Eglise

Préaux, Pratella, Pratelli.

L'église de Préaux, sans être remarquable, offre cependant quelqu'intérêt. Le chœur est la partie qui mérite le plus d'attention : on y voit, au sud , une porte aujourd'hui bouchée dont le tympan trilobé annonce le XIII^e siècle : les fenêtres du nord composées de deux baies trilobées, surmontées d'une rose, le tout sans colonnes, sont moins caractérisées et pourraient tout aussi bien être rapportées au commencement du XIV^e.

Si l'abbé Beziers n'avait consigné dans le manuscrit que j'ai déjà cité, une note qui paraît se rapporter à l'une d'elles. On a trouvé, dit-il, sur un morceau de carreau d'une des croisées, l'inscription suivante en lettres gothiques ainsi disposées : (Anno milleno ducentesimo sexagesimo nono) 1269.

J'ai vainement cherché les traces de cette inscription, mais elle peut avoir été cachée par la boiserie ou couverte de peinture ; j'ajouterai qu'il reste dans ces fenêtres quelques débris de vitraux peints dans lesquels j'ai distingué les armes de Castille et qu'ils ont évidemment été faits pour les fenêtres qu'ils occupent, puisque la bordure suit exactement le contour des baies trilobées.

Mais si le chœur est en partie du XIII^e, il me paraît très probable que des retouches considérables ont eu lieu au XIV^e. Ainsi les crédences cachées par la boiserie, mais que l'on peut voir parce que le panneau qui les couvre est mobile, ont des chapiteaux qui appartiennent bien plutôt au XIV^e qu'au XIII^e ; et le chevet de l'église qui est droit était autrefois percé d'une très-belle fenêtre à plusieurs baies et ornée au sommet de nombreux compartiments rayonnants, qui annonce encore le XIV^e. Cette fenêtre qui vraisemblablement était décorée de vitraux, a été malheureusement condamnée quand on a placé l'autel qui existe maintenant.

La nef a peu de caractère; mais elle doit être en partie du XIII^e siècle. L'entrée qu'on y voit, au sud, précédée d'un porche, n'offre pas d'indices précis d'époque, elle est postérieure au mur.

La tour appliquée a l'ouest doit être postérieure à 1600. C'est l'œuvre d'un maçon sans goût : j'en ai peu vu d'aussi massives ; elle est terminée en bâtière.

A l'intérieur de l'église, dans une niche pratiquée dans l'un des murs de la tour, est une sainte Barbe que je crois du XVI^e siècle et qui mériterait d'être dessinée ; il est rare de rencontrer des statues de cette époque dans nos églises de campagne. Elle se trouvait, m'a-t on dit, dans l'origine, au dessus d'un petit autel qui n'existe plus.

Le patronage de Préaux était laïc. Le curé percevait les dîmes.

L'église est sous l'invocation de St. Sever, et l'on rapporte a ce sujet que les reliques de ce saint étant transportées à Rouen s'arrêtèrent à Préaux, et devinrent si lourdes, quand on voulut les enlever, qu'on ne put y parvenir qu'après avoir fait vœu de mettre la paroisse sous son invocation.

Sous le règne de Jean-Sans-Terre on voit figurer un Jean de Préaux, Joannes à Pratellis, et un Guillaume de Préaux, Willelmus à Pratellis, qui possédaient des terres en Angleterre.

La seigneurie de Préaux avait droit de haute-justice, c'était un fief de haubert mouvant noblement de la baronnie de Douvres. D'après l'aveu, déjà cité de l'évêque de Bayeux, l'an 1453, à cette époque Jean Le Herici, escuyer, tenait de la baronnie de Douvres par foi et hommage le fief de chevalier assis en la paroisse de Préaux, lequel avait jadis appartenu a Jean de Combray.

On voit encore, à peu de distance de l'église, au nord, un château à tourelles qui peut dater du XVI^e siècle et qui était autrefois entouré de fossés.

Préaux était chef-lieu d'une sergenterie comprenant 19 paroisses; un des 9 hameaux qui en font partie s'appelle la Bijude, nom que nous retrouvons dans plusieurs autres communes.

Source : Statistique monumentale du Calvados, par Arcisse M. de Caumont.