photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Creully est situé à 18 kilomètres de Caen, sur une colline, prés du cours de la Seule. C'est un chef-lieu de canton. On y compte moins de mille habitants. Son église n'est pas un édifice qu'on doive regarder avec indifférence : la nef, les bas-côtés, le chœur, sont ce style roman. Mais le véritable titre de Creully a l'attention est son château fort, l'un des mieux conservés du Calvados. Il est composé de constructions d'époques diverses : on prétend que quelques-unes, par exemple les salles voûtées à plein cintre, doivent remonter jusqu'au douzième soècle te être attribuées au premier baron de Creully, Haimon ou Hamon le Hardi ou le Dentu. Ce seigneur possédait, outre le domaine de Creully, ceux d'Evreux, de Moisy et de Torigny : il fut tué, en 1047, à la bataille de Val-des-Dunes, entre Caen et Lisieux ; son corps relevé par ses hommes d'armes, est enterré en face de l'église d'Esquay, près Evreux.
Le second baron de Creully, Robert Fitz-Hamon, contribua sans doute beaucoup a l'accroissement de la forteresse. C'était un vrai chevalier féodal, guerroyant sans paix ni trêve. Il avait pris le parti du Roi Henri Ier contre son frère Robert, duc de Normandie. Au siège de Falaise, une flèche l'atteignit à la tête, et il en perdit la raison. Il mourut en Angleterre, en mars 1107, et fut enterré au monastère de Tewkesbury.
Le troisième baron fut Robert de Caen, comte de Glocester. On croit que Mathilde, sœur de Robert, épouse de Geoffroy Plantagenet, vécut quelque temps cachée dans le château de Creully.
L'histoire du château n'offre plus, après ces grands personnages, que peu d'épisodes intéressants. En 1301, il avait pour maître Guillaume, sire de Vierville en Cotentin, par suite de son alliance avec Marie de Creully, en ce temps la plus riche héritière de la basse Normandie. Le quatorzième baron fut dépouillé de sa baronnie, en 1417, par Henri V, qui la donna a Hortaux de Vauclos, l'un de ses chevaliers ; mais les Vierville reprirent le château après l'expulsion des Anglais, a la suite de la victoire de Foussigny, le 5 avril 1450. C'était une mauvaise race, détestée des paysans ; elle s'éteignit vers la fin du quinzième siècle.
Château de Creully, dessin à la mine de plomb, lavis à l'encre de Chine et rehauts de blanc sur papier chamois 1842.
La troisième lignée des barons de Creully eut pour chef Jean de Sillans, en 1519. Le vingt-deuxième baron, Antoine de Sillans, prit le titre de marquis de Creully : il mourut écrasé sous les dettes ; le domaine fut vendu, au profit des créanciers, par arrêt du Parlement de Dijon, et acheté par Colbert. Le fils et héritier du grand ministre, le marquis de Seignelay, fit ériger la baronnie en comté : le petit-fils de Colbert porta toujours le titre de comte de Creully.
En 1690 , le château de Creully entra, par suite d'alliances, dans le domaine des Montmorency. Il fut vendu, pendant la révolution, au profit de l’État, et acquis par un député du Calvados à la Convention, nommé Dupont. Divers propriétaires se sont succédé depuis, et l'on doit dire a leur honneur qu'ils ont considéré comme un devoir de défendre la vieille forteresse contre le plus formidable des ennemis qui l'assiégérent jamais, le temps !
Source : Le Magasin pittoresque
L'ensemble castral, constitué de deux grandes salles de réception et à usage privé, remonte aux années 1160-1170. Présence d'arcades romanes ornées, témoignage de l'art civil du XIIe siècle. Modifications du XVe au début XIXe siècle. Le château s'inscrit dans un site défensif avec fossés remontant en partie au XIVe siècle, murs d'enceinte et ponts dormants (source : Ministère de la culture).