Château de Fontaine-Etoupefour

Fontaine-Etoupefour, Fontes et stope for. Stoupefour.

La nef de l'église de Fontaine-Etoupefour présente une façade assez curieuse. La porte principale est une ogive très obtuse, garnie de têtes plates à barbes et accompagnée de chaque côté par deux arcades bouchées plus petites et du même style; je la crois du XIIe. siècle. Il me reste quelques incertitudes sur la fixation de l'époque à laquelle il faut rapporter la tour terminée en bâtière, placée entre le chœur et la nef. Je suppose qu'elle date du XIVe et du XVe siècle, ainsi que le chœur, dans lequel on remarque quelques parties modernes.

L'abbaye du Plessis-Grimoult nommait à la cure de Fontaine et percevait les deux tiers des dîmes; l'abbaye de Fontenay avait l'autre tiers, et l'abbaye de Cordillon un trait seulement. Sur les deux tiers appartenant à l'abbaye du Plessis le curé prélevait 80 boisseaux de blé et autant d'orge, 300 gerbes de pois, 500 bottes de paille; il jouissait aussi de plusieurs acres de terre.

Château

Le château de Fontaine est un des plus curieux qui nous restent dans l'arrondissement de Caen. L'ancienne entrée surtout avec son pavillon d'un effet si pittoresque est d'une très-grande élégance. La porte de ce pavillon, aujourd'hui condamnée, était munie d'un pont-levis. Deux étages éclairés par des fenêtres à croisées de pierre surmontent cette porte et sont flanquées de deux élégantes tourelles cylindriques dans leur partie basse et moyenne, octogones dans leur partie supérieure et surmontés de clochetons coniques ornés de crochets.

Un fronton pyramidal portant des ornements semblables s'élève entre ces deux tourelles et termine élégamment la façade de ce pavillon. Je le crois du temps de Louis XII, ou au plus du temps de Louis XI.

Derrière cette entrée se développe une cour carrée entourée d'eau et au fond on voit deux corps de logis considérables qui doivent être d'un siècle au moins postérieurs à la partie que je viens de décrire. J'ai d'ailleurs lu sur le fronton d'une des fenêtres la date 1603. Comme les bâtiments se divisent en deux parties de hauteur inégale, il est possible qu'il y ait quelques années de différence entre les dates de ces deux bâtiments qui, du reste, présentent à peu près le même style et peuvent être considérés comme à peu près du même temps. Sur le fronton des fenêtres du bâtiment le plus élevé, j'ai remarqué une inscription que je n'ai pu lire d'en bas et qui jette probablement quelque lumière sur la date ou plutôt sur la destination de, la pièce à laquelle correspondait cette ouverture. Je l'indique pour que ceux qui visiteront ce château puissent en chercher le sens.

De magnifiques avenues rayonnent de tous côtés autour de cette habitation seigneuriale qui nous présente ainsi l'image d'un domaine du XVIIe siècle.

Pierre le Vicomte, B. de Blangy, acquit en 1538 la terre de Fontaine-Etoupefour (Ce renseignement tiré des archives de la famille de Blangy, m'a été obligeamment communiqué par M. Paris, de Caen) ; elle appartient à M. le Cte Max de Blangy qui la conserve avec soin. On doit regretter qu'il n'en ait pas fait son habitation, et qu'aujourd'hui les principaux appartements ne soient plus que des greniers et des magasins.

Source : Bulletin monumental par Société française d'archéologie 1843.

Voir aussi la note sur Fontaine Etoupefour ci dessous.

Note sur Fontaine-Etoupefour

Fontaine-Étoupefeur était un demi-fief de haubert, sis en la paroisse du même nom et relevant directement du Roi à cause de la châtellenie d'Évrecy ou de la vicomté de Caen.

On conserve aux Archives de la Seine-Inférieure, dans le fonds de la Cour des Comptes de Normandie, les aveux rendus pour ce fief, par Louis Le Valoys, notaire et secrétaire du Roi, 26 février 1567 (copie) ;

  • par son Els aîné, Jean Le Valoys, 13 septembre l604
  • par le fils aîné de celui-ci, Tanneguy Le Vallois. 16 février 1642
  • par Anne de Vallois, pour elle et pour ses sœurs Françoise et Marie-Anne de Vallois, Elles dudit Tanneguy, 1678
  • par Pierre-François Le Viconte, baron châtelain de Blangy, en sa qualité d'héritier de sa mère, Marie-Anne de Vallois, 10 mars 1736.

Le manoir seigneurial de Fontaine—Étoupefour était entouré de larges et profonds fossés dont le curage était une charge assez lourde pour les tenants de ce fief.

Peu de temps avant sa mort, Tanneguy Le Vallois avait fait assigner ses vassaux devant le sénéchal de sa seigneurie pour être présents à la bannie ou adjudication au rabais des travaux à faire pour le curage et le talutage des mottes et des bieux de son château, ce qui nous donne lieu de faire observer que, depuis longtemps, cette servitude féodale, de personnelle qu'elle était à l'origine, avait été convertie en une contribution en argent. Le prix d'adjudication fut de 1.197 livres pour l'entrepreneur; on avait espéré un plus grand rabais. Aucun des vassaux, cependant, ne songea à se récrier, si ce n'est Adam Maxuell, sieur du Mesnil, bourgeois de Caen, lequel conteste la légitimité du droit de talutage et soutint contre Françoise Cottard, veuve de Tanneguy Le Vallois, un procès qui fut porte devant le bailli de Caen et, par appel, devant le Parlement de Normandie (1669).

Il avait réussi à faire diminuer sa part contributive qui avait été fixée à 314 livres, mais il ne put voir sans dépit qu'on lui réclamât les frais de l'expertise qu'il avait provoquée. Il fit donc assigner en 1672, en Parlement, en réduction de taxes, Jean Blondel, sieur de Tilly, lieutenant particulier civil et criminel au bailliage de Caen, et Marc Restout, peintre en cette ville, auquel il avait fallu avoir recours, parce qu'en ce temps-là il n'y avait point encore d'ingénieur à proprement parler. C'est ainsi qu'à propos d'une contestation pour les limites de leurs paroisses respectives entre les deux curés de Saint-Godard et de Saint-Patrice de Rouen, ce furent des peintres de cette ville qui furent chargés, à défaut d'hommes spéciaux, de lever le plan, ou, comme on disait alors, de faire le portrait de l'emplacement du vieux château, objet du litige. Il est plus que probable que Marc Restout n'eut pas demandé mieux qu'on le laissât à ses travaux ordinaires sans l'exposer aux récriminations d'un plaideur peu endurant. Obligé de se défendre, il rédigea, d’accord avec le procureur Bourrienne, le mémoire suivant, qui contraste, par sa clarté et sa précision, avec celui de la partie adverse.

 

Bourrienne, procureur de Marc Bestout, Me peintre, bourgeois de Caen ayant communiqué à son Conseil la requeste présentée par Adam Maduel, sieur du Mesnil, le cinquieme de ce mois, dont luy auroit esté délivré copie ce huit,

Dit qu'il n'a aucun intérest au proceds d'entre les parties et que mal à propos il a esté approché en cette cause sur le prétexte que le juge des lieux lui a accordé un exécutoire de la somme de soixante livres pour ses peines, sallaires et vacacions d'avoir dressé un plan du lieu descordable entre lesd. parties, car ledit Restout est prest de faire foy à le Cour qu'il Il esté deux jours entiers pour prendre le dessein, hauteur et mesure du manoir de Fontaine, qui est le lieu descordable et des mottes et bieuz qui sont allentour, et, outre ce, que pour dresser le plan et son procès-verbal, il a vacqué douze jours entiers pour cet effet, pour lequel travail ne luy ayant este alloué que lesd. soixante livres, ce n'estoit pas la moitié de ce qui luy appartenoit légitimement, ayant quitté sa profession pour entendre à cette seule affaire, où il a perdu plus de trois fois davantage, qu'il n'auroit fait s'il avoit travaillé à sa profession de peintre.

Mais pour contenter entièrement ledit Maduel ou plus tost la femme d'iceluy, qui est l'une des plus grandes plaideuses du Palais, ledit Restout demande, soubz le congé de la cour, la représentation dudit plan et l'élévacion d'iceluy, ensemble son procès verbal d'inspection et explication qu'il en à délivre aux parties et, ce fait, que l'on convienne d'experts à ce connoissans pour par eux, après le serment presté, donner leur attestation de ce qu'il faloit légitimement audit Restout pour ledit travail, peines, sallaires et vacations, sauf après cela à prendre par ledit Restout telles conclusions qu'il avisera bien estre, et, et à faute par ledit Maduel de le vouloir accepter, soustient ledit Restout, que dès à présent ledit Maduel doit estre évincé de son mandement et requeste avec interest.

Marc Restout.
Bourrienne.

A ce mémoire, conservé dans les archives du Parlement, sont joints onze croquis à la plume, de la main de Marc Restout, exécutés évidemment à la hâte, et naturellement sans la moindre prétention artistique, puisqu'il ne s'agissait que de constater les mesures des mottes des fossés.

Deux de ces croquis, cependant, me paraissent mériter d'être reproduits. Ils peuvent, je crois, servir à compléter la description que M. de Caumont, dans sa Statistique monumentale du Calvados, a donnée du château de Fontaine-Étoupefour ainsi que le dessin, joint ai cette notice, qui représente la porte principale de ce curieux édifice.

Peut-être aussi trouvera-t-on que le nom de Marc Restout, peintre caennais distingué, prête quelque intérêt à ce mémoire et aux croquis qui l'accompagnent.

Source : Note sur Fontaine-Etoupefour, 1671 , par Ch. de Beaurepaire 1898.

photo pour Château de Fontaine-Etoupefour

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 12507
  • item : Château de Fontaine-Etoupefour
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Fontaine-Etoupefour
  • Code INSEE commune : 14274
  • Code postal de la commune : 14790
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 5 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 4e quart 15e siècle
    • 16e siècle
    • 4e quart 16e siècle
    • 18e siècle
  • Année : 1583
  • Dates de protection :
    • 1911/09/23 : classé MH
    • 1995/04/10 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site archéologique : 14 274 2 AH.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :6 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • communs
    • douves
    • lavoir
    • installation hydraulique
    • île
    • douve
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 8ccc03c74000e814cf1488595495616c.jpg
  • Détail :
    • Restes du château : classement par arrêté du 23 septembre 1911. Ile et les vestiges qu' elle renferme
    • douves et leurs murs
    • système hydraulique et lavoir
    • bâtiment de commun du 18e siècle (cad. B 90, 91, 93, 311, 313, 315, lieudit La Capelle, 309, lieudit L' Herbage) : inscription par arrêté du 10 avril 1995
  • Référence Mérimée : PA00111339

photo : michel

photo : michel

photo : Roi Dagobert