Château fort, actuellement collège

Falaise est une petite ville du département de l'Orne, à quelque distance de Caen, et dans cette partie du nord de la France qu'on désignait autrefois sous le nom de Basse-Normandie. La vallée où elle est située est fertile et boisée. La ville elle-même, d'un aspect assez pittoresque, apparaît à travers d'épais ormeaux, et présente une immense ligne d'édifices, interrompue ça et là par des masses de verdure.

A l'est de la ville, sont les ruines d'un château. C'est là que Guillaume le Conquérant reçut le jour. Le nom de Falaise indique la position de la ville. Les chronologistes pensent que c'est une modification dn mot allemand fois, rocher, Falsia en latin moderne, et Falaise en français ; mot qui signifie rochers escarpés sur le bord de la mer.

Le château de Falaise doit probablement avoir été bâti sous les premiers ducs de Normandie. Il est situé sur un roc élevé, dont les masses fantastiques sont couvertes d'une riche végétation. La maçonnerie en paraît excellente; les pierres en sont taillées avec soin, et les contours des arcades offrent une grande pureté. A l'intérieur, en a bâti quelques parties de mur avec la pierre noire du pays disposée en xig-zag. L'étage supérieur détruit, il y a environ soixante années, était d'un style d'architecture tout-à-fait différent. Autrefois le donjon était divisé en plusieurs appartements.

Le second ou principal étage ne forme plus maintenant qu'une seule chambre carrée, d'environ cinquante pieds de large; elle est éclairée par des fenêtres cintrées et coupées en deux par un court et massif pilier à chapiteaux entièrement d'architecture normande. Sur l'un de ces chapiteaux, on a sculpté un enfant qui conduit un agneau : allusion malicieuse, dit-on, à Guillaume-le-Conquérant, qu'on prétend être né dans l'appartement auquel cette fenêtre appartient.

La tour de Talbot, ainsi appelée parce que ce général l'a bâtie, fut élevée en 1150 et durant les deux années suivantes; elle a plus de cent pieds de hauteur et l'on admire beaucoup sa construction. On dirait qu'elle vient d'être achevée, tant elle a subi peu de dégradation. On parvient au sommet de cette tour par un escalier caché dans l'intérieur des murs, dont l'épaisseur a de treize à seize pieds. Dans ces murs, se trouve aussi un puits qui communique à chaque appartement de la tour.

On aperçoit de suite, en entrant, une chapelle dédiée à saint Prix. Cet édifice a subi de fréquents changements. Henri V le répara en 1418; depuis lors, on l'a laissé tomber en ruines, et on l'a ensuite restauré. Au-dessus se trouvent des constructions modernes.

Les ruines du château de Falaise ont un caractère de grandeur qu'augmente encore l'air de nouveauté de la maçonnerie. Les fossés, plantés d'arbres touffus qui se mêlent aux tours et aux remparts, produisent l'effet le plus pittoresque. Les contours extérieurs du château présentent la forme d'un ovale. Sa longueur est de 270 pieds, sa largeur moyenne de 420 pieds, et la superficie comprise entre les murs, d'environ deux arpents et une perche.

C'est dans ce château que Guillaume passa son enfance. Il n'avait que sept ans, quand Robert, son père, fit un pèlerinage à Jérusalem pour expier ses péché. Les Normands essayèrent de le retenir en lui remontrant qu'il serait malheureux pour eux de rester sans chef. Robert leur répondit qu'il ne voulait pas les laisser sans seigneur, et il leur offrit son fils encore enfant pour le remplacer. Les Normands acceptèrent ce que leur duc leur offrit, parce que, dit la chronique, ils trouvèrent cela convenable; ils jurèrent donc fidélité à cet enfant, et placèrent leurs mains dans les siennes. Mais plusieurs chefs, et principalement les parents des premiers ducs, protestèrent contre ce choix, en disant qu'un enfant illégitime était indigne de commander les descendants des Danois. Les amis de Guillaume les combattirent, et, soutenus par le roi de France, l'emportèrent sur eux.

A mesure que Guillaume avança en âge, il se fit de plus en plus aimer de ses partisans, et l'on cite quelques traits intéressants de sa jeunesse. Le jour où, pour la première fois, il revêtit une armure et monta un cheval de bataille, fut un jour de fête pour la Normandie. Dès sa plus tendre enfance il s'occupa d'exercices militaires, et fit, a peine adolescent, la guerre dans l'Anjou et la Bretagne. Guillaume était passionné pour les beaux chevaux, et surtout pour ceux qui portaient des noms qui rappelaient leur généalogie ; il les faisait venir, disent ses contemporains, de Gascogne, d'Auvergne et d'Espagne. Le jeune fils de Robert et d'Ariette était ambitieux et vindicatif à l'excès. Il appauvrit la famille de son père pour enrichir ses parents maternel, et punit souvent d'une manière sanglante les railleries que sa naissance attirait sur lui.

La vie de Guillaume jusqu'à la bataille de Hastings, livrée le 28 septembre 1066, présente trop d'événements intéressants pour être rapportée ici, et l'on peut en dire autant des vingt-et-une années écoulées depuis lors jusqu'à sa mort, qui arriva à Rouen, le 10 septembre 1087.

Il se convertit à ses derniers moments et envoya de l'argent aux couvents et aux pauvres d'Angleterre pour acheter la rémission de tous les brigandages qu'il avait commis. Sur son lit de mort, lorsqu'il fit le partage de toutes ses richesses, acquises par tant de cruautés, on prétend qu'il dit : «Quant au royaume d'Angleterre, je ne le lègue à personne, car personne ne me l'a légué ; je l'ai acquis par la force et au prix de mon sang. Je le laisse dans les mains de Dieu ; seulement, je désire que mon fils Guillaume, qui m'a toujours obéi en toutes choses, puisse le gouverner heureusement, s'il plaît à Dieu. » Williams Rufus n'attendit pas la mort de son père, et partit pour l'Angleterre, afin de se faire nommer roi.

Le 10 septembre, au lever du soleil, le roi Guillaume fut éveillé par le son des cloches, et demanda ce que cela signifiait. On lui dit qu'on sonnait a l'église Sainte-Marie pour le service du matin. Il leva les mains au ciel en disant : a Sainte-Marie, mère de bien, je me recommande à vous » et il rendit le dernier soupir. La conduite de ses courtisans peint bien ce siècle où la force seule faisait le droit. Les seigneurs qui avaient passé la nuit avec le roi, voyant qu'il était mort, montèrent à chenal en toute hâte, et coururent prendre soin de leurs domaines. Les serviteurs et les vassaux d'un rang inférieur, lorsque leurs supérieurs furent partis, emportèrent les armes, la vaisselle, les vêtements, le linge, tout enfin, et laissèrent là le cadavre étendu sur le plancher, dans un état de nudité complète.

Le corps du roi fut porté à l'église de Saint-Étienne à Caen, et placé dans un sarcophage. Plus tard, Rufus éleva un superbe monument à la mémoire de son père.

Cette tombe fut violée et détruite a deux fois, le cercueil déterré, et les os du conquérant, conservés d'abord pendant quelques temps dans l'abbaye de Saint-Étienne, se trouvèrent ensuite perdus, à l'exception d'un os de la cuisse, pour lequel on fit élever un monument dans le choeur de l'église de Saint-Étienne, en 1642.

On prétendit plus tard que ce monument gênait, et on l'ôta. L'on mit alors sur le devant du maître-autel une pierre plate, avec une inscription latine d'environ vingt-deux lignes, en partie composée par Thomas, archevêque d'York, et gravée sur le monument original, et sur une planche de cuivre dorée qu'on avait trouvée dans le tombeau, la première fois qu'on l'avait ouvert. La dernière partie de l'inscription énonce la translation du tombeau en 1642 , et l'érection de la pierre qui subsiste. Guillaume avait contribué par ses libéralités à la construction de l'église de Saint-Étienne ; mais le mot clementissimi (très-clément), qu'on lit sur la première ligne du monument de 1642, montre une servilité de flatterie qu'on a rarement vu continuer si long-temps après la mort du prince.

Source : Musée des familles: Lectures du soir, Volume 2 en 1835

Voir aussi autour du thème de la ville de falaise et ses traditions, l'article de Normandie Héritage sur le bonnet de coton.

photo pour Château fort, actuellement collège

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 12390
  • item : Château fort, actuellement collège
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Falaise
  • Code INSEE commune : 14258
  • Code postal de la commune : 14700
  • Ordre dans la liste : 15
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 10e siècle
    • 12e siècle
    • 13e siècle
  • Type d'enregistrement : site inscrit
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site archéologique : 14 258 3 AH. Site inscrit 18 09 1943 (arrêté). 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : a7afdbf127d7cdbe143794cd1bebabb4.jpg
  • Acteurs impliqués dans l'oeuvre : Guillaume 1er, dit : Guillaume le Conquérant (habitant célèbre)
  • Détails : Château : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00111309

photo : Normandie Héritage

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