photo : michel
A partir de Laize-la-Ville, la route remonte la rive droite de la Laize qui décrit de nombreux détours dans un petit vallon tour à tour boisé et rocheux, où ont été établies un grand nombre d'huileries. A 2 kilomètres environ, on laisse à droite le pont de Fresney, hameau situé à un kilomètre environ de Fresnay-le-Puceux, dont le château, bâti en 1580 par Pierre d'Harcourt, attire de loin les regards.
Moulin à huile construit avant 1821 (porte la date 1825) équipé a l'origine d'une roue encagée en dessus aujourd'hui détruite.
Pendant plus d'un siècle et demi, la moyenne vallée de la Laize, à une quinzaine de kilomètres au sud de Caen. a été un centre actif et renommé pour la fabrication du cuir fort par tannage lent à l'écorce de chêne.
L'essor commence en 1775, quand Messieurs Gohier et Mottelay introduisent à Bretteville-sur-Laize la « préparation des cuirs étrangers ». Un siècle plus tard, Bretteville. Gouvix et Fresney-le-Puceux constituent le second centre de tannerie du Calvados, après Saint-Pierre-sur-Dives. Une trentaine de tanneries petites ou moyennes, implantées sur six kilomètres le long de la vallée de la Laize, emploient alors une centaine de travailleurs. La plupart sont édifiées en amont du bourg de Bretteville (le long de la Laize et du bief des tanneries et dans la basse vallée du ruisseau du Val Clair) ; elles constituent un ensemble allongé et continu d'environ un kilomètre. Les autres, plus dispersées, sont situées sur la haute vallée du ruisseau du Val Clair (ancienne abbaye de Barbery) et, en aval du bourg de Bretteville, le long de la Laize (hameau du Beffeux, Grand Moulin, hameau Gaugain et moulin de Saint-Germain).
A partir de 1893, s'amorce le déclin. Pourtant, le tannage traditionnel reste important et le seul pratiqué à Bretteville-sur-Laize jusqu'à la première guerre mondiale. Il se maintient même, de façon modeste, après la guerre et ne disparait qu'en 1944, lors de la fermeture de la tannerie Théo Dedrie.
Grâce à l'essor de la tannerie. de 1775 à 1880, s'est ainsi constitué progressivement un important patrimoine industriel. Celui-ci a maintenant presque complétement disparu. Beaucoup d'édifices ont été détruits par les bombardements de juin et juillet 1944 ; la plupart de ceux qui avaient été épargnés se sont écroulés par vétusté après la guerre. Les équipements et l'outillage ont été anéantis ou dispersés. Les fosses de tannage ont été comblées. Il ne reste actuellement, dans la vallée de la Laize, que trois constructions (édifiées vers 1880) typiques de l`industrie de la tannerie : le grenier-séchoir du grand Moulin, à Bretteville-sur-Laize, et, au hameau Gaugain de Fresney-le-Puceux, un magasin à cuir et un « travail de rivière surmonté d`un séchoir ».
Nous disposons d'informations assez nombreuses sur les tanneries du dernier tiers du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Les trois bâtiments encore existants sont, bien sûr, pour nous très précieux. Une quinzaine de photos. prises au début du XXe siècle ou peu avant la seconde guerre mondiale. représentent les tanneries et parfois aussi leur environnement. Les inventaires après décès sont parfois très précis. Enfin, les témoignages oraux d'anciens tanneurs sont d'une importance capitale. Par contre. pour la lin du XVIIIe siècle et les deux premiers tiers du XIXe siècle, nos renseignements sont minces. Nous avons surtout utilisé les plans et registres cadastraux. les rapports et plans des Ponts et Chaussées. les rapports d’enquêtes industrielles et les registres notariaux.
Source : Ponsot Philippe. La fabrication du cuir fort par tannage lent, dans la vallée de la Laize, de 1775 à 1944 : étude d'un patrimoine industriel. In: Cahier des Annales de Normandie n°24, 1992. Recueil d'études offert à Gabriel Désert. pp. 271-285.
CPA fresney le puceux "village du pont" vue ancienne de la région du moulin
Indiqué comme « moulin à bled » sur le cadastre de 1811 et comme moulin à huile en 1861 et 1866 (listes nominatives). Il actionna 16 pilons à tan et un marteau à cuir, de 1874 à 1905, et fut le siège d'une tannerie de 1882 à 1902. Exploitants successifs :
Madame Danjou, Armand Fontaine, Louis Boudray, Alphonse Bacon, Julien Trébutien et Alphonse Latreille. Le bief, la chute d'eau, le moulin et la plupart des bâtiments d'exploitation (une lucarne porte la date : 1825) existent encore.
Au moment de l'élaboration du cadastre (1809 et 1811), 6 de ces 8 moulins existaient déjà ; parmi ces 6 moulins, 2 moulins à tan situés sur le ruisseau du Val Clair.
Les 5 moulins situés le long de la Laize ont dû se reconvertir plusieurs fois, au cours du XIXe siècle (Quatre de ces cinq moulins ont abandonné la fabrication de l'huile de colza sans doute vers la fin du Second Empire et ont, alors, commencé à travailler pour les tanneries. Pour le moulin de Saint-Germain, nous avons la preuve que la mutation s'est produite entre 1866 et 1872. Faute de reconversion, d'autres moulins à huile disparaissent : ainsi le moulin Tesson (Bretteville-sur-Laize) qui cesse de fonctionner en 1883) :
Trois moulins seulement ont conservé les installations hydrauliques et les bâtiments qu'ils avaient de 1874 à 1920 : le moulin des Martimbeaux, le Grand Moulin et le moulin de Saint-Germain.
Source : Ponsot Philippe. Les moulins à tan et marteaux à battre le cuir de Bretteville-sur-Laize, Fresney-le-Puceux, Gouvix (1874-1920). In: Annales de Normandie, 34e année n°2, 1984. pp. 171-189