Eglise

Creully, à cause de son château fort, de la haute situation et de l'opulence des seigneurs qui le possédaient et qui devaient attirer autour d'eux un personnel nombreux, dut être de bonne heure le centre d'une agglomération considérable.

Aussi, à défaut de documents précis, l'importance seule de l'église suffirait à nous en convaincre.

La nef, qui est la plus ancienne partie de ce monument, est d'architecture romane normande, et fut construite vers la fin du XIe ou au commencement du XIIe siècle.

Elle se compose de cinq travées, et est accompagnée de bas-côtés. La voûte, qui est contemporaine de la nef, offre une particularité rare à cette époque, les arceaux s'entrecroisent et viennent s'appuyer sur des colonnes cylindriques engagées ornées de chapiteaux gaudronnés. Les piliers soutenant les arcades qui séparent la nef des bas-côtés sont de même style, et celles-ci sont décorées de zigzags.

La toiture des collatéraux n'arrive qu'à la hauteur des arcades, au-dessus desquelles s'ouvrent des fenêtres cintrées.

L'entrée du choeur est roman comme la nef, mais le reste est gothique, et le chevet droit est percé d'une fenêtre ogivale trilobée. Du coté de l'évangile une chapelle, que M. de Caumont croit être de la fin du XVe ou du commencement du XVIe siècle, a été accolée au choeur faisant suite au collatéral. A côté une autre chapelle, sans aucun caractère, a été ajoutée par M. de Montlivault, qui habitait alors le château de Creullet (hameau dépendant de Creully), et est connue sous le nom de chapelle du Château.

A l'extérieur l'église présente, dans le bas-côté du nord, une porte dont l'arcade surbaissée ornée de zigzags est fort curieuse. Aujourd'hui, du côté du midi, on en peut remarquer une semblable qui a été restaurée nouvellement et qui jadis était dissimulée par un petit portail a arc cintré, décoré de feuillages, construit vers le XVIe siècle.

La partie supérieure de la nef et du commencement du choeur est ornée d'une galerie pleine dont les arcades sont supportées par des colonnettes, et percée de quatre fenêtres. Les bas-côtés sont soutenus par des contreforts, et les corniches de ces deux parties de l'édifice sont supportées par des modillons ou corbeaux à figures grotesques.

La tour, dé massif de maçonnerie, est surmontée d'une pyramide à huit pans, ajourée, et quatre angles en sont décorés de motifs ovoïdes. Elle a été construite au XVIIIe siècle et est en rapport avec le reste du monument.

Depuis une trentaine d'années, l'église de Creully a subi de nombreuses transformations, et, on peut le dire, à son avantage.

Laissée à la discrétion de gens souvent peu éclairés et n'ayant aucunes notions d'architecture elle avait été l'objet de graves détériorations : fenêtres bouchées, colonnes coupées pour obtenir plu de places dans les bancs, etc., etc.; elle avait perdu tout caractère architectural.

La fenêtre ogivale du chevet avait été murée, et les meneaux enlevés, afin de permettre l'installation d'un immense autel en bois avec retable garni de modillons et surmonté d'une gloire dorée De chaque côté de l'entrée du choeur, on avait entaillé les colonnes des arcades pour placer des statues de plâtre coloriées.

La fabrique et la commune, sur l'initiative de M. l'abbé Cottun, alors vicaire de Creully, aujourd'hui curé-doyen de Pont-l'Evêque, se décidèrent à entreprendre une restauration que la solidité même de l'édifice exigeait.

Cette restauration, dont la première phase eut lieu en 1865, sous la direction de M. Cottun, dura près de deux ans, et porta surtout sur la consolidation des voûtes, la réfection des fûts et des bases des colonnes enlevées. On put obtenir, au moyen de dons particuliers, un autel en rapport avec le choeur, et par suite supprimer l'immense construction en bois qui en tenait lieu. Il fallut alors rouvrir la fenêtre du chevet, et pour cela retrouver l'amorce des meneaux supprimés.

Ce travail, mené assez vite, nécessita un nouveau pavage du choeur et des chapelles. Dans l'une de celles-ci, la chapelle Saint-Clair, on découvrit une sépulture immédiatement, recouverte. Aucune pierre tombale n'existant, aucuns vestiges de tissus, armes ou signes quelconques ne se rencontrant, il fut impossible de déterminer le personnage qui avait été inhumé à cette place. En revanche, les réparations entreprises amenèrent la réouverture d'un caveau sépulcral existant sous le sanctuaire. Ce caveau, qui avait dû contenir les dépouilles mortelles des de Sillans, ainsi que l'attestent leurs armoiries sculptées sur la clef de voûte et à la base des arceaux de celle-ci, avait été saccagé au moment de la Révolution. Les pierres des tombeaux détruits avaient servi à masquer l'escalier qui aboutit à l'extrémité du sanctuaire.

Lors de la réouverture, quelques ossements furent trouvés, mais il n'est pas certain que ce fussent les restes des de Sillans, car lors du nivellement de la place de l'Eglise, jadis occupée par un cimetière, d'après les souvenirs des contemporains, on avait jeté dans le caveau, par les soupiraux, les ossements trouvés.

Tous ont été depuis transportés dans le cimetière de la commune.

Aujourd'hui, ce sépulcre ne renferme que les fragments de tombeaux empilés et une tête en marbre provenant probablement d'une des statues ou bustes ornant un des mausolées, et qui, il y a un certain nombre d'années, fut trouvée enfouie dans un jardin.

Au-dessus de ce caveau on pouvait encore, au commencement de ce siècle, voir dans le choeur deux tombeaux élevés l'un à la mémoire d'Antoine II, et l'autre, du côté de l'épître, aux mânes d'Antoine III de Sillans. Le premier de ces tombeaux a été détruit, lors de la construction de la chapelle du château par M. de Montlivault. L'autre subsiste encore, mais il ne possède ni le buste ni la statue de celui pour qui il a été érigé.

Ce monument, en pierre sculptée délicatement, est rehaussé d'ornements en marbre noir. Au-dessus d'un fronton cintré, deux anges en pleurs soutiennent les armes des de Sillans placées sur un cartouche entouré de lauriers. De chaque côté, deux vases drapés et d'où sortent des flammes en terminent la décoration supérieure.

Les diverses restaurations faites à l'église ont amené des substitutions dans les épitaphes des monuments. C'est ainsi que, lors de la destruction du tombeau d'Antoine II, l'épitaphe base fut enlevée et incrustée dans le pavage du sanctuaire. Elle se composait de dix-huit en deux colonnes, et commençait ainsi : Cy-gyst un très illustre et excellent seigneur, Antoine de Sillans, digne de grand honneur.

L'autre, celle d'Antoine III, débutant par : Marbre, raconte à la postérité ..., avait sans doute disparu. En refaisant le pavage du choeur, on enleva la plaque de marbre q ui y était incrustée, et on la plaça à la base du tombeau d'Antoine III qui n'en avait plus. C'est ainsi que l'épitaphe d'Antoine II est aujourd'hui appliquée au mausaolée d'Antoine III de Sillans.

Après les premières restaurations, qui avaient surtout concerné le choeur et l'intérieur de l'église, il y eut un temps d'arrêt. Plus tard, on dut s'occuper de l'extérieur. Plusieurs travaux furent entrepris sous diverses directions et sans beaucoup de suite ; plusieurs erreurs furent commises. Aussi M. Ruprich-Robert, alors inspecteur des Monuments historiques, voulant soustraire la restauration de ce curieux édifice aux inconvénients résultant des changements directeurs qui pouvaient être tantôt éclairés, tantôt inhabiles, fit classer l'église de Creully. Depuis cette époque, tous les travaux effectués l'ont été sous la surveillance du Comité des Monuments historiques.

Avant la Révolution, l'église n'avait qu'un patron, saint Martin ; aujourd'hui, elle en possède deux autres, saint Clair qui est celui de la commune qui chaque année célèbre sa fête, et sainte Marguerite représentant Creullet dont la chapelle, aujourd'hui supprimée, était sous son invocation. Le vitrail du chevet de l'église, oeuvre de M. Victor Gesta, peintre-verrier à Toulouse, présente l'effigie de ces trois saints.

Source : Abel Decauville Lachènée.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 12226
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Creully
  • Code INSEE commune : 14200
  • Code postal de la commune : 14480
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1879/03/01 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise : classement par arrêté du 1er mars 1879
  • Référence Mérimée : PA00111262

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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