Chapelle de l'Ortial

A un kilomètre au nord de l'église, dans un lieu bas et marécageux, près du ruisseau qui traverse la commune de Rots, est la chapelle de l'Ortial. Le patronage appartenait à l'abbé de Saint-Etienne de Caen. L'architecture de ce petit monument annonce le XIIIe. siècle ou le commencement du XIVe

Source : Statistique monumentale du Calvados par Arcisse de Caumont.

En face de la grande porte de l'église, sur le coteau qui est à gauche de la Mue, on dit qu'on a trouvé, près du village du Hamel, des fondations anciennes, qui pourraient avoir appartenu à un manoir féodal. Peut-être est-ce de là que partirent, avec le duc Guillaume, pour la conquête de l'Angleterre, Anquetil de Ros , Ansgot de Ros, Geoffroy de Ros, Serlon de Ros, dont nos deux éminents archéologues, MM. Léopold Delisle et de Caumont, ont buriné les noms glorieux sur les murs de l'église de Dives. Peut-être est-ce là le berceau de cette noble famille, à laquelle appartenaient Guillaume de Ros, doyen de l'église cathédrale de Bayeux, sous l'épiscopat de Odon de Conteville ; Thomas de Ros, qu'on voit, dans le Monasticon anglicanum, ratifier une donation au monastère de Beauvoir, en Angleterre ; Mathilde de Ros, fille de Guillaume, que mentionne Hermant, dans le t. II de ses Manuscrits ; Jehan de Ros, indiqué par Thomas Carte, dans son Catalogue des rôles gascons, comme amiral d'une flotte anglaise, chargé, en 1337, par Édouard III, de ramener en Angleterre, de Dordrecht en Hollande, l'évêque de Lincoln, le comtes de Salisbury et d'Huntingdon, ambassadeurs du roi.

Un peu plus vers le nord était assis le chef du fief Siméon, ainsi nommé de Guillaume Siméon, chevalier, à qui il appartenait ; jusqu'à l'année 1388 (Voyez M. Hippcau, Histoire de l'abbaye de St.-Etienne, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, t. XXI, p. 11 v).

« Avec ce fief, les religieux acquirent le droit de patronage sur une chapelle, appelée Ste.-Marie-de-l'Ortial, bâtie dans le manoir Siméon. »

Voici, en effet, ce que nous avons pu déchiffrer dans le papier terrier de 1479, à l'aide des yeux habiles et de la bienveillante patience de M. Eug. Châtel, archiviste du département: « Le manoir et jardin qui fut Guillaume Siméon, de présent appartenant aux dicts religieux, à l'office de leur trésorerie, contenant environ quatre acres de terre à diexmes, en plusieurs longueurs, jouxte la voie tendant au moulin de Vauculet... Duquel manoir et jardin toutes les diexmes tant des biais, fruiets, seigles, oiseaux que toutes les aultres choses, appartiennent an chapelain de la chapelle d'iceluy manoir, et auxi lui appartiennent toutes les obations de la dicte chapelle, appelée la chapelle de l'Ortial, de laquelle les dicts religieux de Sainct Estienne de Caen sont patrons, à cause du dict fieu, et la collation appartient à l'abbé et couvent de St.-Ouen de Rouen. »

La chapelle de l'Ortial est un joli édifice du XIII^e siècle assez bien conservé, sauf la porte, dont les tores, très-délicatement fouillés, ont été dégradés par le temps. Sur le gable occidental, s'élève un petit clocher-arcade, à deux baies ogivales trilobées, surmontées d'une petite rosace. Au-dessous, une rosace plus grande éclaire l'intérieur de la chapelle. On remarque, du côté nord, deux petites lancettes et, plus bas, la porte ogivale. Au gable oriental est une autre rosace, au-dessus d'un petit contrefort, accompagné de deux lancettes semblables aux premières.

Les habitants de Rots appellent cette chapelle la chapelle St.-Siméon. Avant la Révolution, on y disait la messe une fois l'an, le jour de la Trinité. C'était une grande fête pour les populations, qui y accouraient de toutes parts. A présent elle ne sert plus que de lieu de sépulture pour une famille du village, à laquelle elle appartient.

Source : Bulletin monumental 1864.

Isolée dans un pré au fond de la vallée de la Mue, rivière affluente de la Seulles, la chapelle gothique de l'Ortial est dédiée de nos jours à Notre-Dame. Le site est verdoyant et champêtre si l'on se réfère a la population locale.

La chapelle de l'Ortial est citée succéssivement sous le nom de :

• l'Ortiei en 1291,
• de l'Orteaux en 1667,
• puis sous celui de l'Ortia, l'Orthia, l'Ortias, Lortia ou l'Otya au XVIII^e siècle.

L'origine de cette chapelle date au moins du milieu du XII^e siècle mais le bâtiment actuel, modeste et rustique, est entièrement gothique, il date de la fin du XIII^e siècle ou du début du XVI^e siècle. Un petit clocher à arcade la surmonte. Son vaisseau est rectangulaire à chevet plat, non voûté. On y pénètre par une porte gothique percée dans le mur nord. Une rosace perce le pignon occidental.

Source : gillespivard.unblog.fr