photo : joel.herbez
L'église de Cricqueville est très-certainement une des plus intéressantes de l'arrondissement de Bayeux le choeur est d'une homogénéité, d'une élégance qui ne le cèdent à aucune fabrique du XIIIe siècle, et l'on y trouve une ordonnance analogue à celle que nous avons signalée, il y a longtemps, la chapelle du séminaire de Bayeux et dans le choeur de l'abbaye de Longues.
Vu extérieurement, le chevet présente trois ouvertures en forme de lancette gemmée, ayant au sommet un oculus ; ces trois fenêtres, à deux baies, sont séparées les unes des autres par des contreforts, et la fenêtre centrale est un peu plus élevée que les deux autres une guirlande de feuillages orne aussi l'oculus de cette fenêtre. Rien de plus simple mais, en même temps, de plus gracieux que cette combinaison.
Les mêmes fenêtres se retrouvent dans les murs latéraux du choeur, au nombre de quatre de chaque côte. Le plan ci-joint montre cette disposition et l'ordonnance générale du choeur il ne comprend que deux travées, subdivisées en deux parties et éclairées chacune par quatre fenêtres.
On voit qu'à Cricqueville, comme à Longues et à Bayeux (nef de la cathédrale), une colonnette détachée supporte, à l'intérieur de chaque fenêtre, la rose qui correspond à l'oculus de la fenêtre extérieure laquelle n'a pas de colonnes et n'est divisée en deux parties que par un meneau.
Les contreforts, établis avec soin, ont une saillie qui garantit la solidité des voûtes en pierre. Ces voûtes sont remarquablement conservées des arceaux toriques en garnissent les arêtes et viennent, par des courbes extrêmement gracieuses, reposer sur les colonnettes. Rien n'est plus élégant et ne produit un plus bel effet que l'épanouissement des nervures entre les trois fenêtres du sanctuaire ; la même disposition existe ailleurs, mais je ne la trouve nulle part mieux réussie.
Le choeur de l'église de Cricqueville est, selon moi, un modèle à étudier, un type à reproduire dans les constructions que l'on élève dans le style du XIIIe siècle jamais un architecte ne composera rien d'aussi gracieux pour une population de 600 à 800 habitants. L’orfèvrerie religieuse pourrait aussi s'inspirer du choeur de l'église de Cricqueville pour composer des châsses dans le style du même siècle.
Il est fort a regretter que l'on ait coupé les colonnettes de ce chœur pour garnir les murs de boiseries ; c'est une mutilation que bien d'autres églises ont subie et que nous déplorerons toujours. Une autre grande faute a été commise on a construit une sacristie contre le mur méridionale et, pour cela on a mutilé un contrefort. Il est désolant de voir les fabriques établir partout des sacristies qui produisent un effet hideux dans les édifices auxquels on les accole mais le clergé, comme les gens du siècle, veut du confortable il ne se contente plus de ce qui suffisait à ses devanciers ; et, au lieu d'arrêter les fabriques, trop souvent disposées à bâtir sans goût et sans nécessité, il les excite, sans s'embarrasser des dégâts qu'occasionnent les constructions nouvelles. Je me hâte de dire que la sacristie dont je parle a été établie avant la nomination de M. l'abbé Coron, curé actuel de Cricqueville homme de goût qui comprend toute la valeur de son église, et qui, j'en suis sûr, se serait opposé à toute innovation de nature à altérer l'édifice.
La corniche extérieure du choeur est très-bien conservée du côté du Nord ; elle est fort élégante et ornée de modillons en méplat formant un feston aux contours les plus gracieux. J'ai trouvé ce même ornement dans un petit nombre d'édifices du XIIIe siècle.
La nef était du XIIIe siècle, comme le choeur. Au XIVe siècle, on a élevé, entre ces deux parties, une tour qui se termine par un toit en bâtière, et, au Sud de cette tour, une chapelle dont nous reproduisons une des fenêtres ici.
Le portail occidental de la nef date de la même époque. Les chapiteaux et les moulures le prouvent. La porte était subdivisée en deux baies par un pilier.
Le reste de la nef appartient au XIIIe siècle, et, du côté du Nord, les trois fenêtres primitives se voient encore.
Le mur méridional, du même siècle, a été refait à peu près en entier, quand on a percé des fenêtres modernes ; il en reste seulement quelques parties vers l'extrémité occidentale.
Source : Bulletin monumental publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques et dirigé par M. de Caumont 1858.
photo : joel.herbez
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
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