Château d'Harcourt

Le château a été édifié sous le règne de Louis XIII, sur les ruines d'un ancien château fort. Agrandi sous l'impulsion d'Henri d'Harcourt entre 1700 et 1718, il deviendra la résidence des gouverneurs de Normandie au XVIIIe siècle. Malheureusement, en 1944, le château sera incendié par les nazis. De nos jours, la chapelle du XVIIe siècle (classée monument historique), le pavillon de plaisance, les deux pavillons d'entrée et la façade, constituent les derniers vestiges de ce château.

Il y avait donc, anciennement, à Thury, un château féodal, car les seigneurs de Thury étaient puissants au XIe siècle :

Raoul Tesson joua un rôle principal à la bataille du Val-ès-Dunes, en 1047, et contribua beaucoup avec ses hommes au succès de la bataille. Robert Wace raconte, dans son poème historique (le roman de Rou) les circonstances de ce drame et la part qu'y prit Raoul Tesson. Mais il ne reste rien de la forteresse qui dut être construite à cette époque ou dans les siècles suivants. Tout est moderne dans l'édifice actuel, qui forme plusieurs corps-de-logis considérables. M. Boscher, dans son Essai historique sur Thury, indique, ainsi qu'il suit, les dates principales de ces constructions.

« Ce fut, dit-il, dans les commencements du XVIIe siècle, lorsque Odet de Harcourt devint marquis de Thury que fut élevée cette portion du château actuel, qui porte l'empreinte et le caractère de cette époque. Nous voulons parler du dôme, des deux ailes qui l'accompagnent et de la partie qui fait face au midi. Plus tard, dans les premières années du XVIIIe siècle Henry de Harcourt, premier duc, fit construire la portion qui domine le val d'Orne, avec les écuries sur lesquelles se trouve la vaste pièce appelée la Galerie.

« Le château de Thury, ou plutôt alors le château de Harcourt, cessa de présenter l'aspect d'un château féodal ; il fut noble, imposant, tel que nous le voyons aujourd'hui. Son séjour était déjà délicieux par sa position l'art devait encore y ajouter de nouveaux agréments. Anne de Harcourt, dernier maréchal de ce nom ne fut arrêté ni par les travaux, ni par tes dépenses que devaient occasionner les projets et les embellissements qu'il méditait. Une portion de terrain assez vaste, située au sud-est du château, d'une nature sèche et aride, couvrait des roches schisteuses et offrait de grandes inégalités. Ces inégalités furent aplanies, ou bien on sut en profiter pour former de longues terrasses selon le goût du temps. Des bois, des bosquets, des avenues furent plantés, et l'on vit une végétation vigoureuse couronner ces lieux frappés auparavant de stérilité.

« Le château n'eut pas beaucoup à souffrir des ravages auxquels il fut exposé pendant nos troubles révolutionnaires. Lorsque le duc de Harcourt eut été porté sur la liste des émigrés, ses biens furent confisqués. des commissaires furent envoyés de Paris par le gouvernement d'alors, afin de procéder à l'inventaire du riche mobilier qui garnissait le château. Les portraits seuls ne tentèrent point l'avidité de ces commissaires ils furent respectés. Maintenant on y remarque entre autres ceux de la duchesse de la Valière de Mme de Montespan et de Mme de Maintenon, du dernier maréchal et du dernier duc de Harcourt

Source :

  • Titre : Bulletin monumental
  • Auteur : Société française d'archéologie
  • Date d'édition : 1834

François Henri Harcourt


François-Henri d'Harcourt (1726-1802)
par Jean Honoré Fragonard

François-Henri Harcourt, (comte de Lillebonne, cinquième duc de), était fils d'Anne-Pierre de Harcourt. Il naquit le 12 janvier 1726, et prit le titre de duc, lorsque son père fut élevé à la dignité de maréchal de France. Il entra au service en 1739, et fut fait, en 1741, capitaine de dragons dans le régiment de son nom, puis aide-decamp de son oncle François, deuxième duc de Harcourt, qui, dans cette même année 17141, commandait en Bavière un corps de vingt mille hommes, et partagea les succès comme les revers de l'électeur Charles-Albert. Henri de Harcourt servit ensuite sous le maréchal de Saxe. En 1742, étant allé porter des ordres pendant un combat livré aux Autrichiens, il fut fait prisonnier et renvoyé sur parole un an après. Pendant sa captivité, le roi lui avait donné le régiment auquel il n'appartenait encore que comme capitaine. A la suite d'un grand nombre de combats auxquels il avait pris une part glorieuse, il fut nommé maréchal-de-camp en 1758, et lieutenant-général en 1762, puis lieutenant-général de la Normandie en 1761. Il fut appelé au gouvernement-général et au commandement militaire de cette province, après la mort de son père (1783), ayant sous lui deux lieutenants-généraux pour la haute et basse Normandie, le duc de Beuvron son frère, et le duc de Valentinois. Il s'agissait alors de créer à Cherbourg un port qui, en rivalisant avec celui de Brest, pût tenir les Anglais en échec. Ce projet gigantesque occupa essentiellement l'active sollicitude du duc de Harcourt pour la Normandie. Il réunissait chez lui à Paris des savants de toutes les classes, et là, chacun des moyens propres à l'exécution était profondément discuté. Louis XVI, qui y attachait une des gloires de son règne, voulut visiter lui-même Çherbourg. Pendant ce voyage, qui eut lieu au mois de juin 1786, le duc reçut les témoignages les plus multipliés de l'estime du roi, qui accepta l'hospitalité d'une nuit dans le château de Harcourt. Ce fut au retour que Louis XVI annonça au duc qu'il l'avait choisi pour diriger l'éducation du dauphin, son premier-né. C'était en effet un homme bien digne, surtout par la noblesse de son caractère, d'une telle preuve de confiance. Sentant toute l'importance de ses fonctions, il s'occupa d'abord d'écarter les personnes qui pouvaient contrarier les principes qu'il voulait faire germer dans le cœur d'un prince appelé à s'asseoir sur le trône ; mais il est complètement faux qu'il ait cherché, en raison de quelques dissidences de famille et d'esprit de cour, à rétrécir le cercle des devoirs d'un fils de roi envers son auguste mère, comme Mme Campan l'a insinué dans ses Mémoires. Vers cette époque, l'académie française ouvrit ses portes au duc de Harcourt pour remplacer le duc de Richelieu. Son discours de réception acheva de prouver le bon goût qu'il joignait à un esprit très distingué et à beaucoup d'instruction. Tout entier dès-lors à son noble emploi de gouverneur du dauphin, il ne revint plus habiter son château de Normandie : seulement après la mort prématurée de son élève, il se rendit à Caen en 1790. Le défaut de subsistances se faisait alors sentir ; et cette circonstance, jointe aux actes par lesquels la France préludait à un grand bouleversement politique, avait excité une très-vive fermentation à laquelle il est permis de croire que Dumouriez ne fut pas étranger. La présence du duc ne put calmer les esprits, et il eut la douleur d'être témoin du massacre de Belzunce. Devenu lui-même l'objet de quelques menaces dans sa maison, il fut engagé à se retirer par l'autorité municipale qui fit placarder un ordre du roi en vertu duquel le duc était appelé à Paris, et c'est ainsi que Dumouriez resta à peu près maître de toute la province. La santé du duc de Harcourt s'étant fort affaiblie, il partit pour les eaux d'Aix-la-Chapelle, où il resta près de deux années. Aussitôt que ce pays eut été envahi par les armées de la république française, il chercha un refuge en Angleterre, où quelques membres de son antique famille, qui mettaient beaucoup de prix à leur origine normande, lui adoucirent les malheurs de l'exil. Ils firent pour lui l'acquisition d'une maison de campagne auprès de Windsor ; et là entouré des siens, il mena une vie simple et patriarcale. Georges III et la reine d'Angleterre vinrent l'y visiter, et lui prodiguèrent les preuves les plus délicates de leur honorable bienveillance. Chargé par les frères de Louis XVI de veiller près la cour de Londres à leurs intérêts et à ceux des émigrés, il s'y livra avec zèle, désintéressement, et avec une indépendance qui lui fit perdre plus tard une partie des faveurs royales. Instruit que l'Angleterre voulait s'emparer de la partie de Saint-Domingue qui appartenait à la France, il écrivit aux princes qui l'avaient investi de leurs pouvoirs qu'il lui semblait presque nécessaire que l'Espagne prit les devants sur l'Angleterre, par le motif que l'Espagne, ayant pour chef un Bourbon, les liens de parenté laisseraient plus de chances à la France de recouvrer un jour cette colonie. Sa lettre fut interceptée par le cabinet de Saint-James : dès-lors la cour ne vit plus en lui qu'un homme dont le dévouement lui était contraire. Il ne continua pas moins de s'occuper de la surveillance active qui lui était confiée, ce qui comprenait la direction des secours donnés par le gouvernement aux exilés de plusieurs classes, et il y mit une telle ardeur, peut-être aussi prit-il tant de peine, que sa santé en fut altérée. Il se vit forcé de se retirer entièrement à Staine, où il termina sa vie le 22 juillet 1802.

Le duc de Harcourt avait de l'élévation dans l'âme et de la dignité dans le caractère; ce qui était loin d'exclure chez lui l'affabilité et une véritable grâce de manières comme de langage. Quelques pièces de théâtre destinées seulement à être jouées dans son château de Harcourt, et divers morceaux de poésie échappés de sa plume gracieuse et facile firent voir qu’il ne possédait pas seulement l'esprit du monde et des affaires relatives à ses fonctions diverses. Il avait en outre composé un ouvrage ingénieux, sur les jardins pittoresques qu'il savait dessiner avec talent. Delille en eut connaissance, et il célébra les beautés de Harcourt, ainsi que son propriétaire, dans quelques vers du poème des Jardins, chant II. Le duc de Harcourt avait aussi composé sur l'éducation des princes un ouvrage plein d'excellents principes et de vues élevées, qui est resté manuscrit. Il avait épousé, en 1752, Mlle de la Feuillade, qui est morte à Paris en 1815. Ils n'eurent qu'une fille, devenue la première femme du duc de Mortemart. Cette branche de la famille de Harcourt n'est plus représentée que par la fille aînée du duc que nous venons de nommer, Mlle de Mortemart, princesse de Beauvau, propriétaire du château de Harcourt, et par la descendance des sœurs de celle ci, mesdames de Croy et de Crussol.

Source : Biographie universelle ancienne et moderne par Michaud 1839.

Voir aussi l'article sur le château de notre partenaire Normandie Héritage.

photo pour Château d'Harcourt

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 13819
  • item : Château d'Harcourt
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Thury-Harcourt
  • Code INSEE commune : 14689
  • Code postal de la commune : 14220
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 17e siècle
    • 1er quart 17e siècle
    • 18e siècle
    • 1er quart 18e siècle
  • Années :
    • 1615
    • 1619
    • 1714
  • Dates de protection :
    • 1927/06/21 : inscrit MH
    • 1963/11/19 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Dommages de guerre.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :5 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • chapelle
    • cour
    • douves
    • pavillon
    • douve
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 82a14bb38da50dbc32dc7d1431aaefc4.jpg
  • Détail :
    • Bâtiment principal et deux pavillons d' entrée (cad. A 332) : inscription par arrêté du 21 juin 1927
    • Chapelle
    • douves
    • cour d' honneur (cad. A 337, 332, 331, 334p) : inscription par arrêté du 19 novembre 1963
  • Référence Mérimée : PA00111745

photo : Normandie Héritage

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