briqueterie

Dans l'examen que nous avons fait des diverses poteries du département du Calvados, nous avons omis de mentionner la fabrique de Cricqueboeuf. Nous avions cependant visité cette fabrique, il y a environ sept ans, mais, à cette époque, les produits ne consistaient qu'en briques et en formes à sucre. Depuis trois ans, les formes en terre ayant été remplacées, dans le raffinage du sucre, par des formes en zinc, M. Mermet, le directeur de l'usine de Cricqueboeuf, a eu l'heureuse idée de s'occuper de poterie de ménage, et maintenant c'est un des objets principaux de sa fabrication.

Nous aurons donc à considérer, dans l'usine de Cricqueboeuf, trois sortes de produits : la poteries de ménage, les formes à sucre, auxquelles reviennent certains raffineurs après avoir essayé des formes en zinc, et les briques.

Poterie de ménage

Dans la fabrication de la poterie de ménage, M. Mermet emploie deux sortes d'argiles : l'une, connue sous le nom de terre, de Touques, se prend sur la route de Touques à Honfleur ; l'autre, désignée sous le nom de terre de Rouen, est tirée de St-Aubin, près Rouen.

La terre de Touques est une argile rouge, ocreuse, présentant des veines jaunâtres ou grisâtres, très-onctueuse et très-plastique. Elle repose en gisement transgressif sur la craie, dont elle remplit les vides et les fissures supérieures. Dans les arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Evêque, elle recouvre presque tous les plateaux occupés par cette roche, et elle n'est recouverte que par des terrains de transport. Sa puissance varie de 1 à 6m. Cette argile cuit rouge, à cause de la proportion notable de fer hydroxidé qu'elle contient. Elle donne une assez bonne poterie.

La terre de Rouen est une véritable argile plastique supérieure à la craie ; elle est généralement d'un blanc grisâtre et très-onctueuse. Elle se vend 10,11 et 12 fr. le tonneau (Ce prétendu tonneau n'est autre chose que le tombereau du marchand. Son poids est de 850 à 1,000t. Au reste, ce poids varie suivant le temps qu'il fait lorsqu'on charge la terre ; mais le volume est toujours le même), suivant sa qualité. Voici, d'après M. A. Passy, la composition du terrain où l'on extrait cette argile :

« On trouve, d'abord, le terrain superficiel composé de silex pyromaques blonds et gris, brisés ou roulés, plus abondants à la surface, et qui pénètrent dans le gravier et même dans les sables qui lui succèdent inférieurement. Ce sable à gros grains, jaune et blanc dans les parties basses, est mélangé de veines d'argile ; il est parfois à grains fins, plus pur, mais assez micacé : cette première masse a 8 à 10m d'épaisseur. La première argile que l'on rencontre sous le sable est jaune ou grise ; puis elle devient bigarrée, marbrée et rouge. Elle arrive ensuite à l'argile noire, qui contient des portions d'un lignite décomposé qui se consume avec flamme. Ses cendres sont rougeâtres ; une odeur bitumineuse accompagne la combustion. Entre ce lignite supérieurement et la craie inférieurement se trouve l'argile pure, ou terre à foulon, qui est le but principal de l'exploitation. Les foulonniers se servent surtout de cette dernière variété, qui est blanche et onctueuse ; mais les potiers les emploient presque toutes. »

L'argile de Rouen donne une belle poterie blanchâtre, à grain fin, d'une grande solidité.

Un petit navire, que M. Mermet envoie porter de la brique à Rouen, rapporte cette argile, au lieu de revenir sur lest; ce qui évite un fret de 5 à 4 fr. par l,000k, et permet de livrer la poterie à bien meilleur marché.

M. Mermet emploie les argiles immédiatement, sans les faire passer par l'exposition à l'air et par la pourriture.

On fait un mélange convenable d'argile et d'eau, dans des proportions qui varient suivant les pièces qu'on veut fabriquer et, afin d'obtenir cette homogénéité de densité si importante pour arriver à une bonne confection, on coupe la pâte au moyen de palettes en forme de lames de couteau, disposées en spirale autour d'un axe vertical tournant dans un vase de bois cylindrique. Cet axe, en tournant et en faisant tourner les couteaux, comprime, par ce moyen, la pâte de bas en haut, la divise en la coupant, et la fait sortir par des ouvertures latérales pratiquées vers le fond de la tinette. On obtient un délayage parfait et une pâte très-homogène, que l'on fait passer ensuite entre deux cylindres qui se meuvent en sens contraire, et qui sont en tout point analogues à ceux dont on se sert pour broyer les couleurs ; on débarrasse ainsi la pâte des bulles d'air, on broie les petits corps étrangers qu'elle pourrait encore contenir, et on lui fait acquérir un Haut et une homogénéité de composition que l'on chercherait vainement dans la même pâte préparée par les procédés ordinaires. La pâte, arrivée à cet état, peut être employée au façonnage des vases.

Façonnage des vases

On se sert ordinairement du tour à pied; pour les grands vases, on emploie encore la roue et le bâton.—Deux tours à pied sont actuellement, en activité dans la fabrique de Cricqueboeuf. M. Mermet se propose d'en établir quatre d'ici à peu de temps (On pourrait facilement, avec l'importance actuelle de la fabrique, occuper de dix à douze tourneurs). Les ouvriers de M. Mermet, dirigés par un habile contre-maître, savent donner aux vases les formes à la fois les plus commodes et les plus gracieuses ; ils rendent, en quelque sorte, l'argile obéissante à tous leurs caprices. Les vases, une fois fabriqués, sont soumis au séchage; opération importante qui se fait à l'air libre, ou dans de grands hangars appelés halles. Le séchage à l'air libre a lieu toutes les fois que l'état atmosphérique le permet, tantôt à l'ombre, quelquefois au soleil : dans tous les cas, il faut avoir soin d'éviter une dessiccation trop prompte, qui amènerait infailliblement la rupture de plusieurs vases pendant la cuisson. Pendant l'hiver et lorsque le temps est pluvieux, le séchage s'opère dans les halles, où l'on fait quelquefois du feu pour hâter la dessiccation. Le séchage exige, depuis cinq à six jours jusqu'à trois semaines, suivant la grandeur des vases.

Cuisson

Les vases, étant parfaitement desséchés, sont enfournés et soumis à la cuisson. L'encastage se fait en charge, en ayant soin toutefois de séparer les vases au moyen de petites pièces appelées pernettes, pattes de coq, &c., afin qu'il y ait entre les vases le moins possible de points de contact. La forme des fours est celle d'un parallélépipède rectangle, plus long que large, terminé supérieurement par une voûte traversée par des carncaux, qui font communiquer la partie inférieure du four avec une partie supérieure, terminée elle-même par une voûte, et qui porte le nom d'enfer, à cause de la haute température qui s'y produit. Les pièces que l'on veut biscuiter sont placées dans l'enfer. Deux fours sont actuellement employés, à Cricqueboeuf, à la cuisson de la poterie de ménage : l'un de ces fours est plus grand que l'autre, et il exige trente-six heures de feu; l'autre, vingt-six heures. Un troisième four, beaucoup plus petit que les deux premiers, est mis en activité lorsqu'on veut faire des essais, ou lors-qu'étant pressé on a besoin d'obtenir en peu de temps une petite quantité de pièces, car il suffit de cinq à six heures de cuisson. Ce dernier four peut contenir pour 250 fr. de marchandises ; on en met pour 8 à 900 fr. dans le plus grand des deux autres, et pour environ 500 fr. dans le plus petit.

Un quatrième four à poterie est employé pour la cuisson d'une poterie de grès dans le genre de celle de Metz. Ce four a la forme d'un demi-cylindre couché, se rapprochant de la forme ogivale. L'extrémité opposée au foyer est arrondie en forme décalotte sphérique, de manière à fournir la plus grande quantité de chaleur réfléchie. La porte d'entrée du four a la forme d'un ogive très-allongé, que l'on mure peu à peu pendant la cuisson. Il faut pour ce four soixante-douze heures de feu.

M. Mermet fait venir d'Allemagne la terre qu'il emploie pour sa poterie de grès ; elle lui coûte de transport trois fois le prix d'achat, et cependant il y trouve encore du bénéfice.

Le combustible employé est le bois : de la grosse bûche au commencement, des fagots ou du bois cassé à la fin (Pour une fournée, le prix du combustible est ordinairement de 1/10e du pris de la fournée, ainsi, pour une fournée de 500 fr., on dépense pour 50 fr, de bois environ). Le vent contrarie quelquefois la cuisson, mais il n'y a jamais qu'une perte de fort peu d'importance. La bonne construction des fours empêche non-seulement qu'il y ait parfois, comme à Noron, des fournées tout entières perdues, mais encore produit une égalité de cuisson dans la plupart des pièces. Pour juger de la conduite du feu, on n'emploie pas de pyromètres ; on chauffe d'abord avec ménagement, puis on augmente le feu graduellement. La hauteur de la flamme qui sort des carneaux, la couleur de cette flamme qui est plus ou moins chargée de fumée, sont les premiers moyens dont on se sert pour s'assurer si le tirage est bon et égal. Lorsque les différentes pièces qui sont dans le four commencent à rougir, un ouvrier examine, par des visières ménagées dans diverses parties du four, quel est le ton de cette couleur, si elles est rouge-sombre, rouge-cerise, rouge-blanchâtre ou incandescente ; il juge par ces nuances de la force du feu et de l'égalité de température, et il est rare qu'il se trompe.

Vernissage et dessins

Quelquefois, avant toute cuisson, on recouvre les pièces de poterie d'un enduit qui doit se vitrifier par l'action d'une cuisson appropriée; d'autres fois on commence par donner aux pièces une demi-cuisson avant de les couvrir d'aucun enduit. A Cricqueboeuf, ou fait cuire deux fois les pièces destinées à rester long-temps sur le feu, telles que casseroles, pots-au-feu, &c. Sans cette précaution, il est bien peu de terres, quelque bien cuites et bien vernies qu'elles soient, qui ne finissent à la longue par donner un mauvais goût aux aliments. Quant aux autres pièces, on applique le vernis avant toute cuisson, et elles sont aussi belles, aussi bonnes pour les usages auxquels elles sont destinées, que les pièces qui ont cuit deux fois. Non seulement les enduits qui recouvrent les poteries de Cricqueboeuf jouissent de la propriété indispensable à tout vernis, celle de rendre la pâte imperméable aux corps liquides et aux corps gras, mais encore, par leur brillant, leur variété, leur solidité, le bon goût qui a présidé à l'assemblage des diverses teintes que l'on remarque souvent sur la même pièce, ils rehaussent l'éclat des vases et leur donnent des couleurs souvent agréables à l'oeil, qui les font rechercher de beaucoup d'acheteurs.

Les enduits employés à la fabrique de Cricqueboeuf sont de diverses sortes : les plus généralement employés sont l'oxide de plomb à l'état de litharge ou de minium, l'oxide de manganèse et l'oxide de cuivre mêlés avec le premier, le sulfure de plomb, appelé alquifoux par les potiers, &c. Quelquefois on y ajoute des enduits terreux (Il existe à Cricqueboeuf deux meules à couleur, un cheval sert à mettre en mouvement les meules à couleur et l'appareil de délayage.). Le posage de ces enduits se fait par arrosement ou par aspersion; procédé extrêmement dangereux pour la santé des ouvriers, qui respirent une poussière minérale vénéneuse, dont les trop funestes effets ne tardent pas à se faire sentir. Il serait à désirer que l'on pût trouver un procédé de vernissage qui mît complètement les ouvriers à l'abri des influences meurtrières du plomb et de ses composés.

On peut fabriquer à Cricqueboeuf toute espèce de poteries sur commande. Les principaux objets que nous avons remarqués sont les suivants: Plats de toutes formes et de toutes espèces, assiettes, bouteilles, alcarazas, cafetières ordinaires et économiques, moques, soupières, pots à lessive, pots-au-feu, tirelires,plats à barbe, gîtes, daubières,pots à fleurs, poêles, fourneaux à repasser, fourneaux ordinaires; des fourneaux particuliers, que l'on pourrait appeler fourneaux économiques, dans lesquels s'adapte un pot-au-feu. La paroi intérieure de ce fourneau présente une bande disposée en spirale, qui est destinée à répandre la chaleur sur toute la surface du vase : avec quelques centimes de charbon, on peut faire cuire son pot-au-feu.—Tuyaux supérieurs de cheminée, tuyaux de conduite pour les eaux. Nous avons admiré de très-beaux tuyaux de cheminée, ayant la forme de cylindres ou prismes carrés à angles arrondis. Pour les obtenir d'une régularité parfaite et s'emboîtant parfaitement les uns dans les autres, M. Mermet se sert de mandrins en fer. Ces tuyaux de cheminée, qui se vendent 4 fr. le mètre, ont été employés dans beaucoup d'endroits. On s'en est servi dernièrement au Havre, lors de la construction de la caserne des douanes (Nous avons encore remarqué des pièces cylindriques creuses). Les pièces de poterie se vendent 3 fr. le compte. Voici ce que signifie cette dénomination : chaque vase porte un chiffre qui indique le nombre de ces pièces nécessaire pour faire un compte. Ainsi, par exemple, une soupière étant numérotée 12, cela veut dire qu'il en entre 12 au compte; 15, qu'il en entre 15, &c. Tout ce qui est cafetière se vend 2 fr. 25 c. à 2 fr. 50 c. au compte. Les ouvriers qui travaillent à la poterie sont ordinairement payés aux pièces. Quand ils travaillent à la journée, on leur donne 3 fr.; à leurs pièces ils gagnent souvent 3 fr. 50 c, et quelquefois, dans des moments de presse, ils ont gagné jusqu'à 250 à 300 fr. par mois.

Le chauffeur est payé de 2 fr. 50 c. à 3 fr. par jour.

L'importance de la fabrication de la poterie à Cricqueboeuf peut être évaluée de 36 à 40,000 fr., et cette importance ne peut tarder à s'accroître.

L'élégance de forme, la beauté, la solidité et l'innocuité des vernis, le choix des couleurs et des dessins, la propriété d'aller parfaitement au feu, que possèdent particulièrement les vases fabriqués avec la terre de Rouen, sont autant de qualités qui feront rechercher la poterie de Cricqueboeuf, surtout parce que M. Mermet a pu faire ces améliorations sans augmenter le prix ordinaire, parce qu'il a su se pénétrer de cet axiome applicable à toute industrie, que le commerce fait peu de cas d'un mérite qu'il faut payer trop cher.

Formes a sucre

Il y a environ treize ans, la manufacture de Cricqueboeuf livrait Chaque année, pour 80 à 100,000 fr. de formes à sucre. Dans ces dernières années, elle en vendait encore pour 60,000 fr. par an ; mais, depuis la substitution des formes en zinc aux formes en terre, ce genre de fabrication est complètement tombé. Depuis peu de temps cependant, il a paru reprendre faveur, et il y a lieu d'espérer que l'on y reviendra tout-à-fait, si, comme nous avons lieu de le croire, on reconnaît que l'emploi des formes en zinc n'est pas sans présenter quelque danger.

L'argile employée pour la fabrication des formes se prend sur la grève ; elle appartient à l'oxford-clay. Sa couleur est le gris-bleuâtre ; elle se polit très-facilement sous l'ongle, happe fortement à la langue, et présente une grande onctuosité.

On fait subir à cette argile la même préparation qu'à celle qui est employée pour la poterie. Le façonnage ne présente rien de particulier. Les fours à formes, au nombre de quatre, sont plus hauts et plus larges que les fours à poterie ; ils présentent deux foyers au lieu d'un, et sont surmontés d'un second four ou enfer (On chauffe, depuis six à quatorze jours, suivant la capacité du four, la grandeur des formes et la manière dont marche le feu). Les formes sont posées sur des pièces particulières en terre cuite, appelées béquilles : ce mode d'encastage permet de ne perdre aucune place dans le four. Dans le plus grand des quatre fours à formes, on peut cuire pour 4,000 fr. de marchandises ; dans le second, pour 3,200 : les deux autres sont plus petits. On pourrait y cuire pour 2 à 3,000 fr. de marchandises à chaque fournée, s'ils étaient en bon état.

Le prix des formes se règle d'après la capacité ou le poids, ordinairement à raison de 0 fr. 08 c. le litre. Ainsi une forme de 40 pèse 20k et se vend 2 fr.

M. Mermet a essayé dernièrement de vernir à l'intérieur les formes en terre, et les raffineurs qui les ont employées ont paru très-contents du résultat. Le clairçage, que l'on emploie à la place du terrage, avec les formes en zinc, ne pouvait pas réussir avec les formes en terre non vernies, à cause de leur porosité qui les faisait, au contraire, rechercher pour le terrage. En employant des formes vernies intérieurement, il paraît que le clairçage réussit aussi bien qu'avec les formes en zinc, qui sont loin de présenter la même innocuité. Espérons que la substitution des formes en terre vernissée aux formes en zinc sera un moyen de concilier les intérêts du raffineur avec la santé des consommateurs.

Des formes, surtout parmi celles qui sont d'une grande capacité, se trouvant souvent brisées pendant la cuisson, on pulvérise leurs débris au moyen d'un appareil particulier; on obtient ainsi un ciment qui vaut le ciment romain, et qui se vend très-bien à raison de 3 fr. l'hectolitre.

Briqueterie

La briqueterie de Cricqueboeuf est une des plus importantes du département, et celle où, sans contredit, on trouve les briques les plus régulières.

Le travail du briquetier exige quatre opérations principales: l la préparation de la terre ; 2 le moulage ; 3 le séchage ; 4 la cuisson.

La terre est préparée par le procédé ordinaire ; on la prend sur la grève ou dans une pièce que possède M. Mermet, entre Cricqueboeuf et Villerville. L'argile de la grève donne une brique blanche, qui, employée dans des constructions au bord de la mer, se couvre promptement d'efflorescences salines, que l'on a prises pour du salpêtre, mais qui doivent être plutôt attribuées aux sels qui sont en dissolution dans l'eau de mer. L'autre argile, qui contient une quantité notable d'oxide de fer, donne une brique rouge d'excellente qualité.

Les briques sont moulées par un procédé mécanique. La machine employée fut vendue par un M. Pelney, ingénieur, à M. Berthe, l'associé de M. Mermet, qui l'avait vue à l'exposition de Paris. Le programme portait qu'on pouvait appliquer à cette machine n'importe quelle espèce de moteur. Une fois la machine arrivée à Cricqueboeuf, M. Berthe, qui avait eu confiance dans le prospectus et dans les affirmations de M. Pelney, qui n'était pas l'inventeur de la machine, chargea un ingénieur d'adapter une machine à vapeur à sa machine à briques. Après beaucoup d'essais, toujours infructueux, l'ingénieur y renonça,et, quelque temps après, M. Berthe reçut de l'inventeur, auquel il avait écrit pour lui demander des renseignements, une lettre dans laquelle il lui avouait n'avoir pas été plus heureux que l'ingénieur auquel M. Berthe s'était adressé. La machine à briques fut alors abandonnée ; mais M. Mermet, après l'avoir étudiée dans toutes ses parties et s'être rendu compte du rôle et du jeu de chaque pièce, l'a entièrement refondue, et elle fonctionne maintenant très-régulièrement, au moyen de la vapeur. Avec celte machine,les briques sont à la fois moulées et comprimées. On les transporte ensuite au séchoir, qui consiste en une grande aire, fortement battue, bien unie et recouverte de sable, afin que les briques ne s'y attachent pas. On les pose d'abord à plat, et on les laisse dans cette position jusqu'à ce qu'elles aient pris assez de solidité pour être relevées ; alors on les met sur le champ, en les appuyant les unes contre les autres. La dessiccation s'achève à l'ombre, dans une halle. Lorsqu'elle a été suffisante, on transporte les briques au four pour leur faire subir la cuisson.

Il existe à Cricqueboeuf deux fours à briques, pouvant contenir chacun 200,000 briques de dimension ordinaire, c'est-à-dire ayant 8 pouces de longueur, 4 de largeur et 2 d'épaisseur. Il y a quatre bouches à feu pour chaque four. On s'est servi jusqu'à présent de la tourbe comme combustible ; mais M. Mermet se propose d'y substituer le bois, à cause de l'inconvénient que présente le chauffage à la tourbe pour les propriétés voisines. L'emploi du bois devra d'ailleurs donner plus d'égalité dans la cuisson, et, par suite, des briques de meilleure qualité.

Les ouvriers employés à la fabrication des briques sont payés à la journée, à raison de 3 fr. par jour.

La brique rouge se vend 28 à 50 fr. le mille; la brique blanche, 25fr.

Il serait possible de fabriquer par an 2,500,000 briques, ce qui donnerait un produit brut de 70 à 75,000 fr.

Outre la brique ordinaire, on fabrique aussi des briques de 12 pouces de longueur, 6 de largeur et 3 d'épaisseur, et des briques arrondies pour couronnement de murs.

La brique de l'usine de Cricqueboeuf est en partie employée dans l'arrondissement de Pont-1'Évêque pour les constructions, en partie exportée au Havre ou à Rouen. Il en coûte 6 fr. du mille pour le transport dans ces deux villes ; plus 2 fr. d'embarquement et 1 fr. 50 de débarquement, ce qui la fait revenir de 55 à 40 fr. le mille, rendue au Havre ou à Rouen.

En résumé, l'importance de la fabrique de Cricqueboeuf, supposée en pleine activité, peut être évaluée par les chiffres

suivants :

Poteries de diverses sortes 40,000 fr
Formes à sucre 60,000 fr
Briques 75,000 fr
Total 175,000 fr


En y ajoutant la fabrication des tuyaux de cheminée, on peut porter cette somme à 200,000 fr.

  • Titre : Annuaire des cinq départements de la Normandie
  • Auteur : M. Morière
  • Date d'édition : 1834

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 12232
  • item : briqueterie
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Cricqueboeuf
  • Lieu dit : Lieu Brissé (près du)
  • Code INSEE commune : 14202
  • Code postal de la commune : 14113
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : briqueterie
  • Etat : Cette construction a 2 états différents répertoriés :
    • vestiges
    • désaffecté

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 2e quart 19e siècle
  • Enquête : 1987
  • Date de versement : 2001/10/04

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 3 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • brique
    • pierre
    • silex
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes : 2 parties constituantes distinctes relevées :
    • four industriel
    • four
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété privée
  • Auteur de l'enquête MH : Lecherbonnier Yannick
  • Référence Mérimée : IA14000786

photo : webmaster