photo : michel
Cuverville est surnommé la Grosse-Tour, probablement à cause de sa tour terminée en plate-forme, qui domine les campagnes voisines.
La nef de l'église est romane. Le côté nord offre de petites fenêtres en forme de meurtrières, une porte cintrée bouchée et des modillons à figures grimaçantes.
Une porte cintrée sans moulures s'ouvre à l'ouest; mais la fenêtre qui la surmonte et le mur du gable ont été refaits et sont modernes. Au sud, le mur latéral de la nef a perdu ses modillons et a été refait en grande partie au XVIIe siècle. Les fenêtres sont de la même époque.
Le chœur est d'architecture romane ; mais il a été allongé aux dépens de la nef, et cette partie dont les voûtes ne sont que du XVe ou du XVIe siècle offre des murs qui peuvent être de la même époque: il est facile de distinguer les limites de l'ancien chœur à sa voûte cintrée et à l'arcade qui le séparait de la nef primitive; c'est une ogive de transition ornée de zig-zags.
Vers l'extrémité orientale, on remarque deux corniches superposées et divisées l'une de l'autre par quelques pieds de maçonnerie ; il est à peu près certain que cette disposition date de l'époque à laquelle on a allongé le chœur; alors, on exhaussa le mur supportant la charpente du toit, et l'on ne prit pas la peine de déplacer les modillons de la première corniche, qui sont restés au-dessous de la maçonnerie d'exhaussement. Les modillons de l'entablement supérieur furent probablement pris au mur méridional de la nef qui n'en a plus, et dont la corniche a été remaniée.
Une porte avec archivolte, ornée d'un double zig-zag, s'ouvrait dans le mur méridional du chœur; elle est bouchée depuis longtemps. Le chevet n'a aucune ouverture; il a été refait presque tout entier à une époque peu ancienne.
Au nord, se trouve accolée au chœur et à l'extrémité de la nef une chapelle du XVe siècle ou du XVIe, dans laquelle ont été inhumés divers seigneurs de Cuverville. Une tour latérale du même côté, est terminée en plate-forme. Cette tour construite en pierres de tailles, d'un bel échantillon, est assez difficile à dater ; je la crois cependant du commencement du XIVe siècle ou des dernières années du XIIIe. Elle est ornée, sur chaque face, d'une fenêtre étroite entre deux arcatures en forme de lancettes très-allongées. Vraisemblablement, elle n'était pas destinée à recevoir une plate-forme, mais bien une pyramide octogone; c'est douc une tour inachevée.
L'église de Cuverville renferme un assez grand nombre de pierres tombales.
La plus ancienne est au milieu du chœur; elle porte dans son pourtour une inscription en lettres du XVe siècle, qui est un peu effacée, mais qui pourrait néanmoins être lue si la pierre était décrassée.
Dans le sanctuaire, on voit une pierre sur laquelle est figuré, au trait, un guerrier dont le costume annonce le commencement du XVIIe siècle ou les dernières années du XVIe. Elle ne porte pas d'inscription. A côté est une autre tombe sur laquelle ou lit : " Cy delong gist damoiselle Françoise Benest en son vivant espouse de defut Verard de la Ménardière ...(trois lignes cachées par la balustrade du sanctuaire)... Dieu lui face pardon à l'âme ".
Je suppose que la pierre sans inscription est celle de La Ménardière, mari de cette dame.
On trouve plusieurs La Ménardière enterrés dans la chapelle seigneuriale. Ils prennent le titre de seigneurs et patrons de Cuverville.
Ou voit ensuite paraître avec le même titre une famille Acher. J'ai dit à l'article consacré à Fonteuay-le-Pesnel, dans le 1er volume de ma Statistique, comment la seigneurie de Cuverville passa de la famille de La Ménardière, en 1630, dans celle d'Acher.
Voici l'inscription que porte dans le chœur, près du sanctuaire , une pierre tombale qui se rapporte à une femme de cette famille.
Cy gist dame Lucrèce Acher, en son vivant épouse de messire Jean Claude de Croisilles, chevalier. seigneur et patron de Breteville, premier président au présidial de Caen, dame et patronne de cette paroisse, de Fonteney-Pesnel, Mesnil-Vittè, Descols, Montviette, Saint-Jores, Eurtevent, le Mesnil-Bacley, laquelle mourut le 27 d'août 1709, âgée de 76 ans, priez Dieu pour son âme (à la révolution, cette tombe a été ouverte par des hommes avides, qui espéraient trouver des bijoux dans le coffre en plomb qui renfermait les restes de cette dame).
Une belle pierre dans la chapelle portant, gravés au trait, une couronne de comte, deux écussons et une draperie, a été abimée à coups de marteau pendant la révolution. C'est la tombe d'une dame Hélène, ..... veuve de messire Jehan Acher, chevalier seigneur de Mesnil-Vitté patronne de Cuverville, de Fontenay-le-Pesnel, Eurtevent et le Mesnil-Bacley. La date de sa mort est altérée par les coups de marteau (C'est probablement Hélène de La Ménardière, qui, en 1630, apporta la seigneurie de Cuverville à Jean d'Acher, son mari).
Ou lit dans le chœur l'épitaphe de Guillaume de Saint-Germain, curé de la paroisse, décédé le 28 septembre 1710;
Et celle d'un autre curé, nommé Michel Marie, mort en 1774, âgé de 88 ans 9 mois.
Sous la tour est une chapelle dont l'autel se compose d'une table de pierre reposant sur deux supports quadrangulaires.
Près de la tour on voit dans le mur un encadrement arrondi du XVIIe siècle environ, qui renfermait une inscription; mais, pendant la révolution, elle a été complètement effacée avec un instrument en fer, de sorte qu'il est impossible de la lire.
L'église est sous l'invocation de Notre-Dame. Les religieuses de la Charité de Caen en avaient le patronage; au temps où le Livre Pelut a été écrit, c'était le seigneur du lieu Dominus dictœ villœ qui exerçait ce droit.
Le curé percevait les dimes; il faisait en retour une rente peu considérable à l'abbaye de Troarn. Je ne sais à quelle époque le patronage de Cuverville a été donné au couvent de la Charité. Probablement ce fut au siècle dernier.
Nous avons vu qu'au XVIIe siècle le patronage était exercé par les familles de La Ménardière et d'Acher.
Je trouve qu'en 1411, Jeanne de Bures, veuve de Jean d'Escoville, Perrette d'Escoville. fille dudit Jean et femme de Carrouges, écuyer, et Jean Bernier, écuyer, transigèrent pour les patronages de Cuverville et de Donnay.
Source : Statistique Monumentale de calvados par M. De Caumont 1850.
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