Statue de Guillaume le Conquérant

Une statue équestre, en bronze, de Guillaume-le-Conquérant a été inauguré à Falaise, le dimanche 26 octobre 1851. Cette statue, oeuvre de M. Louis Rochet, habile statuaire à Paris, a été élevée par souscription à la mémoire du héros qui fut à la fois le conquérant et le législateur de l'Angleterre.

Guilaume II, surnommé le Bâtard ou le Conquérant, 7ème duc de Normandie (1035), fils de Robert II et de Harlette, naquit à Falaise, le 14 octobre 1027. La bataille d'Hasting qui eut lieu le 14 octobre 1066 lui assura la couronne d'Angleterre. Il fut sacré le jour de Noël de la même année, dans l'abbaye de Westminster, par l'archevêque d'York. Ayant été blessé grièvement au siège de Mantes, il fut ramené à Rouen, où il mourut au prieuré de St-Gervais, le 9 septembre 1087, et fut inhumé à Caen la même année, dans l'église de l'abbaye de St-Etienne, l'une de ses pieuses fondations. Il avait épousé Mathilde, fille de Beaudouin, comte de Flandre.

Source illustration en médaillon (extrait partielle en noir et blanc) :

  • Titre : 1066 Tome 1 Guillaume le conquérant
  • Type : Bandes dessinées
  • Auteur : Weber
  • Éditeur : Lombard
  • Date d'édition : 2011-02-04

Guillaume le Conquérant ou l'Angleterre sous les Normands

Par M. Guizot 1854

Hommage récent de la Normandie à Guillaume le Conquérant. - Erection de sa statue équestre à Falaise, le 26 octobre 1851. - Concours de toute la population normande. - Discours prononcé par M. Guizot dans cette cérémonie.

Le 26 octobre 1851, huit siècles après la mort de Guillaume le Conquérant, sa ville natale réparait l'injure qu'avait reçue son corps au moment de sa sépulture. Sur la place publique de Falaise, on venait de dresser une statue équestre du roi Guillaume. Un jeune artiste normand, M. Rocher, l'avait fait remonter sur son cheval de bataille, agitant d'une main l'étendard béni par le pape, et de l'autre excitant ses troupes au combat; son geste animé, son expression ardente et forte rappelaient ses paroles aux soldats qui fuyaient à Hastings :

« Voyez-moi tous, je vis et je vaincrai, Dieu aidant. »

Non-seulement les habitants de Falaise, mais toute la population des campagnes normandes rendaient hommage au héros du pays : toutes les autorités du département du Calvados prenaient part à la cérémonie; de tous les départements voisins la foule était accourue; elle se pressait autour du piédestal de la statue; et ce n'étaient pas seulement des divertissements qu'elle venait chercher; la plupart des assistants savaient le nom du roi Guillaume, et prenaient plaisir à entendre parler de lui; M. Guizot répondait aux sentiments confus, mais réels, de cette population, lorsque, prenant la parole, il leur dit :

« Vous donnez aujourd'hui, messieurs, un exemple rare, un exemple de mémoire longue et fidèle à travers les siècles. Il y a bientôt huit siècles, le roi Guillaume mourait, tristement délaissé, dans cette Normandie qu'il avait faite si grande. On trouvait à grand-peine à Rouen, théâtre de sa mort, quelques serviteurs pour garder son corps et accompagner son cercueil; on obtenait à grand-peine à Caen, théâtre de sa sépulture, quelques pieds de terre pour l'y déposer. Vous réparez aujourd'hui cette froideur des contemporains; par vos soins persévérants et par le talent d'un artiste éminent, le roi Guillaume se relève dans sa ville natale; Falaise lui reporte, après huit siècles, la gloire qu'elle a reçue de lui.

« Il est beau de faire justice à un grand homme. Pas plus après leur mort que de leur vivant, il ne faut flatter les grands hommes; leurs erreurs, leurs torts, leurs vices, leurs crimes, quand ils en ont commis, doivent être mis en lumière et sévèrement jugés. C'est le droit et le devoir de l'histoire. Mais cette juste sévérité une fois accomplie, le mal une fois reconnu et traité comme il mérite de l'être, quand l'homme a été vraiment grand, il reste grand au milieu de ses imperfections dévoilées. Et alors c'est aussi un devoir de l'admirer et d'honorer avec éclat sa mémoire, car les grands hommes font la gloire des peuples, quand même ils en ont été les maîtres rudes et chèrement achetés.

« Guillaume fut vraiment un grand homme; et si la grandeur des princes se mesure, comme il faut hien que cela soit, par la difficulté des œuvres et par l'importance des résultats, il n'y en a pas beaucoup qui lui soient supérieurs.

« Rappelez-vous, messieurs, un fait qui s'est accompli de nos jours, sous nos yeux, l'expédition d'Alger en 1830. Il s'agissait d'embarquer et de transporter sur l'autre rive de la Méditerranée, pour obtenir d'un barbare une juste satisfaction, une armée de trente mille hommes. Quels immenses préparatifs ! que de soins ! que d'efforts ! que de puissants moyens déployés par notre puissante civilisation ! Et tout cela était jugé nécessaire, tant l'entreprise était jugée difficile. Et, au jour de l'épreuve, rien de tout cela ne s'est trouvé superflu pour le succès. Et le succès de l'entreprise ;i fait la gloire de ses chefs.

« Au XIe siècle, à peine au sortir de la barbarie, sans aucun des moyens que nous donnent aujourd'hui la civilisation et la science, le duc Guillaume a rassemblé, embarqué, transporté au delà de la Manche, débarqué sur un sol ennemi, plus de trente mille hommes, et à peine débarqué, il a gagné des batailles, il a conquis un royaume.

« Voilà pour la difficulté de l'entreprise; voici pour la grandeur du résultat. Non-seulement Guillaume a traversé les mers sur de frêles barques avec une armée, non-seulement il a conquis un royaume; il a fait bien plus : il a fondé un État. Il a fortement et solidement établi, sur une terre étrangère, son pouvoir, sa race, des institutions et une langue nouvelles, et son oeuvre a duré des siècles et dure encore : et c'est encore dans la langue du roi Guillaume qu'on parle à la noble reine d'Angleterre dans son parlement, et qu'elle répond.

« Nous avons vu, messieurs, des conquêtes bien autrement vastes, bien autrement éclatantes que celles du roi Guillaume. Elles ont disparu aussi rapidement qu'elles avaient été faites. C'est un phénomène rare que des invasions qui fondent des États. Guillaume a accompli cette œuvre. Il était en profonde harmonie avec l'esprit et les intérêts permanents de son siècle; il avait autant de bon sens conservateur que de génie conquérant.

« Nous avons bien le droit, messieurs, de lui rendre cette justice, car sa gloire nous a coûté assez cher. Elle a été l'origine de cette lutte nationale qui a duré plus de trois siècles entre la France et l'Angleterre, ardentes à se posséder et à se subjuguer mutuellement. C'est Guillaume qui, en établissant entre les deux peuples des liens partiels et précaires, a commencé entre eux cette ère d'hostilité acharnée et toutes ces guerres qu'ils se sont faites jusqu'à ce qu'ils soient enfin parvenus à se séparer complètement l'un de l'autre.

« Nous sommes sortis vainqueurs de cette grande lutte. Nous avons successivement reconquis toutes les parties de notre territoire et glorieusement assuré notre indépendance nationale. Nous avons définitivement repoussé les vainqueurs normands dans cette terre par eux conquise où nous les avions envoyés. Cette figure sans pareille dans l'histoire du monde, qui tient à la fois de l'ange et du héros, Jeanne d'Arc, a défait sans retour ce que les successeurs de Guillaume le Conquérant avaient voulu faire de la France. Et c'est sur la même terre, dans cette même ville de Rouen où le roi Guillaume était mort, que la vierge guerrière est venue sceller de son martyre la délivrance de son pays.

« J'écarte ces souvenirs du passé, tristes et glorieux; je ne regarde plus qu'à nous-mêmes et à l'histoire de nos propres jours. De nos jours aussi, de nombreux navires se pressent sur nos côtes, et embarquent, pour les transporter en Angleterre, des milliers de passagers. Est-ce une guerre nouvelle qu'ils y vont porter et trouver ? Non, messieurs, c'est la paix qui les y conduit et les en ramène; ils ne cherchent point d'aventures ni de conquêtes ; ils vont offrir et recueillir des gages de prospérité réciproque. Les rapports des deux peuples sont maintenant aussi pacifiques que fréquents et animés. Un palais de cristal où ils se réunissent, un fil invisible, un éclair circulant sous les flots, qui porte de l'un à l'autre les avertissements de leurs besoins et de leurs services mutuels, voilà les liens qui remplacent aujourd'hui entre eux ceux que Guillaume le Conquérant avait voulu établir.

« Laquelle des deux époques, messieurs, est la plus heureuse ? lequel des deux spectacles est le plus beau ? Certainement, au milieu des troubles et des inquiétudes qui pèsent sur nous, dans notre état agité et précaire, notre temps a de quoi être fier et plein d'espérance, pourvu que notre espérance et notre fierté ne nous précipitent pas dans les prétentions et les chimères d'un fol orgueil; nous pouvons, à bon droit, parler des bienfaits et des merveilles de notre civilisation, pourvu que notre civilisation ne soit pas elle-même un palais de cristal qu'on admire et qui disparaît tout à coup, et qu'on ne doive pas dire d'elle, dans la langue du grand poëte que la Normandie a donné à la France: "Et comme elle a l'éclat du verre, Elle en a la fragilité".

« Je ne voudrais pas, au milieu de cette fête, prononcer des paroles tristes; mais vous me pardonnerez, messieurs, l'expression d'un sentiment qui est, à coup sûr, celui de tous les hommes sensés et de tous les gens de bien. Quand on est lancé en plein Océan, et par de violents orages, c'est peu d'avoir un beau vaisseau, bien armé, richement pourvu et couvert d'hommes intelligents et braves: il faut encore, il faut surtout que l'équipage soit uni et que le navire ait de fortes ancres, car c'est vraiment de là que dépend son salut. Soyons fermement unis, messieurs : sachons saisir les fortes ancres de la société et nous y attacher ensemble; Dieu nous donnera le salut, si nous faisons ce qu'il faut pour le mériter. »

Voir aussi : Guillaume le conquérant avec notre partenaire et ami Normandie Héritage

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 12479
  • item : Statue de Guillaume le Conquérant
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Falaise
  • Adresse : place Guillaume le Conquérant
  • Code INSEE commune : 14258
  • Code postal de la commune : 14700
  • Ordre dans la liste : 99
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : monument
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • milieu 19e siècle
  • Année : 1851
  • Date de protection : 2006/08/18 : inscrit MH
  • Date de versement : 2007/07/17

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune © monuments historiques
  • Détails : La statue avec son socle comprenant les six statues des ducs de Normandie (cad. non cadastré, domaine public) : inscription par arrêté du 18 août 2006
  • Référence Mérimée : PA14000067

photo : Normandie Héritage

photo : Normandie Héritage