photo : Roi Dagobert
Notre-Dame D'Esquay. Patron, l'abbaye du Mont-Saint-Michel.
Le clocher placé en avant de la nef, à l'ouest, domine l'entrée principale de l'église. Cette, porte présente une archivolte formée de ces claveaux ornés d'étoiles, dont l'emploi a été si fréquent au XIe siècle dans notre contrée. La pierre maintenant brisée qui en forme le linteau est chargée de dessins grossièrement creusés, représentant cinq léopards dans des postures très-diverses.
« Tout porte à croire, dit M. de Caumont (Statistique monumentale du Calvados, tome I, page 116), que les parties romanes de cette église remontent à la première moitié du XIe siècle, et qu'elles existaient en 1047, à l'époque où eut lieu la mémorable bataille du Val-ès-Dunes (Roman de Rou, vers 9200 et 9201). Robert Wace, qui donne sur cette bataille des détails si curieux dans son Boman de Rou, rapporte que Hamon aux Dents, seigneur de Greully, de Maisy et de Thorigny, qui avait été tué à la bataille du Val-ès-Dunes, fut rapporté par les siens jusqu'à Esquay ci enterré en face de l'église : A Esquais fu dileuc porté E devant liglise enterré.»
La partie supérieure de la tour, qui se termine en bâtière, appartient à une époque moins ancienne.
M. Bouet a fait une étude spéciale des plus anciennes églises rurales, et il leur a trouvé certains caractères qui, s'ils ne sont pas assez sûrs pour faire toujours reconnaître les monuments du XIe siècle à l'exclusion de ceux du XIIe, ont pourtant en général une valeur qu'il n'est guère possible de méconnaître : entres autres observations, M. Bouet a trouvé que les arcades dont les archivoltes sont en retrait sur leurs supports sont antérieures au XIIe siècle, et remontent souvent à une époque antérieure au XIe. Ainsi ce caractère se trouve à Germiny-les-Prés; nous le retrouvons dans quelques églises du Calvados présumées du XIe siècle, notamment dans celle de Notre-Dame d'Esquay, qui existait avant 1047. M. Bouet a dessiné, dans les murs de l'église d'Évrecy, des fragments qui, comme ceux trouvés dans les murs de l'église de Vertou, ont appartenu à un monument plus ancien, peut-être de la période carlovingienne
Source : Bulletin monumental par Société française d'archéologie 1871.