverte en ardoise. Ce même escalier et celui de la tour du donjon conduisent également à de fort belles caves souterraines voûtées à plein cintre et décorées de sculptures en pierre, comme les parties supérieures de l'édifice. La cave pratiquée à une assez grande profondeur sous le donjon offre une issue au conduit qui se dirige fort avant sous terre, dans la campagne, vers un ancien camp fortifié, appartenant au moyen âge, nommé le Camp de Pilot. En déblayant, il y a quelques années, cet ouvrage de castramétation, on a reconnu le point où débouchait ce souterrain, à un quart de lieue du château.

Le château du XVIe

Le château du XVIe siècle, bâti à l'angle nord de côté du vieux château tourné vers le levant, se compose d'un principal corps de logis et d'une grosse tour carrée au midi. Il est surmonté d'une galerie à l'Italienne. La facade du couchant offre une belle porte monumentale dont le fronton est soutenu par deux cariatides colossales, leur dessin pur et gracieux et le fini de leur exécution rappellent le ciseau de Jean Goujon de Bachelier, etc., etc. Cette porte était naguère précédée d'un porche dont le couronnement était supporté par quatre colonnes corinthiennes. On lit dans le tympan la date 1560. Sur le parement de la muraille au-dessous de l'entablement, sont les armoiries du comte de La Roche-Landry, maréchal-de-camp, seigneur de Crazannes et auteur de cette construction. Dans la grande salle, dite des Vassaux, on voit une magnifique cheminée en marbre de plusieurs couleurs et d'ordre ionique, composée de quatre colonnes et de leur entablement. La frise représente une chasse au cerf. Ce bâtiment, à l'exception de sa tour carrée, n'a qu'un étage faisant rez-de-chaussée au couchant, lequel s'appuie sur la terrasse ou plate-forme du vieux château dans la partie du levant. Mais sur la façade de l'est, ce rez-de-chaussée devient premier étage et est supporté par de fort belles caves ou serres voûtées donnant sur une autre plate-forme mais beaucoup moins élevée que celle du donjon et sur de vastes jardins en amphithéâtre disposés ainsi par le mouvement du terrain, qui va s'inclinant vers les prairies qui bordent la Charente.

Le château du XVIIIe siècle

Le château du XVIIIe siècle n'est qu'une continuation et le complément de l'édifice à l'italienne que nous venons de décrire, bâti sur le même plan et se terminant, dans sa partie nord par une très-belle tour carrée également terminée par un belvédère et parallèle à celle du midi. Ne s'appuyant plus, à l'une de ses faces (celle du couchant) sur la terrasse du vieux château qui ne se prolonge pas jusques-là ce nouveau bâtiment présente également un rez-de-chaussée et un premier étage a l'ouest et au levant. Les parties inférieures de la façade de l'est offrent un prolongement de belles serres chaudes voûtées. La porte principale de ce côté est décorée de quatre colonnes d'ordre toscan, surmontées de leur entablement, où l'on a sculpté les armoiries du dernier seigneur. La tour du nord un des monuments remarquables de la contrée par son élévation, sa masse et sa belle architecture, domine le pays à une grande distance. C'est sur cette tour que les ingénieurs sous les ordres de Cassini firent leurs opérations trigonométriques lorsqu'ils dressèrent la carte de cette partie de la Saintonge.

Le château de Crazannes a un parc spacieux et de fort belles eaux coulant dans une partie de ses anciens fossés, qui lui servent de clôture dans la partie du levant et du nord. II est situé sur une colline qui commande la rive gauche de la Charente.

Selon M. Eloi Johanneau, secrétaire de la ci-devant académie celtique, on trouve l'étymologie de Crazannes dans le mot breton ou celtique Crazenn (hauteur, colline, tertre) singulier défini de Craz pour Crac'h, Créac'h, ou Créch, qui a le même son par le changement ordinaire de la forte aspiration c'h (le chi des Grecs) en Z.

Source : Bulletin monumental publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques et dirigé par M. de Caumont 1834.

Le ministère de la culture précise que :

  • Le château date des  15e siècle, 16e siècle.
  • Le pigeonnier serait lui de 17e siècle.
  • On coinstate des partie sud du château datant du second quart 20e siècle.

Voir aussi numéro 99 de la revue Aquitaine Historique.

photo pour Château de Crazannes

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 20015
  • item : Château de Crazannes
  • Localisation :
    • Poitou-Charentes
    • Charente-Maritime
    • Crazannes
  • Code INSEE commune : 17134
  • Code postal de la commune : 17350
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 5 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 16e siècle
    • 17e siècle
    • 20e siècle
    • 2e quart 20e siècle
  • Dates de protection :
    • 1913/09/04 : classé MH
    • 1925/02/18 : inscrit MH
    • 1963/07/19 : inscrit MH
    • 1988/03/07 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/10/27

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :4 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • donjon
    • toiture
    • chapelle
    • pigeonnier
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 5a0058d5ede20ec00b7364847bf14109.jpg
  • Détail :
    • Château à l' exception de la partie sud : classement par arrêté du 4 septembre 1913
    • Partie sud du château telle qu' elle est déterminée par le décret du 22 12 1920 prononçant son déclassement et par le plan annexé à ce décret : inscription par arrêté du 18 février 1925
    • Ancien donjon et chapelle du château (cad. B 460, 461) : inscription par arrêté du 19 juillet 1963
    • Pigeonnier (cad. B 1107) : inscription par arrêté du 7 mars 1988
  • Référence Mérimée : PA00104664

photo : Lomyre